Turquie: le maire d'Istanbul au tribunal, nouveaux rassemblements de soutien
Des manifestants s'affrontent avec la police anti-émeute turque qui utilise des gaz lacrymogènes et des canons à eau lors d'une manifestation à Ankara, suite à l'arrestation du maire d'Istanbul, le 21 mars 2025. ©Adem Altan / AFP

Les partisans du maire d'Istanbul, arrêté pour "corruption" et "terrorisme", ont déferlé samedi par dizaines de milliers devant l'hôtel de ville pour le quatrième soir consécutif afin de soutenir l'élu d'opposition, qui a dénoncé des accusations "immorales et sans fondement".

Pour la quatrième nuit de mobilisation, la foule est apparue encore plus dense et plus nombreuse, prenant d'assaut les rames de métro et les abords de l'hôtel de Ville, congestionnés, en agitant des drapeaux et des pancartes exprimant sa colère : "Les dictateurs sont des lâches !", "L'AKP (le parti au pouvoir, ndlr) ne nous fera pas taire".

Le maire a été amené en début de soirée avec 90 de ses co-accusés dans un palais de justice en état de siège, protégé par des dizaines de fourgons anti-émeutes et un solide cordon de policiers, pour y être présenté à un procureur.

Selon ses avocats, son audition dans le volet "terrorisme" de l'accusation est terminée et l'autre, sur la "corruption" devait suivre, en plein milieu de la nuit.

Malgré les restrictions d'accès, plus d'un millier de personnes, selon l'AFP, se sont pressées aux abords du tribunal de Caglayan, protégé par un très important dispositif policier.

"Les gens ne sont pas là uniquement pour Imamoglu, mais pour défendre leurs droits", justifiait Elif Cakir, un étudiant de 18 ans. "La Constitution nous accorde le droit de manifester et de nous réunir, mais on nous l'interdit". "Nous ne sommes pas les ennemis de l'Etat mais ce qui se passe est illégal", souliganit également Aykut Cenk, 30 ans, en agitant un drapeau turc.

Les accusations de "soutien au terrorisme" portées contre l'édile de 53 ans, principal opposant au président Recep Tayyip Erdogan, pourraient lui valoir une incarcération et son remplacement par un administrateur nommé par l'État.

M. Imamoglu a promis de "porter plainte" contre les instigateurs de cette procédure, dans une déclaration aux enquêteurs transmise à l'AFP par la municipalité d'Istanbul.

S'adressant à la foule massée devant l'hôtel de ville, le président du parti CHP - dont est issu M. Imamoglu - a assuré qu'ils étaient "plus d'un demi-million" et encore autant au loin qui ne pouvaient s'approcher. Özgür Özel a juré de "défendre Saraçhane (la mairie), de défendre le président Ekrem et de  marcher sur (le tribunal) si nécessaire".

"Ce soir, l'Histoire s'écrira ici, à Istanbul. Ne vous y opposez pas", a-t-il lancé aux policiers déployés en nombre.

les forces de l'ordre ont néanmoins donné la charge peu après minuit (21H00 GMT), usant de gaz lacrymogènes en grandes quantités, obligeant ceux qui le pouvaient à se réfugier dans l'hôtel de ville.

Selon des journalistes de l'AFP, de nombreuses personnes ont été arrêtées, mais aucune donnée officielle n'a été immédiatement disponible.

A Ankara, la capitale, les manifestants ont également été repoussés par des spray de gaz poivré et les canons à eau et à Izamir, troisième ville du pays, la police a bloqué des étudiants qui tentaient de marcher sur les locaux du parti AKP au pouvoir.

Le président Erdogan, prenant la parole devant des membres de son parti, a accusé samedi soir l'opposition de faire "depuis quatre jours tout son possible pour perturber la paix de la nation et diviser notre peuple".

Le gouvernorat d'Istanbul a prolongé jusqu'au 26 mars l'interdiction de rassemblement en vigueur depuis mercredi et imposé de nouvelles restrictions d'entrée en ville aux personnes "susceptibles" de participer à des rassemblements, sans préciser comment il les mettrait en oeuvre.

Depuis mercredi, la contestation s'est répandue à travers la Turquie et des manifestations étaient annoncées dans de nombreuses villes, d'ouest en est. Des rassemblements ont eu lieu dans au moins 55 des 81 provinces turques, soit plus des deux tiers du pays, selon un décompte effectué samedi par l'AFP.

Avec AFP

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