Wassim Mansouri dresse le bilan de son intérim à la BDL
©Ici Beyrouth

À l'approche de la nomination d'un nouveau gouverneur de la Banque du Liban (BDL) par le cabinet de Nawaf Salam, les avis sur la politique de Wassim Mansouri, gouverneur par intérim depuis août 2023, sont partagés. Certains estiment qu'il a réussi à garantir une stabilité minimale face à des turbulences politiques et sécuritaires sans précédent, tandis que d'autres jugent cette stabilité fragile en raison de l'inflation persistante et de la dévaluation de la livre libanaise. Dans une interview accordée mardi au média en ligne Independent Arabia, M. Mansouri, revient sur son intérim à la tête de la Banque centrale.

Concernant sa stratégie pour contrôler le taux de change et maintenir la stabilité monétaire, il indique que son objectif n'était pas de stabiliser le taux de change de façon artificielle, mais de préserver les réserves en devises de la BDL. Selon lui, un tournant majeur de sa gouvernance a été l'arrêt total du financement direct de l'État – une décision qu’il qualifie d’“irrévocable” – qui permet à l'État de se tourner vers ses propres recettes pour financer ses dépenses et réduit ainsi le déficit. Il note qu’en 2023, l'État a enregistré des revenus représentant le double de ceux des années précédentes et un excédent budgétaire de 600 millions de dollars en 2024. M. Mansouri insiste également sur le fait que la BDL gère désormais les fonds de l'État et n’est plus un créancier.

Pour ce qui est des importations, M. Mansouri a introduit un mécanisme qui permet de financer celles-ci sans puiser dans les réserves en devises étrangères. Il a également cessé d'acheter des dollars sur le marché depuis août 2023, se concentrant uniquement sur la gestion de la masse monétaire en livres libanaises. Selon lui, cette politique a permis de renforcer les réserves de la BDL, lesquelles ont accumulé un excédent de plus de 2 milliards de dollars.

Concernant la politique monétaire, M. Mansouri explique qu’il a évité de recourir à des outils classiques, comme les hausses de taux d'intérêt, en raison de la dollarisation de l'économie libanaise. À la place, il a opté pour la régulation de la masse monétaire en livres et la gestion des salaires, en payant les fonctionnaires en dollars pour éviter de mettre trop de pression sur le taux de change.

Il a aussi mis fin à la plateforme Sayrafa qui était utilisée pour la gestion du taux de change. M. Mansouri considère que celle-ci était une source de pression sur le marché des devises et qu'il a réussi à maintenir la stabilité du marché tout en accumulant des réserves en devises. Il rappelle que l'inflation a nettement baissé, de 300% en avril 2023 à 18% en décembre 2024, avec des prévisions d'une chute à 3 à 5% en 2025.

En ce qui concerne les dépôts, M. Mansouri affirme que la banque centrale joue un rôle essentiel dans la recherche d'une solution juste pour les déposants, en insistant sur la nécessité d'une approche égalitaire, conformément à la Constitution libanaise. Il a également abordé la question des dépôts syriens, précisant qu’ils seront traités à l’instar des dépôts libanais, conformément aux droits de propriété individuelle garantis par la législation libanaise.

Concernant le secteur bancaire, il a précisé que la BDL ne soutient pas financièrement les banques, mais encourage la concurrence et la restructuration du secteur.

Par ailleurs, il a évoqué les efforts pour sortir le Liban de la liste grise du GAFI des pays concernés par le blanchiment d'argent, notant qu’il a mis en place un plan détaillé pour se conformer aux normes internationales et améliorer la transparence.

M. Mansouri a conclu en affirmant que le principal objectif reste la stabilité monétaire et financière du pays et se dit prêt à collaborer avec son successeur afin d’assurer la continuité des réformes qu'il a instaurées.

 

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