Plus de 80% des diamants bruts du monde passent par les mains expertes des polisseurs indiens, faisant de l'Inde la capitale mondiale de l'éclat. Mais voilà que l’ombre de Donald Trump plane sur ces pierres précieuses, avec une taxe douanière américaine de 27% qui risque de ternir l’éclat de l’industrie. Entre les taxes imposées par Trump et les contre-mesures indiennes, c’est un véritable casse-tête commercial qui s’installe. Une guerre des taxes qui pourrait bien faire pâlir le plus scintillant des diamants…

Les États-Unis, grands consommateurs de diamants, ont décidé d'imposer une taxe douanière de 27% sur les produits indiens, y compris les diamants polis. Cette décision a plongé l'ensemble de la filière, des compagnies minières aux bijoutiers, dans une mer d'incertitudes. Imaginez un chef d'orchestre perdant sa baguette: c'est un peu l'ambiance actuelle. ​

Mais attendez, ce n'est pas tout! Même les pierres taillées en Inde, envoyées aux États-Unis pour analyse et certification, sont désormais concernées par ces taxes. Le Gemological Institute of America, le laboratoire le plus réputé, a dû mettre en pause l'analyse de ces pierres, en attendant que la poussière retombe.

Les exportateurs indiens, déjà ébranlés par des taxes douanières élevées, se retrouvent à présent confrontés à des obstacles supplémentaires. Cette situation pourrait bien faire chuter les prix des diamants, déjà au plus bas.

Le prix en chute libre 

Parlons chiffres. Le marché du diamant est entré dans une phase baissière depuis février 2022, marquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les sanctions et l’embargo sur les diamants russes ont lourdement perturbé le marché indien de taille. Le contexte économique global est devenu inflationniste, en particulier aux États-Unis où les consommateurs ont réduit leurs achats dits “superflus”. Parallèlement, le marché du diamant en Chine a connu une chute brutale début 2023: la demande a baissé d’environ 25% par rapport à 2022, et les prix ont atteint leur niveau le plus bas en 14 ans. Pour la première fois, De Beers a permis que des lots (sights) ne soient pas entièrement achetés. En 2024, les prix des diamants naturels ont continué de baisser en raison de l'offre excédentaire.

Rappelons que les États-Unis achètent la moitié des diamants vendus dans le monde. Si les Américains se tournent moins vers ces pierres étincelantes, les compagnies minières du Botswana ou de Namibie risquent de réduire leur production afin d’éviter un marché saturé et une chute des prix. Aucun autre pays ne pourra compenser une éventuelle paralysie du marché américain du diamant par sa seule demande. De plus, les acheteurs capables d'acquérir ces pierres précieuses sont souvent les mêmes qui ont investi sur les marchés financiers et qui expriment de vives inquiétudes face à la conjoncture économique mondiale.

Des emplois en péril et des mines en pause

Par ailleurs, l'Inde, fière de sa position de leader dans le polissage des diamants, voit des milliers d'emplois menacés, le diamant représentant la troisième exportation de l'Inde vers les États-Unis. Le président de l'Indian Diamond Institute, situé à Surate, la capitale de l'industrie diamantifère indienne, prévoit que les pertes d'emplois seront inévitables à court terme. Pour contrer ces nouvelles taxes, les autorités indiennes privilégient la négociation d'un accord commercial bilatéral, qui pourrait être conclu d'ici à quelques mois. De plus, face à cette incertitude, certaines compagnies minières, comme celle du Botswana, ont annulé des ventes aux enchères, en attendant des jours meilleurs.

La décision des États-Unis d'imposer des taxes sur les diamants polis en Inde a jeté une ombre sur l'industrie mondiale du diamant. Entre incertitudes économiques, pertes d'emplois et prix en chute libre, l'éclat de ces pierres précieuses semble s'estomper. Espérons que les négociations commerciales à venir apporteront une lueur d'espoir, redonnant brillance et clarté à un marché en crise.​

 

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