
La situation reste très tendue à la frontière entre le Liban et la Syrie, après les heurts nocturnes entre des partisans du Hezbollah et l’armée de la nouvelle direction syrienne. Dans un communiqué qu’elle a fait publier lundi matin, l'armée libanaise a annoncé des mesures sécuritaires frontalières exceptionnelles. Celles-ci ont été mises en place dans le Hermel, notamment dans la région d’Al-Qasr (au nord du Hermel) où trois Syriens et trois Libanais au moins ont été tués dans les heurts.
“Des contacts intensifs ont eu lieu entre les autorités libanaises et syriennes dans la nuit du 16 au 17 mars 2025, permettant la restitution des trois corps aux autorités à Damas”, peut-on lire dans le texte.
Et de préciser que “l'armée libanaise a immédiatement riposté aux tirs provenant du côté syrien de la frontière, avec les armes appropriées”. Selon le texte, celle-ci a “renforcé son déploiement pour stabiliser la situation dans plusieurs villages libanais situés dans cette zone frontalière”. “Des discussions entre l’état-major de l’armée et les autorités syriennes sont en cours afin de contenir l’escalade et préserver la sécurité de la région”, a conclu le communiqué.
De son côté, le commandant des opérations de l'armée syrienne à la frontière avec le Liban a accusé le Hezbollah d’avoir “violé la souveraineté syrienne” en s’infiltrant en territoire syrien. Dans une déclaration à la chaîne Al-Arabiya, il a affirmé: “Nous réagirons à toute infiltration de sa part.” Le responsable syrien a également fait état d’une “coordination avec l’armée libanaise pour contrôler la frontière”, soulignant que “les points frontaliers ont été sécurisés”.
Mais les échanges de tirs s’étaient poursuivis le matin.
Tôt lundi, deux obus ont été tirés depuis les environs d'Al-Qasr et sont tombés dans la région. Une attaque qui a coïncidé avec le survol de drones de reconnaissance, de type “Shaheen” de l’armée syrienne, au niveau de la frontière entre les deux pays.
On rappelle que, dimanche, un échange d’artillerie a provoqué une nouvelle montée des tensions entre les forces armées syriennes et des habitants de villages libanais, majoritairement chiites et considérés comme des sympathisants du Hezbollah qui a toutefois décliné toute responsabilité dans les échanges de tirs.
Frappes meurtrières
Diverses versions ont été avancées sur l’origine des heurts. Selon des informations de presse rapportées par Al-Markazia, les affrontements ont commencé quand le Hezbollah a pris pour cible un poste militaire syrien, tuant un soldat. Deux autres auraient également péri dans une attaque similaire dans la région de Zeita, dans la province de Homs.
Citant une source militaire syrienne, la chaîne Al-Jazeera a fait état de la mort de huit militaires syriens, dans une frappe du Hezbollah dans le rif de Homs. En réaction, l'armée syrienne a déployé d’importants renforts le long de la frontière. Des images captées par les caméras d’Al-Arabiya et d’Al-Hadath montrent un bombardement massif des positions du Hezbollah dans la même localité par l’armée syrienne, ainsi qu’un pilonnage continu sur les bastions de la formation dans la région du Hermel.
Selon d’autres informations, il s’agit de Libanais qui seraient entrés en territoire syrien où des heurts ont éclaté.
Un bras de fer entre Damas et le Hezbollah
Mais l’escalade a atteint un point critique après que le ministère syrien de la Défense a accusé le Hezbollah d’avoir enlevé et exécuté trois soldats syriens sur le sol libanais. Damas a averti qu’il prendrait des “mesures décisives” contre le groupe.
D’après l’agence de presse syrienne Sana, les trois militaires auraient été piégés dans une embuscade près du barrage de Zeita avant d’être emmenés au Liban et exécutés, accusations que le Hezbollah a immédiatement démenties, rejetant toute implication dans ces événements. Il a, de fait, affirmé dans un communiqué officiel, dimanche soir, qu’il n’avait “aucun lien avec les développements en cours sur le territoire syrien”.
Réaction iranienne
Face à cette montée des violences, la diplomatie iranienne a exprimé sa préoccupation. Téhéran a dénoncé une situation “déplorable” et pointé du doigt Israël comme le principal bénéficiaire des troubles à la frontière libano-syrienne. Il a accusé Tel-Aviv de chercher à diviser la Syrie et à affaiblir ses voisins. L’Iran a également insisté sur la nécessité d’une coordination entre les pays de la région pour éviter une dégradation supplémentaire du conflit.
En parallèle, le sud du Liban connaît lui aussi une recrudescence des tensions avec Israël. Après minuit, des hélicoptères Apache de l’armée israélienne ont mené d’intenses opérations de reconnaissance et de ratissage aux abords de la localité de Yaroun, dans le caza de Bint Jbeil. Peu après, une unité blindée israélienne a pénétré dans la région de Aïta al-Chaab et ses environs.
Entre frappes aériennes, ripostes militaires et tensions politiques, les observateurs craignent une dangereuse escalade, dont les répercussions pourraient dépasser les limites du Liban et de la Syrie.
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