
Washington et Moscou ont bouclé jeudi leur second échange de prisonniers depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, nouveau signe du réchauffement des relations entre les deux puissances amorcé par les États-Unis.
Cet échange survient alors que des nouvelles discussions russo-américaines se sont tenues à Istanbul.
La Russo-Américaine Ksenia Karelina est arrivée par avion sur la base militaire Andrews, en banlieue de Washington, vers 23H00 (03H00 GMT vendredi) accueillie par son compagnon Chris van Heerden, un boxeur sud-africain qui l'a applaudie en lui souhaitant "bienvenue à la maison", avant de l'embrasser.
Condamnée à 12 ans de prison pour «trahison» en Russie en 2024 pour avoir donné 50 dollars à une association ukrainienne, la femme de 33 ans a été échangée à Abou Dhabi contre le Germano-Russe Arthur Petrov.
Ce dernier était accusé par la justice américaine d'avoir soutenu l'effort de guerre russe en Ukraine en exportant illégalement des composants électroniques.
Le président Donald Trump s'est félicité jeudi de cet échange. «Elle est maintenant sortie et c'est une bonne chose», a-t-il déclaré à l'issue de la réunion de son Conseil des ministres.
«Nous espérons que nous serons en mesure de conclure un accord relativement rapidement avec la Russie et l'Ukraine pour mettre fin aux combats. Cela n'a pas de sens», a-t-il ajouté.
L'avocat de Ksenia Karelina, Mikhail Mouchaïlov, avait d'abord annoncé «l'échange».
Puis les services de sécurité russe FSB avaient confirmé, dans un communiqué cité par les agences russes, que «le citoyen russe Arthur Petrov est de retour à la maison» après avoir «été échangé contre la citoyenne américaine Ksenia Karelina».
Le FSB avait diffusé une vidéo montrant les deux anciens détenus grimpant dans des avions.
«Désescalade»
Cet échange a été négocié par le directeur de la CIA John Ratcliffe et un haut responsable du Renseignement russe.
«Bien que nous soyons déçus que d'autres Américains soient toujours détenus à tort en Russie, nous considérons cet échange comme une étape positive et nous continuerons à œuvrer pour leur liberation», a déclaré un porte-parole de la CIA.
C'est le second échange depuis le retour à la Maison Blanche en janvier de Donald Trump, qui a impulsé avec son homologue Vladimir Poutine un rapprochement spectaculaire.
Les deux puissances sont convenues d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, fortement dégradées par des années de tensions, que l'assaut russe contre l'Ukraine depuis 2022 a exacerbées.
Après plusieurs rencontres bilatérales, des pourparlers entre Russes et Américains concernant leurs missions diplomatiques se sont tenus jeudi à Istanbul dans le huis clos du consulat russe.
Les États-Unis ont renouvelé leurs inquiétudes sur les règles interdisant au personnel local de travailler à leur ambassade à Moscou, selon le département d'État.
Les parties ont également essayé de formaliser un accord sur l'accès bancaire des diplomates des deux pays, malgré les sanctions américaines à l'encontre de la Russie, selon la même source.
50 dollars
Née en 1991, Ksenia Karelina, qui se présente comme esthéticienne sur Instagram, avait été arrêtée alors qu'elle rendait visite à sa famille en Russie.
Selon la justice russe, l'argent qu'elle était accusée d'avoir versé à une organisation ukrainienne avait servi à "l'achat d'équipement médical, d'armes et de munitions par les forces armées ukrainiennes".
Mme Karelina, qui vit en Californie, a toujours rejeté les accusations de la justice russe.
De son côté, Arthur Petrov, à la double nationalité allemande et russe, était accusé par la justice américaine d'avoir exporté illégalement vers la Russie des composants électroniques pour usage militaire, en violation des sanctions américaines contre Moscou liées au conflit en Ukraine.
D'après Washington, M. Petrov possédait une société écran à Chypre, où il avait été interpellé en août 2023 avant d'être extradé aux États-Unis.
Mi-février, après un premier appel entre Vladimir Poutine et Donald Trump, Kalob Wayne Byers, un Américain arrêté à un aéroport moscovite pour avoir transporté des friandises au cannabis, avait été libéré, apparemment sans contrepartie.
Début février, Washington et Moscou avaient échangé l'enseignant américain Marc Fogel contre un expert russe en informatique, Alexander Vinnik.
Plusieurs Américains restent incarcérés en Russie, Washington dénonçant des «prises d'otages» pour obtenir la libération de Russes -- dont des espions présumés -- emprisonnés en Occident.
La porte-parole du département d'Etat, Tammy Bruce, a en particulier exhorté Moscou «à libérer Stephen Hubbard», un Américain septuagénaire détenu depuis trois ans et accusé d'avoir été un «mercenaire» au service de l'Ukraine.
Avec AFP
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