L’accord sur les minerais ukrainiens est-il à l’origine de l’affrontement Trump-Zelensky?
©SERGII VOLSKYI/AFPTV/AFP

Avant de s’empoigner devant les caméras, Donald Trump et Volodymyr Zelensky devaient discuter, puis signer, un accord pour l’exploitation commune du sous-sol ukrainien. Un accord négocié pendant plusieurs jours, et dont quelques détails avaient déjà été précisés.

“Vous jouez avec la troisième guerre mondiale et ce que vous faites est très irrespectueux envers notre pays (les États-Unis) […]. On vous a déjà donné, à cause du stupide président (Joe Biden), 350 milliards (de dollars) d'équipement militaire […] Concluez un accord (avec la Russie) ou nous vous laisserons tomber.”

Vendredi 28 février, les attaques de Donald Trump et de JD Vance contre Volodymyr Zelensky, filmées dans le Bureau ovale par de nombreux médias, ont sidéré le monde entier.

Tout avait pourtant bien commencé. Le président ukrainien était arrivé en fin de matinée à la Maison Blanche pour rencontrer son homologue américain et discuter, avant signature, d’un nouvel accord pour l’exploitation commune des minerais du sous-sol ukrainien. Un accord “très équitable”, avait estimé Trump.

Et puis le ton est monté, au point de pousser le président ukrainien à couper court aux discussions et à quitter la Maison Blanche.

Accès de colère sincère ou nouveau coup de pression calculé? Pour l’instant, impossible de savoir pourquoi Donald Trump s’en est pris aussi violemment à Volodymyr Zelensky. Mais en attendant, l’accord convoité par le président américain est désormais, au mieux, mis en pause.

Récupérer les aides

Les origines de cet accord, dont les contours restent encore flous, remontent à mardi 25 février. Trump avait alors déclaré que, depuis le début de l’invasion russe il y a trois ans, les États-Unis avaient donné à l’Ukraine entre 300 et 350 milliards de dollars d’aide (des études indépendantes avancent plutôt un chiffre compris entre 100 et 150 milliards). Le président américain estimait qu’il était temps que son pays “récupère” cet argent.

L’Ukraine détiendrait environ 5% des ressources minières mondiales, notamment du graphite, du titane et du lithium, utilisés dans la fabrication de batteries, d’armements et de nombreux appareils électroniques. Une grande partie de ces terres rares demeure inexploitée. Le reste (l’équivalent de 350 milliards de dollars selon le ministère ukrainien de l’Économie) se trouve dans des territoires désormais occupés par la Russie.

Pour “récupérer” les sommes engagées, les États-Unis ont fait une première proposition, qui leur aurait permis d’exploiter des minerais ukrainiens pour une valeur de 500 milliards de dollars.Une demande rejetée par Volodymyr Zelensky, qui laissait cependant la porte ouverte à des négociations.

Ukrainiens et Américains ont rapidement trouvé un terrain d’entente autour d’un accord plus équitable, présenté officiellement au matin du 28 février, quelques heures avant la fameuse réunion à la Maison Blanche.

Ce document prévoyait la création d’un fonds d’investissement américano-ukrainien. L’Ukraine y verserait 50% des revenus issus de l’exploitation des minerais, ce qui permettrait de “promouvoir la sûreté, la sécurité et la prospérité” du pays. Parallèlement, le gouvernement américain maintiendrait “un engagement financier à long terme en faveur du développement d'une Ukraine stable et économiquement prospère”.

Rupture

C’est probablement cette dernière partie qui, en coulisse, a provoqué un nouveau refus de Zelensky, entraînant, en public, une réaction violente de Trump. Cette version de l’accord, qui devait donc être signée lors de la rencontre entre les deux présidents, ne garantit aucune protection américaine contre la Russie.

Dans les jours précédant sa visite aux États-Unis, Volodymyr Zelensky avait déclaré, à plusieurs reprises, qu’il ne signerait aucun accord ne garantissant pas la sécurité de son pays face aux Russes.

De son côté, Donald Trump avait estimé que les États-Unis n’enverraient aucune troupe, mais que la présence de travailleurs américains sur le sol ukrainien assurerait, de facto, la sécurité du pays. Selon le président américain, la protection de l’Ukraine incomberait désormais aux Européens.

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