
Une nouvelle escalade des tensions a été rapportée, samedi matin, au Liban-Sud, à la suite du tir de cinq roquettes depuis le Liban, en direction du village frontalier de Metula.
Une série d'explosions causées par des missiles intercepteurs israéliens a été signalée ce matin dans l'espace aérien du secteur oriental du Liban-Sud, dont trois ont été interceptées tandis que deux sont tombées sur le sol libanais.
Des bombardements d’artillerie israéliens ont alors visé le quartier de Haret el-Aïn dans la localité de Yohmor el-Chqif, les villages de Khiam et Houla, les abords d’Arnoun et de Kfartibnit, près du fleuve Al-Khardali, ainsi que les environs de Markaba.
En outre, l'armée israélienne a mené une vaste opération de ratissage avec des armes automatiques depuis la colline de Hamamess, où elle est positionnée. Les abords de Houla, Markaba et Kfar Kila ont aussi été ciblés par des tirs de mitrailleuses lourdes depuis des positions israéliennes adjacentes, avec un survol de l’aviation militaire au-dessus du secteur oriental.
Les sirènes d’alerte de niveau 3 ont ainsi été déclenchées dans les centres de la Finul à Deir Siryan et Aadchit.
Le porte-parole de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a annoncé sur X que "l'armée de l'air a intercepté trois roquettes tirées depuis le Liban vers Israël. Les sirènes d'alerte ont été activées à 07h32 et 07h34 dans la localité frontalière de Metula".
"Les forces de défense répondront avec force à ces tirs", a-t-il ajouté.
Pour sa part, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a lancé des menaces, tenant l’État libanais pour responsables de cet incident et promettant une riposte.
"Nous ne permettrons pas que des tirs en provenance du Liban visent les localités de Galilée. Nous avons promis de garantir la sécurité des communautés de Galilée, et c'est exactement ce qui va se passer. La loi de Metula est la même que celle de Beyrouth. Le gouvernement libanais est responsable de tout tir depuis son territoire. J'ai donné des instructions à l'armée israélienne de riposter en conséquence", a-t-il déclaré.
Le président Joseph Aoun met en garde contre l'escalade au Liban-Sud
Dans ce cadre, le président de la République, Joseph Aoun, a condamné les tentatives visant à entraîner à nouveau le Liban dans un cycle de violence.
Il a estimé que "les événements survenus au Liban-Sud depuis le 18 février constituent une agression persistante contre le pays et une menace au projet de sauvetage national soutenu par les Libanais".
M. Aoun a également appelé toutes les parties concernées, notamment la Commission de surveillance créée à la suite de l’accord de cessez-le feu conclu en novembre 2024, ainsi que l'armée, à suivre la situation avec la plus grande rigueur pour éviter toute escalade.
Il a demandé au commandant en chef de l'armée, Rodolphe Haykal, de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des citoyens et de mener une enquête pour élucider les circonstances de l’incident (les tirs sur Metula en provenance du Liban).
Selon la chaîne LBCI, le Hezbollah aurait déclaré au président Aoun et au Premier ministre, Nawaf Salam, qu'il n'était pas impliqué dans ce qui s'est passé au sud, soulignant son attachement au cessez-le-feu et son soutien à l'État libanais.
D’après les mêmes sources, le Hezbollah aurait refusé de "s’engager dans une nouvelle escalade, à la lumière des tensions sécuritaires actuelles sur le front sud".
Pour sa part, M. Salam, a mis en garde contre le risque d'une "nouvelle guerre", appelant à une pression internationale contre Israël.
M. Salam a contacté le ministre de la Défense nationale, Michel Menassa, soulignant la nécessité de prendre toutes les mesures sécuritaires et militaires nécessaires et confirmant que seul l'État a le droit de décider de la guerre et de la paix.
Le président Salam a également contacté la représentante personnelle du secrétaire général des Nations unies au Liban, Jeanine Plasschaert, demandant à l'ONU de "redoubler la pression internationale sur Israël pour qu'il se retire complètement des territoires libanais occupés". Il a déclaré que "cette occupation constitue une violation de la résolution 1701 de l'ONU et des accords de cessation des hostilités approuvés par le précédent gouvernement en octobre dernier, auxquels le Liban s'est engagé".
Quant au chef du Parlement, Nabih Berry, il a appelé l'armée libanaise, les autorités judiciaires et sécuritaires ainsi que le comité de surveillance du cessez-le-feu à “élucider rapidement les circonstances de ce qui s'est passé ce matin dans le sud”, soulignant que l’unique bénéficiaire de ces développements est Israël. Il a rappelé, à cet égard, qu’Israël est responsable, “jusqu'à présent, de plus de 1.500 violations de la résolution 1701 et des termes de l’accord de cessez-le-feu, alors que le Liban et le Hezbollah sont pleinement engagés à en respecter toutes les dispositions”.
M. Berry a réitéré son appel à “tous les Libanais, particulièrement aux forces politiques, à contrôler le discours politique, à se rallier autour de l'État et de ses institutions constitutionnelles, judiciaires, militaires et sécuritaires”.
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