
Le Super Bowl 2025 a sacré les Philadelphia Eagles, mais au-delà du score final, l'événement a une fois de plus confirmé son statut de vitrine commerciale mondiale. Entre les shows de la mi-temps, la présence de célébrités comme Taylor Swift et l'attente fébrile des publicités, on peut se demander si le match lui-même est encore au centre de l’attention.
Selon le Wall Street Journal, un match de la NFL contient en moyenne seulement 11 minutes de jeu effectif sur une diffusion de trois heures. Le reste? Des ralentis, des arrêts de jeu… et surtout des publicités. Ces dernières sont devenues une attraction en soi, parfois plus commentées que le match lui-même. Comment en est-on arrivé là?
Un spectacle au service du business
La National Football League (NFL) est née en 1967 de la fusion avec l’American Football League (AFL). Dès le départ, l’objectif était clair: maximiser les profits en rassemblant des millions de téléspectateurs devant leur écran. Pari réussi. Dès les premières décennies, le Super Bowl est devenu un rendez-vous incontournable, réunissant jusqu’à 65 millions de spectateurs dès les années 70.
Aujourd’hui, l’événement dépasse largement le cadre du sport. En 2024, le Super Bowl a enregistré l’audience la plus élevée depuis l’alunissage de 1969, en grande partie grâce à l’énorme battage médiatique autour des publicités. Avec un coût de 7 millions de dollars pour 30 secondes d’antenne, ces spots sont conçus comme de véritables mini-films, souvent plus attendus que l’issue du match.
Le tournant Apple
Jusqu’aux années 80, les publicités du Super Bowl étaient classiques, mettant en avant des produits sans storytelling élaboré. Tout a changé en 1984 avec Apple. Lors du Super Bowl XVIII, la marque a diffusé une publicité inspirée du roman 1984 de George Orwell, sans discours commercial ni mise en avant d’un produit. Le message était clair: Apple venait bouleverser le statu quo.
Ce spot a marqué un tournant. Plus qu’une publicité, il est devenu un événement en soi, prouvant que le Super Bowl pouvait être une scène où le marketing rivalise avec le sport en termes d’impact culturel. Depuis, chaque année, les marques rivalisent d’ingéniosité pour faire parler d’elles et certaines publicités deviennent plus iconiques que les actions du match.
Quand la publicité dicte le jeu
L’influence des marques sur le sport ne s’arrête pas au Super Bowl. La NBA, la Formule 1, la Premier League et la Coupe du Monde de la Fifa sont désormais imprégnées de marketing, avec des temps de pause optimisés pour maximiser la visibilité des sponsors.
Aujourd’hui, les annonceurs ne se contentent plus de diffuser des publicités pendant le match: ils les teasent sur les réseaux sociaux, créant une attente qui dépasse parfois celle du match lui-même. Cet effet s’appuie sur la FOMO (*Fear of Missing Out* – la peur de manquer un moment viral). Résultat: des millions de spectateurs allument leur téléviseur autant pour voir les publicités que pour suivre le match.
Le sport, un support publicitaire?
Le Super Bowl est-il encore un événement sportif, ou est-il devenu une gigantesque opération marketing? La frontière est de plus en plus floue. Si le match reste le cœur de l’événement, son attractivité repose désormais autant sur les publicités et le show que sur le jeu lui-même.
L’édition 2025 a une nouvelle fois illustré cette évolution. Entre les spots spectaculaires, les placements de produits et les célébrités en tribune, le Super Bowl est devenu un miroir du capitalisme moderne: un mélange de sport, de spectacle et de stratégie commerciale, où tout est conçu pour captiver un public toujours plus large.
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