
La Cour suprême russe a annoncé valider jeudi le retrait des talibans de la liste des organisations terroristes en Russie, une mesure symbolique visant à renforcer les relations entre Moscou et Kaboul, isolé sur la scène internationale.
« La décision entre en vigueur immédiatement », a déclaré le juge en charge du dossier, Oleg Nefedov, ont rapporté les agences de presse russes à l'issue d'une audience à huis clos.
Cette décision n'équivaut toutefois pas, à ce stade, à une reconnaissance formelle du gouvernement taliban par Moscou, de retour au pouvoir depuis 2021.
En mars, le Parquet russe avait demandé à retirer les talibans de la liste des organisations désignées « terroristes » en Russie et par conséquent interdites, sur laquelle ils se trouvaient depuis 2003, dans le contexte post-11 septembre 2001.
Les talibans s'étaient emparés le 15 août 2021 de Kaboul, la capitale afghane, après l'effondrement du gouvernement soutenu par les États-Unis, suivi quelques jours plus tard du retrait complet des troupes américaines.
Depuis, Moscou a entrepris de normaliser ses liens avec le nouveau gouvernement afghan, qu'il perçoit comme un potentiel partenaire économique et dans la lutte contre le terrorisme.
Celui-ci n'a cependant officiellement été reconnu par aucun pays à ce stade, du fait notamment de la situation désastreuse des droits des femmes en Afghanistan.
Toutefois, outre la Russie, le Pakistan, la Chine, l'Iran ou la plupart des pays d'Asie centrale entretiennent des relations diplomatiques de fait avec les autorités afghanes.
Moscou a reçu à plusieurs reprises des émissaires talibans sur son sol, avant même leur retour au pouvoir.
« Alliés contre le terrorisme »
Le rapprochement entre le Kremlin et Kaboul a semblé s'accélérer à la suite d'un attentat, en mars 2024, près de Moscou : 145 personnes avaient été tuées dans une salle de concert par quatre tireurs du groupe État islamique au Khorassan (EI-K), la branche régionale de l'organisation jihadiste présente en Afghanistan.
En juillet 2024, le président russe Vladimir Poutine avait dit considérer les talibans comme des « alliés dans la lutte contre le terrorisme ».
Puis il avait signé fin 2024 une loi permettant aux autorités russes de retirer le nom d'un groupe inscrit sur la liste des organisations terroristes, donc interdites, dans le pays.
Selon ce texte, l'interdiction d'une organisation peut désormais être « temporairement suspendue » par la justice en cas « de preuves réelles » que ledit groupe a cessé de promouvoir « le terrorisme ».
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait, lui, en octobre dernier, appelé l'Occident à lever les sanctions visant l'Afghanistan et à prendre la « responsabilité » de la reconstruction de ce pays ravagé par des décennies de guerre.
Le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Sergueï Choïgou, s'était rendu fin décembre à Kaboul, lors d'une rare visite d'un haut responsable étranger, pendant laquelle il avait déclaré vouloir renforcer la « coopération » avec l'Afghanistan.
De nombreux dirigeants talibans avaient combattu Moscou dans les années 1980, lors de la guerre menée pendant dix ans dans le pays par l'URSS.
Avec AFP
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