Grand ménage à Washington: Trump frappe tous azimuts
Des personnes brandissent des pancartes lors d'une manifestation contre l'administration du président américain Donald Trump à Détroit, dans le Michigan, le 22 février 2025. ©Jeff Kowalsky / AFP

Le président américain, Donald Trump, a lancé un vaste remaniement du gouvernement fédéral depuis son retour à la Maison Blanche en janvier 2025. Des milliers de fonctionnaires ont été remerciés et plusieurs programmes ont été mis en pause. Aucun secteur n’y échappe.

Un nettoyage en haut lieu

Parmi les hauts gradés évincés, le général Charles Q. Brown Jr., président des chefs d’état-major interarmées, qui cède sa place au lieutenant-général à la retraite Dan “Razin” Caine, en attente de confirmation par le Sénat.

L’amirale Lisa Franchetti, première femme à diriger les opérations navales, a été relevée de ses fonctions. L’amiral Jim Kilby assure l’intérim.

Le général James Slife, vice-chef d’état-major de l’armée de l’air, a également été limogé. Son successeur reste à désigner.

Du côté du Pentagone, l’équipe Trump veut recentrer la Défense sur la guerre et la sécurité nationale. Le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, attaque de front les initiatives de diversité et d’inclusion mises en place sous l’ère Biden, les jugeant contre-productives et éloignées des objectifs militaires. Ces changements visent à aligner l’armée sur les priorités stratégiques de la nouvelle administration, selon Washington.

L’Administration fiscale américaine (Internal Revenue Service, IRS) est aussi dans le viseur. Environ 6.700 employés du fisc sont sur le point d’être licenciés. Ces suppressions visent essentiellement les agents recrutés sous l’administration Biden, chargés d’intensifier les contrôles fiscaux, notamment sur les grandes fortunes et les entreprises. La Maison Blanche justifie cette décision par la volonté de réduire le poids de l’administration et d’alléger la pression fiscale sur les contribuables.

Mais pour les détracteurs de cette mesure, ces licenciements affaiblissent l’IRS au profit des plus riches, limitant les contrôles sur la fraude fiscale et creusant davantage les inégalités. Certains experts alertent également sur le risque de paralysie du fisc en pleine période de déclarations d’impôts, ce qui pourrait entraîner des retards massifs dans le traitement des dossiers et des remboursements.

Choc et inquiétudes

Cette vague de licenciements fait trembler l’armée et le Congrès. Beaucoup dénoncent une politisation des forces armées et un risque pour leur efficacité. Le départ de cadres expérimentés pèse aussi sur le moral des troupes. 

Dans plusieurs villes, des manifestations ont éclaté en soutien aux officiers évincés, marquant une fracture grandissante entre l’administration Trump et une partie des citoyens. À Austin, au Texas, plusieurs centaines de protestataires ont marché autour du Capitole local, scandant des slogans tels que “C’est donc ça la démocratie!”.

Des rassemblements similaires ont eu lieu à Philadelphie, ainsi que dans les capitales des États de Californie, du Minnesota, du Michigan, du Wisconsin et de l’Indiana. Dans la foule, de nombreuses pancartes dénonçaient les actions de Donald Trump et Elon Musk.

Un autre mot d’ordre revenait régulièrement: le “Projet 2025”. C’est une feuille de route portée par l’aile la plus conservatrice du Parti républicain, conçue comme un plan de transformation radicale du gouvernement et de la société. Cette initiative alimente les craintes d’une dérive autoritaire et d’un affaiblissement des contre-pouvoirs. 

Parallèlement, plusieurs recours en justice ont été déposés par des syndicats et des organisations de défense des droits, contestant la légalité de ces licenciements et dénonçant une “dérive autoritaire”.

Musk en renfort, des pouvoirs illimités

Derrière cette refonte radicale, un homme, et pas des moindres, joue un rôle clé: Elon Musk. À la tête du Département de l’efficacité gouvernementale (Doge), il dispose d’un blanc-seing total pour remodeler l’administration fédérale selon les directives de Trump. D’ailleurs, grâce à cette décision de justice récente, Musk a désormais accès à toutes les bases de données fédérales et peut réorganiser les effectifs gouvernementaux sans restriction. C’est un pouvoir élargi qui lui permet de licencier des milliers de fonctionnaires d’un simple ordre, sans passer par les procédures administratives habituelles. 

Plus encore, le patron de SpaceX et de Tesla a exigé que les travailleurs fédéraux décrivent cinq tâches effectuées récemment dans un courriel, faute de quoi ils seraient considérés comme démissionnaires.

Ses partisans saluent un “nettoyage nécessaire” d’une bureaucratie jugée inefficace, mais ses détracteurs voient en lui le “bras armé” d’une présidence de plus en plus autoritaire. Certains élus démocrates tentent d’introduire des mesures d’urgence pour limiter son champ d’action. Mais pour l’instant, le rouleau compresseur est en marche. 

En quelques semaines, Donald Trump a reconfiguré les équilibres militaires et administratifs du pays, imposant sa vision avec une rapidité inédite. Reste à voir si cette stratégie brutale va renforcer son autorité ou si elle risque plutôt de provoquer des remous incontrôlables au sein des institutions américaines. Cette purge est loin de s’essouffler, elle représente le début d’un changement plus profond aux États-Unis dans les semaines à venir.

 

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