
En visite à Paris, jeudi 17 avril, le secrétaire d’État Marco Rubio tente de relancer les négociations en vue d’un cessez-le-feu en Ukraine. Mais, face aux ambitions américaines de parvenir rapidement à un accord, les Européens redoutent un compromis précipité qui sacrifierait l’intégrité territoriale ukrainienne.
Des positions divergentes
Trois ans après le début du conflit russo-ukrainien, la guerre s’est enlisée, sans percée militaire ni émergence d’un vainqueur. Quant aux négociations, elles sont au point mort. Les exigences des deux belligérants bloquent toute avancée significative des pourparlers. Moscou réclame l’arrêt de tout soutien occidental à l’Ukraine et la reconnaissance de ses gains territoriaux, alors que Kiev refuse de céder la moindre partie de son territoire.
La visite à Paris du chef de la diplomatie américaine a un objectif précis: accélérer les discussions en vue d’un cessez-le-feu. Sous l’impulsion du président américain, les États-Unis multiplient les efforts pour parvenir à un accord rapide de paix en Ukraine. Washington espère ainsi clore rapidement le dossier ukrainien, alors que la lassitude vis-à-vis de ce conflit gagne une partie de l’opinion publique américaine. Pour la Maison-Blanche, un gel des hostilités permettrait de redéployer ses priorités vers les enjeux nationaux.
Or cette approche suscite de fortes réticences du côté européen.
Paris, Berlin et Bruxelles semblent s’accorder sur le fait qu’un cessez-le-feu prématuré ne jouerait qu’en faveur de la Russie. Une paix durable ne saurait être envisagée sans le retrait des troupes russes du territoire ukrainien.
La crainte de répéter les erreurs des accords de Minsk de 2014, qui avaient gelé le conflit alors en cours dans la région du Donbass sans en régler les causes profondes, reste bien présente dans les esprits européens. Pour le président français, Emmanuel Macron, et le chancelier allemand, Olaf Scholz, toute solution politique doit obligatoirement inclure l’Ukraine à la table des négociations, hypothèse que semblent écarter Washington et Moscou.
Un porte-parole de l’Union européenne affirmait d’ailleurs en mars dernier que «la fin de l’agression russe non provoquée et injustifiée en Ukraine et le retrait inconditionnel de toutes les forces militaires russes de l’ensemble du territoire ukrainien seraient les principales conditions préalables à la modification ou à la levée des sanctions».
La diplomatie mise à l’épreuve
Les discussions diplomatiques de Paris constituent un moment clé pour le conflit en Ukraine. Soit elles permettent de réconcilier les approches américaines et européennes autour d’un plan de paix crédible et fiable, soit elles accentuent les tensions dans le camp occidental.
Quant au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, il continue d’affirmer publiquement qu’il n’acceptera aucun accord sacrifiant l’intégrité territoriale ukrainienne. Mais, compte tenu de la pression américaine, de la durée du conflit et de l’usure économique et diplomatique, la marge de manœuvre ukrainienne pourrait être considérablement réduite.
Bien au-delà du sort ukrainien, c’est l’équilibre stratégique entre Washington, Paris et Moscou qui se joue actuellement dans la capitale française.
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