Cessez-le-feu en Ukraine : des négociateurs américains en route pour la Russie
Le président américain Donald Trump s'adresse aux journalistes lors d'une rencontre avec le Premier ministre irlandais Micheál Martin dans le Bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 12 mars 2025. Sur le canapé, de gauche à droite, figurent le vice-président américain JD Vance et la cheffe de cabinet de la Maison Blanche Susie Wiles. ©Mandel Ngan / AFP

Le président américain Donald Trump a annoncé mercredi que des négociateurs américains se rendaient "dès maintenant" en Russie, au moment où Washington presse Moscou d'accepter sa proposition d'un cessez-le-feu de 30 jours en Ukraine, acceptée par Kiev.

Donald Trump a dit espérer que Vladimir Poutine endosserait aussi ce plan, tout en restant évasif quant à la pression qu'il pourrait exercer sur son homologue russe en cas de refus.

Pour l'heure, le Kremlin ne s'est pas prononcé, disant attendre des États-Unis "une information complète" sur le projet de cessez-le-feu.

"Une conversation téléphonique au plus haut niveau", entre MM. Trump et Poutine, est possible dans un "délai assez court", a jugé devant la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. Au début du mois, cependant, le ministère des Affaires étrangères avait fait savoir qu'un cessez-le-feu provisoire était "inacceptable".

Le président américain a assuré mardi qu'il "allait parler" au chef de l'État russe, sans doute cette semaine.

En attendant, "des gens sont en route vers la Russie dès maintenant", a déclaré mercredi Donald Trump. La Maison Blanche a précisé que l'émissaire Steve Witkoff irait de son côté à Moscou cette semaine.

Zelensky ne fait pas "confiance" aux Russes

La proposition en vue d'un telle trêve a été formulée à l'issue de pourparlers mardi en Arabie saoudite entre responsables ukrainiens et américains, après plus de trois ans de guerre. Cette rencontre a mis fin à une période de tensions entre Kiev et Washington après l'altercation entre les présidents américain et ukrainien, Volodymyr Zelensky, à Washington.

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio, pour qui "la balle est maintenant dans le camp" des Russes, comme il l'a souligné mardi, a dit attendre leur réponse "avec impatience" pour "savoir s'ils sont prêts" à accepter le cessez-le-feu "sans conditions" préalables.

"Si la réponse est oui, alors nous savons que nous avons fait de réels progrès et il y a une véritable chance de paix. Si leur réponse est non, ce sera très malheureux et cela rendra leurs intentions claires", a-t-il lâché mercredi pendant une escale à Shannon, en Irlande.

Un peu plus tôt dans la journée, Volodymyr Zelensky a également pressé la Russie de se prononcer sur la proposition américaine, tout en assurant dans tous les cas ne pas faire "confiance" à Moscou.

"La Russie doit y répondre", a-t-il lancé au cours d'une conférence de presse. Il a appelé les États-Unis à prendre des mesures "fortes" en termes de sanctions et de soutien à l'Ukraine en cas de rejet russe.

Il a aussi précisé que les garanties de sécurité que réclame Kiev à ses alliés occidentaux seraient discutées "plus en détail" une fois la trêve en vigueur.

Conversation Trump-Poutine en vue

Marco Rubio a en outre estimé que les Européens, pour l'instant exclus des discussions avec Kiev et Moscou, allaient "devoir être impliqués" sur l'Ukraine.

Ceux-ci ont de nouveau appelé à la mise en place de garanties de sécurité destinées à dissuader la Russie de déclencher un nouvel assaut, ce qu'ils devraient rappeler au G7 des chefs des diplomaties réunis à partir de mercredi au Canada.

La Chine, un important partenaire de la Russie, a pour sa part "pris note", le même jour, de la proposition de trêve.

Dans les rues de Kiev, cette dernière a toutefois reçu un accueil mitigé. "L'idée est bonne, mais je pense que la Russie n'y consentira jamais", tranche Roman Dounaïevski, interrogé par l'AFP.

A Kramatorsk, près du front dans le Donbass, un officier ukrainien considère également que les Russes vont poursuivre leurs attaques, même en cas de cessez-le-feu.

Méfiance semblable chez des Moscovites sollicités par l'AFP. Anna Kozlova, une employée du système pénitentiaire russe, ne croit ainsi pas qu'un cessez-le-feu "mènera à la paix" et juge au contraire qu'il permettra à l'Ukraine de "se réarmer". "Et la guerre reprendra".

Sous "pression" dans la région de Koursk

Après les pourparlers de mardi en Arabie saoudite, Washington a annoncé la reprise "immédiate" de l'aide militaire et du partage du renseignement avec l'Ukraine, suspendue la semaine dernière.

Selon la Pologne, par laquelle passe jusqu'à 95 % de l'aide occidentale, les livraisons via (le centre logistique de) Jasionka "sont revenues à leurs niveaux précédents" mercredi.

Les forces ukrainiennes reculent toutefois depuis plusieurs jours dans la région russe frontalière de Koursk, dont elles occupaient depuis l'été 2024 quelques centaines de kilomètres carrés.

La perte de ces territoires priverait Kiev d'une "monnaie d'échange" dont elle comptait se servir dans de futures négociations avec la Russie, qui contrôle de son côté 20% de l'Ukraine.

Volodymyr Zelensky a constaté mercredi que les troupes russes tentaient "clairement de mettre un maximum de pression" sur le contingent ukrainien dans la région de Koursk, sans pour autant annoncer un recul. Le commandant en chef de l'armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky, a ordonné lundi l'envoi de renforts dans cette zone.

Dans le même temps, en Ukraine, les bombardements se poursuivent.

À Odessa, dans le sud, un missile balistique russe a fait mardi soir quatre morts et endommagé un cargo battant pavillon de la Barbade, selon les autorités ukrainiennes.

Tandis que dans la région russe de Koursk, une attaque ukrainienne sur une usine alimentaire a provoqué le lendemain la mort de trois hommes et d'une femme et fait deux blessés, d'après son gouverneur Alexandre Khinchtein.

C'est dans ce contexte que Vladimir Poutine a rendu visite aux unités luttant contre l'armée ukrainienne dans cette région, a annoncé mercredi le Kremlin.

Avec AFP

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