
Entre cran coloré et sobriété élégante, la Fashion Week de Paris a vu défiler des créations contrastées. Issey Miyake a marqué l'événement avec une approche sculpturale et poétique, tandis que Yohji Yamamoto a réaffirmé son esthétique sombre et intemporelle.
Le Japonais Issey Miyake a apporté couleur, humour et poésie vendredi à la Fashion Week féminine de Paris, tandis que son compatriote Yohji Yamamoto est resté fidèle au noir, sa couleur de prédilection, relevée toutefois par des touches de violet électrique.
La journée a également été marquée par les débuts très attendus de la Britannique Sarah Burton chez Givenchy. Pour cette première collection, l’ancienne directrice artistique de la maison Alexander McQueen a réinterprété Hubert de Givenchy, réinventant les classiques de la maison française avec, notamment, des tailleurs très structurés aux manches bombées, aux épaules larges et à la taille très cintrée, mélangeant les codes masculins et féminins.
Chez Issey Miyake, Satoshi Kondo a présenté un défilé approfondissant les thèmes chers à la marque japonaise: les plis, la superposition de vêtements et l’exploration des matières, avec cette fois-ci un accent particulier sur la laine panini.
"Le fil est essentiellement composé de laine et d’alpaga, mais il est également mélangé à du synthétique. Il est comprimé et repassé, puis durcit lorsqu’il est chauffé. C’est pourquoi on l’appelle panini, a expliqué à la presse le créateur japonais, qui a repris les rênes après le décès du fondateur en 2022.
Ce type de laine est idéal pour les modèles sculpturaux que Miyake a toujours explorés. Le résultat était particulièrement impressionnant avec deux silhouettes en rouge chatoyant clôturant le défilé, véritables sculptures ambulantes.
Étaient également présentés d’imposants sacs à provisions colorés se transformant en robes, d’immenses manteaux de soie blanche s’enroulant autour des mannequins, des gants de laine se métamorphosant en chapeaux ou encore des sweat-shirts vert gazon ou beige devenant des écharpes.
"J’ai toujours été intéressé par l’exploration, et j’y trouve toujours une forme de beauté. Cette collection navigue entre l’abstrait et le concret, et explore la manière dont nous pouvons percevoir des objets ordinaires sous un regard extraordinaire", a expliqué le créateur.
Final violet
Aucune surprise du côté de Yohji Yamamoto, qui a présenté ses créations dans les salons de l’Hôtel de Ville. Fidèle à son surnom de "poète noir", il a fait défiler des silhouettes entièrement vêtues de noir, avec quelques nuances de gris, un peu de blanc et des touches de violet électrique.
À 81 ans, le créateur a proposé d’amples manteaux et robes jouant sur les volumes et les superpositions, agrémentés de larges bandes de tissus nouées sur le devant, le dos ou les hanches, ainsi que de fils entortillés.
Au lieu du final traditionnel, où tous les mannequins refont une apparition rapide sur le podium, Yamamoto a opté pour une mise en scène plus symbolique. Deux mannequins en robes violettes ont pris place au centre du podium, bientôt rejointes par des silhouettes vêtues de manteaux noirs à doublure violette réversible, qu’elles ont échangés avant de repartir entièrement drapées de violet.
L’Italien Giambattista Valli a, de son côté, présenté une collection dédiée à "celles qui embrassent l’harmonie entre élégance et liberté", avec de nombreux ensembles en tissu bouclette aux fils d’ivoire et de pastels. Des robes plus sophistiquées en organza de soie aux teintes audacieuses, orange ou parme, côtoyaient des tenues bohèmes aux imprimés fleuris, ainsi que des manteaux amples brodés à la main de milliers de mèches de laine multicolores.
La Fashion Week de Paris a également accueilli la première présentation officielle d’une marque au nom des plus insolites: Matières Fécales.
Très populaire sur les réseaux sociaux, la marque fondée par Hannah Rose Dalton et Steven Raj Bhaskaran a dévoilé une collection plus commerciale que les pièces uniques habituellement vendues en ligne. Inspirée du créateur américain Rick Owens, elle comprenait des vestes en cuir et peau de mouton, une robe en mohair gris et un trench-coat d’apparence presque classique.
Enfin, la créatrice anglaise Victoria Beckham a clôturé cette cinquième journée avec une collection composée de longs trenchs et de manteaux en laine ou en tweed aux tons gris, noirs et automnaux discrets. Les vestes, aux épaules marquées, étaient oversize, tandis que les robes se distinguaient par leurs décolletés plongeants et leurs larges découpes.
Avec AFP
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