Incertitudes diplomatiques et reconstruction : Les défis du Liban face aux attentes internationales
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Une récente interview de Morgan Ortagus, adjointe de l'envoyé spécial du président américain pour le Moyen-Orient, a mis en évidence d'importantes divergences entre les annonces officielles et la réalité du terrain au Liban. Alors que l'administration américaine affirme avoir initié la création de groupes de travail diplomatiques pour résoudre la question de la frontière libano-israélienne, le gouvernement libanais assure ne pas en avoir été informé officiellement.

Un dialogue diplomatique en décalage

Mardi, Morgan Ortagus a déclaré qu'un accord avait été trouvé pour la mise en place de trois groupes de travail diplomatiques chargés de résoudre les litiges frontaliers entre le Liban et Israël, notamment la délimitation de la Ligne bleue. Toutefois, une source proche du ministère des Affaires étrangères libanais a confié à Ici Beyrouth avoir appris cette nouvelle par la presse, soulignant ainsi un décalage marquant entre les communications internationales et la perception des autorités locales.

Reconstruction du Sud : un enjeu majeur

Concernant la reconstruction du Sud-Liban, Morgan Ortagus a insisté sur la nécessité d'une implication exclusive de l'État libanais, excluant toute participation du Hezbollah. Si le gouvernement libanais affirme sa volonté d'assumer cette responsabilité, il souligne que cette exigence complique la mise en œuvre des projets, faute de ressources.

"Nous attendons l'arrivée de fonds de la communauté internationale, notamment du Golfe, ainsi que la fin de l'évaluation des dégâts causés par le conflit entre le Hezbollah et Israël pour établir un plan de reconstruction. Il nous faudra des semaines, voire des mois, pour dresser un bilan complet, d'autant plus que les hostilités se poursuivent au Sud", explique un expert sous couvert d'anonymat. "Aucun État étranger n'a encore eu le temps de nous fournir une assistance financière à ce stade", ajoute-t-il. Interrogé sur l'exclusion du Hezbollah du processus, il tranche avec ironie : "De toute façon, le Hezbollah n'a pas d'argent."

Le désarmement du Hezbollah : un débat encore théorique

Autre point clé des déclarations de Morgan Ortagus : le désarmement du Hezbollah au sud du Litani. Si le gouvernement de Nawaf Salam semble, en théorie, favorable à ce principe, aucune mesure concrète n'a été adoptée à ce jour. "L'armée libanaise assure sa mission et se déploie le long de la frontière libano-israélienne, mais certains observateurs internationaux restent sceptiques. Ils estiment que de nombreux dépôts d'armes du Hezbollah subsistent dans la zone", indique une source gouvernementale. "Nous leur expliquons que les opérations de l'armée prennent du temps, faute de moyens suffisants", ajoute-t-elle.

Face à la politique de pression maximale des États-Unis sur l'Iran et le Hezbollah, cette même source estime que le Liban pourrait faire face à un renforcement des sanctions internationales en cas de non-respect des exigences américaines.

Pris entre pressions internationales, difficultés économiques et impératifs sécuritaires, le Liban se trouve à un moment décisif. Le fossé entre annonces officielles et réalité locale met en lumière un besoin urgent de coordination entre les différents acteurs. Le pays devra rapidement clarifier ses positions et structurer ses actions pour éviter un isolement croissant sur la scène internationale.

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