
Le président russe Vladimir Poutine s'est dit jeudi favorable à un cessez-le-feu en Ukraine à condition que certaines "questions importantes" soient réglées, le jour où l'émissaire de Donald Trump présente à Moscou une proposition de trêve de 30 jours.
De Washington, le locataire de la Maison Blanche a jugé "très prometteuse" mais "pas complète" la déclaration de son homologue russe, ajoutant que ce serait "très décevant pour le monde" si, in fine, la Russie rejetait ce plan.
Le chef de l'État ukrainien Volodymyr Zelensky, les États-Unis et les Européens ont tous pressé Moscou de répondre à cette proposition formulée mardi après des pourparlers ukraino-américains en Arabie saoudite et visant à faire arrêter les combats.
"Nous sommes pour mais il y a des nuances", a déclaré M. Poutine au cours d'une conférence de presse au Kremlin, affirmant vouloir "en parler" avec les Américains et "peut-être appeler le président (Donald) Trump".
Vladimir Poutine, dont les troupes se sont lancées à l'assaut de l'Ukraine il y a plus de trois ans, a évoqué des "questions importantes" à régler sur la mise en œuvre de ce cessez-le-feu et son respect.
"Comment garantir qu'une telle situation (le conflit, ndlr) ne se reproduise pas ? Comment le contrôle sera-t-il organisé ?", s'est-il interrogé, disant craindre que l'Ukraine n'utilise cette pause pour recruter des soldats supplémentaires et recevoir de nouvelles armes occidentales.
"Nous sommes d'accord avec les propositions visant à mettre fin aux hostilités, mais nous partons du principe que cette trêve doit conduire à une paix durable et s'attaquer aux causes profondes de cette crise", a encore martelé M. Poutine.
"Mesures hâtives"
Le chef de l'Etat russe s'est exprimé peu après l'arrivée à Moscou de l'envoyé spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, dont la tâche est de convaincre le Kremlin d'accepter la proposition de trêve américaine.
Mais avant même la confirmation de la présence de M. Witkoff dans la capitale russe, le conseiller diplomatique de M. Poutine avait critiqué cette initiative que Kiev a déjà endossée, sous la pression du président américain.
"Ce sont des sortes de mesures hâtives, qui ne sont pas propices à un règlement durable", a estimé Iouri Ouchakov à la télévision russe, affirmant que la proposition ne prenait en compte que les intérêts de Kiev et pas ceux de la Russie.
"Il faudra travailler, réfléchir et prendre en compte aussi notre position", a-t-il expliqué.
Une rencontre entre Steve Witkoff et Vladimir Poutine "n'est pas exclue", a précisé Iouri Ouchakov, qui a souligné que l'émissaire américain devait en tout cas "rencontrer des représentants russes de très haut niveau".
Vladimir Poutine a toujours réclamé que l'Ukraine cède à son pays quatre régions que les forces russes occupent partiellement en plus de la Crimée, annexée en 2014, et renonce à rejoindre l'Otan.
"Conflit armé direct"
Moscou a aussi une nouvelle fois rejeté mercredi tout envoi de soldats européens en Ukraine, une idée avancée par le Royaume-Uni et des pays de l'UE, en tant que force d'interposition en cas d'arrêt des hostilités.
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a averti qu'un tel déploiement serait considéré par la Russie comme un "conflit armé direct" avec ses troupes. "Nous répondrons par tous les moyens disponibles" a-t-elle prévenu.
Depuis la première conversation téléphonique officielle entre MM. Poutine et Trump le 12 février, Russes et Américains ont convenu de remettre à plat leurs relations bilatérales, en plus de régler au plus vite le dossier ukrainien. Des délégations des deux pays se sont déjà rencontrées en Arabie saoudite puis en Turquie.
Donal Trump a pour sa part repris des contre-vérités assénées par le Kremlin, rendant notamment Kiev responsable de l'assaut pourtant déclenché par la Russie en février 2022.
Puis, il y a eu la vive altercation dans le Bureau ovale avec Volodymyr Zelensky, suivie de l'interruption de l'aide militaire et du renseignement américain, cruciaux pour l'Ukraine.
Soudja reprise
Dans l'intervalle, l'armée russe, faisant face à un adversaire affaibli, a repris à une vitesse inédite des territoires occupés par les Ukrainiens dans la région russe de Koursk, que Kiev espérait utiliser comme monnaie d'échange en cas de pourparlers de paix.
L'armée russe a ainsi revendiqué jeudi la reprise de la petite ville de Soudja, la principale conquête ukrainienne dans cette zone depuis l'été 2024. Ce qui marquerait un revers de taille pour les troupes de Kiev.
Le même jour, Vladimir Poutine a dit que les "prochaines étapes" vers une trêve et la paix en Ukraine dépendraient du succès de son armée dans la région de Koursk où elle avance actuellement rapidement.
Les autorités ukrainiennes ont quant à elles ordonné jeudi l'évacuation de huit localités situées en Ukraine près de la région de Koursk "en raison de l'aggravation de la situation opérationnelle" et des "bombardements constants".
Au cours de sa première visite dans la région de Koursk depuis l'offensive ukrainienne, Vladimir Poutine, avait dit la veille s'attendre à ce que la région "soit bientôt complètement libérée".
Face à la percée russe, le commandant en chef de l'armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky, avait laissé entendre mercredi que ses troupes se repliaient dans la région.
Avec AFP
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