
Le Prix Pritzker 2025, l'une des plus hautes distinctions dans le domaine de l'architecture, a été attribué à l'architecte chinois Liu Jiakun. Récompensé pour son approche pragmatique, Liu Jiakun se distingue par une architecture qui fusionne esthétique, fonctionnalité et durabilité. Souvent inspirés par les besoins réels des communautés locales, ses projets s'intègrent harmonieusement dans leur environnement, tout en mettant en relief des matériaux bruts et des structures simples mais profondes.
Le Prix Pritzker, l'une des distinctions les plus prestigieuses dans le domaine de l'architecture, a été attribuée cette année à l'architecte chinois Liu Jiakun. Celui-ci est salué pour une œuvre profondément ancrée dans la réalité quotidienne de ses contemporains, résonnant particulièrement dans un monde où l'architecture peine à répondre aux défis sociaux et environnementaux croissants. Cette annonce a été faite le 4 mars par l'organisation basée à Chicago, qui précise que Liu Jiakun a été récompensé pour sa capacité à allier une vision esthétique à des solutions pragmatiques.
Miroir de la société
Le jury du Pritzker a décrit son approche comme une réponse convaincante aux besoins pressants du monde moderne, où les villes se trouvent de plus en plus divisées entre des fonctions et des espaces de plus en plus segmentés. L'architecte, né en 1956 à Chengdu, affirme que l'architecture doit dépasser les simples constructions fonctionnelles: elle doit être un miroir de la société, capable de distiller les qualités intrinsèques des populations locales et de les mettre en avant. Pour lui, chaque projet doit rendre visible l'essence des lieux et de ceux qui les habitent, en exposant des matériaux bruts et des structures simples mais profondes.
Au cours de ses quatre décennies de carrière, Liu Jiakun a signé une œuvre où l'originalité n'est pas dans l'extravagance mais dans la subtilité. Son architecture se distingue par un équilibre entre la fonctionnalité et l'intégration dans l'environnement local. “Dans un monde qui tend à créer des périphéries sans fin et ennuyeuses, il a trouvé le moyen de construire des lieux qui sont tout à la fois un bâtiment, une infrastructure, un paysage et un espace public”, a commenté Alejandro Aravena, président du jury et lauréat du prix Pritzker en 2016. L’architecte chinois a ainsi prouvé que l’on pouvait allier esthétique et utilité sans sacrifier l’intégrité des contextes locaux.
Musée des horloges
Liu Jiakun, dont les projets s'étendent à travers toute la Chine, de Chengdu à Shenzhen, a conçu plus de trente infrastructures variées, des centres culturels aux musées en passant par des centres commerciaux. Parmi ses réalisations les plus marquantes figure le Musée des horloges à Chengdu, qui se distingue par une grande structure circulaire traversée par un puits de lumière. Cette conception permet d’inonder l’espace d'une lumière naturelle, qui éclaire une galerie d’œuvres photographiques, dans un mariage subtil entre architecture et poésie.
Ce qui caractérise le travail de Liu Jiakun, c'est la discrétion de ses réalisations dans le paysage. Ses bâtiments s'intègrent harmonieusement dans leur environnement, sans chercher à éblouir par des prouesses technologiques ou des formes spectaculaires. Le jury du Pritzker salue en lui une “architecture honnête”, où les matériaux bruts et la simplicité sont privilégiés. En choisissant des matières premières locales, il soutient à la fois l'économie et l'environnement. Liu Jiakun est ainsi un défenseur de la durabilité dans un secteur souvent tourné vers l’innovation rapide et l’éphémère.
La reconnaissance de son œuvre par le Pritzker vient saluer non seulement la qualité esthétique de ses constructions, mais aussi la sagesse et le bon sens qu’il insuffle à son métier. Le jury a souligné l’intégrité de son travail, sans compromis stylistiques ni contraintes esthétiques, et sa capacité à créer des espaces qui traversent le temps et les modes.
Poète dans l’âme
Liu Jiakun succède à l'architecte japonais Riken Yamamoto dans le palmarès du Pritzker. La cérémonie officielle de remise du prix aura lieu au printemps prochain, aux Émirats arabes unis. Depuis sa création en 1979, ce prix a été décerné aux plus grandes figures de l'architecture mondiale, comme Frank Gehry, Tadao Ando, Renzo Piano, Zaha Hadid ou Jean Nouvel.
Poète dans l’âme et auteur de plusieurs ouvrages, Liu Jiakun voit l’architecture comme une forme d'art capable de façonner le comportement humain et de créer des atmosphères uniques, empreintes de sérénité et de poésie. Bien qu’il n’ait pas choisi de mêler délibérément l’écriture et l’architecture, il reconnaît un lien profond entre les deux, notamment dans la quête de narration et de beauté qui sous-tend son travail.
Avec AFP
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