Beirut Women Film Festival: nouvelle édition et voix féminines à l’honneur
Beirut Women Film Festival, affiche officielle. ©Beirut Women Film Festival

Le Beirut Women Film Festival (BWFF) revient pour sa 8ᵉ édition, mettant une fois de plus en relief l'apport exceptionnel des femmes au monde du cinéma. Organisé par la Beirut Film Society, le festival constitue une plateforme de choix pour des récits centrés sur les femmes, incarnant le changement dans l’industrie et la société. L’édition 2025 se tiendra du 27 avril au 3 mai 2025.

Cette année, l’affiche officielle du Beirut International Women Film Festival 2025 met à l'honneur Zainab Fawwaz, écrivaine et féministe libanaise pionnière de la fin du XIXᵉ siècle. Figure renommée, elle a remis en question les normes sociales et ouvert la voie à l'expression féminine. À la croisée de la tradition et de la modernité, elle a choisi la voie du leadership comme un chemin tracé avec détermination. Inspirée par les voix des femmes qui l’ont précédée, elle a avancé avec la force de reconstruire, de revendiquer et de façonner un avenir affranchi du passé. Son parcours, symbole de résilience, de leadership et d'émancipation, est représenté par la fleur de cyclamen, qui prospère même dans l’adversité.

Du 27 avril au 3 mai, le festival mettra à l'honneur celles qui ont marqué l’histoire et continuent d’impulser le changement.

Aux origines du BWFF: une vision de changement

Sam Lahoud, directeur du festival, retrace l’origine du BWFF à une idée née en 2013, qui a progressivement pris forme grâce à la production et au succès du film Void ("Waynon"). Sélectionné dans de nombreux festivals internationaux dédiés aux femmes, Void a joué un rôle déterminant dans la conception du BWFF: "L’idée du festival remonte à 2013-2014, inspirée par notre travail sur la production de Void, écrit par Georges Khabbaz. Ce film, centré sur la condition féminine, a été un catalyseur majeur. Son accueil dans divers festivals internationaux nous a confortés dans la nécessité de créer une plateforme pour les femmes dans le cinéma."

Représentation féminine et médias: un défi à relever

L’un des principaux moteurs du BWFF est la lutte contre les inégalités persistantes dans l’industrie du cinéma. Sam Lahoud est pleinement conscient des stéréotypes et des biais qui ont conduit à la création du festival. Études et débats ont mis en lumière une représentation déformée des femmes à l’écran, souvent cantonnées à des rôles de victimes ou de figures marginales. De plus, il souligne le contraste frappant entre le pourcentage élevé de femmes diplômées en écoles de cinéma et leur faible présence dans des postes de direction, qui ne dépasse pas 10 à 12%.

Un processus de sélection exigeant et engagé

Sam Lahoud insiste sur la rigueur du processus de sélection du BWFF, garantissant une diversité de récits et des perspectives inspirantes: "Chaque année, nous recevons entre 1.500 et 1.800 candidatures. Notre sélection repose sur un processus minutieux, qui commence par une présélection avant d’aboutir à une liste finale, en fonction de la pertinence thématique, du genre et du profil du réalisateur ou de la réalisatrice." Le festival s’engage à déconstruire les stéréotypes et à offrir une tribune aux multiples voix du cinéma.

Un festival moteur de transformation sociale

Malgré les nombreux défis auxquels il fait face, notamment en raison de l’instabilité et des difficultés économiques du Liban, le BWFF continue de s’imposer comme un événement incontournable. Sam Lahoud reste convaincu du pouvoir du cinéma pour impulser le changement et voit dans le festival un véritable levier de transformation sociale: "Le festival ne se veut pas prétentieux, mais il aspire à être un événement de qualité capable d’avoir un impact significatif sur les médias et la société. Je crois fermement que le cinéma peut provoquer le changement."

Si un bouleversement immédiat peut sembler ambitieux, le cinéma demeure un puissant outil de sensibilisation et de dialogue, façonnant progressivement les mentalités et les normes sociales. Avec une édition annuelle, y compris en période de crise, le BWFF réaffirme son rôle d’inspiration pour une nouvelle génération de cinéastes et de spectateurs, contribuant à remodeler le paysage médiatique et la représentation des femmes à l’écran, un engagement que Sam Lahoud défend avec passion.

 

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