Droits de douane: les États-Unis ciblent les semi-conducteurs et les produits pharmaceutiques
©STR/AFP

Washington souffle le chaud et le froid sur l'économie mondiale: l'administration Trump a lancé lundi une première étape vers la mise en place de droits de douane sur la pharmacie et les semi-conducteurs, après avoir suspendu les surtaxes appliquées à l'électronique.

Le ministère du Commerce a ouvert une enquête visant à déterminer si la prépondérance des importations dans ces deux secteurs présente un risque, ou non, pour la sécurité nationale.

C'est à l'issue de ce type d'enquête que Donald Trump avait pu imposer des droits de douane sectoriels de 25% sur l'acier et l'aluminium ainsi que l'automobile.

Le président américain n'a jamais caché sa volonté de pouvoir imposer rapidement une surtaxe sur les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs.

Malgré l'exemption qui s'applique pour l'instant à ce secteur, le gouvernement sud-coréen a ainsi annoncé mardi qu'il comptait injecter 4,9 milliards de dollars supplémentaires dans l'industrie des semi-conducteurs, dont les Etats-Unis sont un important débouché, invoquant "l'incertitude croissante" concernant les droits de douane américains.

Lundi, le principal conseiller économique du président américain, Kevin Hassett a assuré que "tous les secteurs seront couverts. La question est: quelle loi s'applique. Il s'agit de déterminer ce qui affecte la sécurité nationale. Si nous achetons quelque chose d'un autre pays, alors nous ne seront pas prêts en cas de guerre, s'ils décident de nous en priver".

Washington a également annoncé la fin d'un accord concernant l'importation sans taxe de tomates mexicaines, qui représentent plus de 90% des tomates importées aux Etats-Unis, et qui seront taxées à près de 21% dès mi-juillet.

Des annonces qui tombent au moment où les marchés respirent après l'exemption vendredi des surtaxes touchant les produits électroniques, largement importés de Chine, désormais visée par des surtaxes de 145%.

Wall Street a terminé sur une légère hausse, suivie par les Bourses de Tokyo et Séoul dans leurs premiers échanges mardi.

Concernant l'automobile, Donald Trump s'est montré ouvert au compromis, se disant prêt à "regarder comment aider les constructeurs", assurant qu'il ne voulait "faire de mal à personne".

Même si la Chine est au premier chef dans le viseur, le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent a estimé lundi qu'il n'y avait pas de raison pour que les économies des deux pays se dissocient.

"Il y a un grand accord à réaliser à un moment donné", a déclaré M. Bessent sur Bloomberg-TV.

Il a reconnu qu'un tel accord serait plus difficile à atteindre qu'avec d'autres nations car "la Chine est à la fois notre plus grand concurrent économique et notre plus grand rival militaire. Donc cela va nécessiter une formule un peu spéciale".

S'agissant d'autres pays, M. Bessent a annoncé que les négociations bilatérales "vont aller vite" pour résoudre les différends douaniers. "Nous avons eu le Vietnam la semaine dernière, le Japon mercredi, la Corée du Sud la semaine prochaine", a-t-il déclaré.

Aux 145% de surtaxes cumulées imposées par Donald Trump aux produits chinois depuis son retour à la Maison Blanche, hors dispenses, Pékin a riposté en faisant bondir ses droits de douane à 125% depuis samedi.

Une configuration qui pourrait créer un risque de récession et forcer la Réserve fédérale américaine, la Fed, à abaisser ses taux plus vite, quand bien même les droits de douane tireraient l'inflation à la hausse, a jugé lundi un de ses responsables, Christopher Waller.

Dans ce contexte d'inquiétudes pour l'économie mondiale, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a revu légèrement à la baisse sa prévision de croissance de la demande de pétrole pour 2025, citant notamment les droits de douane américains.

Le protectionnisme "ne mène nulle part", a répété le président chinois Xi Jinping, dans des propos rapportés lundi par l'agence officielle Chine Nouvelle.

Tout en continuant à assommer la Chine, Donald Trump a semblé donner un peu de répit aux autres partenaires commerciaux des Etats-Unis, en les délestant mercredi pour 90 jours des tarifs douaniers annoncés auparavant, et en ne leur ajoutant plus que 10% de droits de douane.

En visite à Washington, le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, a assuré que l'Union européenne (UE) était prête à trouver "un accord équitable" avec les Etats-Unis mais qu'un "effort conjoint significatif, de part et d'autre", serait nécessaire pour y parvenir.

Avec AFP

Commentaires
  • Aucun commentaire