
Tensions commerciales, incertitudes géopolitiques et politiques pèsent sur les perspectives économiques, indique lundi l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui revoit à la baisse les perspectives de croissance de nombreux pays pour 2025, dont les États-Unis.
"Nous naviguons en eaux troubles", a déclaré lundi à la presse Alvaro Santos Pereira, économiste en chef de l'OCDE pour résumer la situation de l'économie mondiale dont la dynamique s'annonce poussive dans les mois qui viennent, face à la fragmentation du commerce mondial et aux tensions inflationnistes qu'elle pourrait engendrer.
Si l'activité économique mondiale est restée "résiliente" en 2024, avec une progression de 3,2% du produit intérieur brut (PIB), l'OCDE s'attend désormais à une croissance de 3,1% en 2025, contre 3,3% dans ses précédentes projections en décembre.
Les États-Unis, dont le président Donald Trump a déclenché une guerre commerciale avec ses principaux partenaires, devraient voir leur PIB augmenter de 2,2% cette année, avant 1,6% l'année prochaine selon l'OCDE, qui abaisse ainsi respectivement de 0,2 et 0,5 point ses perspectives de croissance dans le pays.
La virulence des politiques commerciales décidées ou envisagées par Donald Trump touche particulièrement le Canada et le Mexique, qui réalisent une part importante de leurs échanges commerciaux avec les États-Unis. Par rapport à décembre, l'OCDE divise par près de trois la prévision de croissance du Canada pour 2025, à 0,7%. Elle baisse même de 2,5 points celle du Mexique, qui devrait entrer en récession cette année.
La croissance des États-Unis, du Mexique et du Canada "devrait ralentir selon les projections à mesure que les relèvements de droits de douane vont entrer en vigueur", indique l'OCDE.
Dans ses prévisions, l'institution internationale précise avoir seulement pris en compte, en plus des droits de douane entre les États-Unis, le Canada et le Mexique, les nouveaux droits de douane en vigueur entre les États-Unis et la Chine, et ceux sur l'acier et l'aluminium.
Ni les menaces de droits de douane réciproques, ni celles concernant l'Union européenne émises par Donald Trump n'ont été prises en compte.
Malgré cela, l'OCDE a révisé à la baisse pour la deuxième fois consécutive ses prévisions de croissance pour l'Allemagne et la France en 2025.
Elle s'attend à une hausse de 0,4% du PIB cette année en Allemagne, contre 0,7% dans ses prévisions précédentes. La France est moins sévèrement touchée, avec une croissance attendue à 0,8% cette année, en baisse de 0,1 point par rapport à décembre.
"Les économies européennes subiront moins d'effets économiques directs" des mesures douanières intégrées dans les projections de l'OCDE, "mais l'incertitude géopolitique et politique accrue devrait néanmoins freiner la croissance", explique-t-elle.
Parmi les principales économies européennes, seule l'Espagne devrait connaître une croissance soutenue, avec une croissance attendue à 2,6% en 2025.
L'incertitude géopolitique qui touche l'Europe pourrait toutefois avoir une vertu pour la croissance en Union européenne, avec "une augmentation des dépenses publiques consacrées à la défense" qui pourrait "soutenir la croissance à court terme", note l'OCDE.
En revanche, ces dépenses publiques supplémentaires risquent "d'accentuer les tensions budgétaires à plus long terme", tempère l'organisation.
Autre partenaire majeur des États-Unis et quatrième économie mondiale, le Japon voit lui aussi sa prévision de croissance abaissée, à 1,1% (-0,4 point).
La croissance chinoise devrait elle atteindre 4,8% en 2025, prévision quasiment stable par rapport aux prévisions de décembre (+0,1), "les conséquences négatives de l'imposition des droits de douane étant largement compensées par l'adoption de mesures de soutien renforcées", explique l'OCDE.
Effet inflationniste
Dans son rapport, l'OCDE pointe l'effet délétère des tensions commerciales sur les échanges mondiaux, qui pourraient non seulement freiner la production mondiale mais également accentuer l'inflation, qui "devrait être plus élevée qu'attendu précédemment".
Elle voit ainsi l'inflation accélérer à 2,8% cette année aux États-Unis (+0,7 point par rapport à sa prévision précédente), après 2,5% en 2024.
"L'augmentation des coûts des échanges devrait se répercuter progressivement sur les prix des produits finaux", affirme ainsi l'OCDE, ce qui nécessiterait "le maintien d'une politique monétaire restrictive plus durablement que prévu".
Par ailleurs, "une résurgence de l'inflation ou de mauvaises surprises pour la croissance économique pourraient entraîner des corrections de prix rapides sur les marchés financiers et une nouvelle hausse de la volatilité des marchés", avertit l'OCDE.
Avec AFP
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