Cessez-le-feu en Ukraine: le Kremlin attend l'arrivée d'émissaires américains
Lors des pourparlers organisés sous l'égide de l'Arabie saoudite, l'Ukraine doit présenter aux États-Unis un plan de cessez-le-feu partiel avec la Russie, dans l'espoir de regagner le soutien de son principal bienfaiteur, qui, sous la présidence de Donald Trump, a exigé des concessions pour mettre fin à la guerre qui dure depuis trois ans. ©Saul Loeb /AFP

Le Kremlin attendait jeudi l'arrivée d'émissaires de Donald Trump pour discuter de sa proposition de cessez-le-feu, acceptée par l'Ukraine, Washington réclamant de Moscou une trêve "sans conditions" comme gage de bonne volonté, trois ans après le début de l'assaut russe contre son voisin.

Par avance, la Russie a averti jeudi qu'elle considèrerait l'envoi de soldats de la paix européens en Ukraine comme un "conflit armé direct" avec Moscou. "Nous répondrons par tous les moyens disponibles”, a déclaré à la presse la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.

En parallèle, l'armée russe a revendiqué la reprise de la ville de Soudja, principale conquête ukrainienne dans la région russe de Koursk. Ce qui marquerait un revers de taille pour les troupes de Kiev, privée pendant plusieurs jours de l'aide américaine en matière de renseignement. Kiev n'a pas commenté à ce stade cette annonce.

Un avion censé transporter l'émissaire américain Steve Witkoff, d'après les agences de presse russes, s'est posé en milieu de journée à l'aéroport moscovite de Vnoukovo, selon le site spécialisé Flightradar. Mais aucune source officielle n'a à ce stade confirmé l'arrivée de la délégation américaine sur le sol russe.

"Des négociateurs arrivent par avion et des contacts sont prévus", a déclaré peu auparavant le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien.

Des négociateurs américains doivent présenter aux dirigeants russes la proposition de Donald Trump d'un cessez-le-feu en Ukraine de 30 jours, acceptée par Volodymyr Zelensky, sous pression de Washington depuis une altercation dans le Bureau ovale fin février.

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a pressé mercredi Moscou d'accepter cette trêve "sans conditions" préalables, alors que jusqu'ici la Russie a toujours refusé de faire taire les armes sans une reddition complète de l'Ukraine, qui résiste depuis trois ans à l'assaut russe malgré ses forces plus faibles.

Donald Trump a dit espérer que Vladimir Poutine accepterait lui aussi ce plan, tout en restant évasif quant à la pression qu'il pourrait exercer sur son homologue russe en cas de refus.

Appel Poutine-Trump à venir?

Dmitri Peskov a ajouté qu'il était "possible" que Vladimir Poutine "ait une conversation téléphonique internationale ce soir également, assez tard", en pleines spéculations sur un appel avec Donald Trump.

"D'autres contacts ne sont pas exclus aujourd'hui et nous vous en informerons dans la mesure du possible et du nécessaire", a-t-il précisé aux journalistes.

En outre, selon lui, le conseiller américain à la sécurité nationale, Mike Waltz, et le sherpa diplomatique de Vladimir Poutine, Iouri Ouchakov, se sont parlés la veille.

MM. Poutine et Trump se sont pour leur part parlé le 12 février, un entretien suivi d'un revirement des positions américaines sur l'Ukraine, au grand dam de Kiev et des Européens.

Russes et Américains ont convenu de remettre à plat leurs relations bilatérales, en plus de régler au plus vite le dossier ukrainien et des délégations des deux pays se sont déjà rencontrées en Arabie saoudite puis en Turquie.

M. Trump a lui repris des contre-vérités portées par le Kremlin, rendant notamment Kiev responsable de l'assaut pourtant déclenché par la Russie en février 2022.

Puis, il y a eu les vives attaques lancées par le président et le vice-président américains dans le Bureau ovale contre M. Zelensky, suivies de l'interruption de l'aide militaire et du renseignement, cruciaux pour l'Ukraine.

C'est dans ce contexte que la trêve de 30 jours à été présentée par les Américains mardi à des négociateurs ukrainiens en Arabie Saoudite. Une fois cette proposition acceptée par Kiev, les États-Unis ont annoncé la reprise de leur aide et demandé à Moscou d'accepter la trêve.

Soudja reprise

Dans l'intervalle, l'armée russe, faisant face à un adversaire affaibli par la suspension de l'aide militaire américaine, a repris à une vitesse inédite des territoires occupés par les forces ukrainiennes dans la région russe de Koursk, que Kiev voulaient utiliser comme monnaie d'échange en cas de pourparlers de paix.

Les forces russes y ont revendiqué jeudi la reprise de la ville de Soudja, principale prise ukrainienne dans la région depuis l'été 2024.

Lors de sa première visite dans la région depuis l'offensive ukrainienne, Vladimir Poutine, vêtu d'un uniforme militaire, a dit mercredi s'attendre à ce que la région "soit bientôt complètement libérée".

Face à la percée russe, le commandant en chef de l'armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky, a laissé entendre mercredi que ses troupes se repliaient dans la région, même si des combats "se poursuiv(aient)", selon lui, dans la banlieue et autour de Soudja, "presque entièrement détruite".

Enfin, les belligérants ont de nouveau, pendant la nuit de mercredi à jeudi, lancé des attaques de drones.

Avec AFP

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