
Dans une publication remarquée sur le site web Al-Modon, Albert Kostanian a signé un article intitulé “L'annonce de la défaite”, ouvrant ainsi son propos: “Après près de six années de batailles médiatiques et techniques, il est temps d'annoncer la défaite.”
Cet article mérite une analyse approfondie, en mettant en lumière quelques points essentiels:
M. Kostanian admet avoir mené une bataille pendant six ans “avec une poignée d'honnêtes gens” contre “la clique des banques”. Pourtant, dans un souci de transparence, il aurait été pertinent qu'il mentionne les dizaines de millions de dollars investis par l'organisation Kulluna Irada pour influencer l'opinion publique libanaise et démanteler le système bancaire du pays, avec un double objectif: effacer la dette publique de l'État en sacrifiant les dépôts des Libanais et faire place au projet des cinq banques alternatives promu par le gouvernement de Hassane Diab.
Par ailleurs, s’il revendique une opposition farouche au Hezbollah, affirmant ne pas être un “soutien objectif” du parti, M. Kostanian omet de préciser que le défaut de paiement de l'État sous Diab, qu’il a défendu, a permis une économie de liquidités dont bénéficie directement le Hezbollah et son institution financière Al-Qard al-Hassan.
M. Kostanian prend également la défense des “conseillers”, notamment son ami Henri Chaoul, sans le nommer, qui a contribué au financement des médias pro-Kulluna Irada. Il refuse de reconnaître la nature systémique de la crise et préfère accuser les banques d’un manque de professionnalisme, feignant d’ignorer que le Conseil d'État a pourtant établi que les gouvernements successifs avaient ponctionné 62 milliards de dollars dans les dépôts des épargnants, que les banques avaient été contraintes de placer auprès de la Banque du Liban. Il passe également sous silence le fait que le défaut de paiement a anéanti plus de 30 milliards de dollars d’épargne et que les décisions judiciaires populistes qu’il a défendues ont permis de rembourser quelque 45 milliards de dollars de prêts accordés au secteur privé à hauteur de seulement 5 milliards de dollars, en raison d’un remboursement au taux de 1.500 livres pour un dollar ou par le biais de chèques bancaires en “lollars”. Résultat: une perte supplémentaire d’environ 40 milliards de dollars pour les déposants, que M. Kostanian considère ouvertement, dans son article, comme appartenant au “1% des Libanais les plus riches”, suggérant ainsi que leur spoliation serait un moindre mal… Mais tout cela importe peu à ses yeux: l’essentiel étant de démanteler le secteur bancaire et d’attiser la colère des déposants contre lui!
L’“ingénieuse” stratégie de M. Kostanian et de ses collègues de Kulluna Irada – organisation qu'il a d’ailleurs présidée un temps – repose sur un principe simple: transformer les dettes de l’État, issues de sa corruption et de sa mauvaise gestion, en “pertes “à la charge des banques plutôt que d’imposer à l’État de rembourser ses dettes. L’objectif étant de précipiter l’effondrement du système bancaire au profit d’une poignée de financiers bien connus gravitant autour de Kulluna Irada.
Quant à la tentative de minimiser l’importance du marché libanais à la veille de la paix attendue dans la région – un processus amorcé depuis 2019 –, elle ne relève que de la pure diversion. Son véritable objectif? Dissimuler l’ambition de certains d’introduire des banques alternatives, affiliées à Kulluna Irada, qui engrangeraient des dizaines de milliards de dollars sur le marché libanais.
Enfin, si M. Kostanian déplore l’absence de reddition des comptes, il est bon de rappeler que cette critique émane d’un membre d’une organisation au fonctionnement opaque, habituée à dilapider des fonds pour s’assurer des relais médiatiques et manipuler l’opinion publique, sans jamais fournir de bilans financiers transparents au ministère de l’Intérieur, comme l’exige pourtant l’autorisation dont bénéficie Kulluna Irada pour opérer dans le domaine agricole et social. Il convenait donc de le souligner!
En conclusion, le rédacteur en chef de la rubrique économique d’Al-Arabiya, Oubada al-Ladann, résume parfaitement l’essence de Kulluna Irada: “Kulluna Irada: suppression des dépôts et faillite des banques”. Nous nous réjouissons d’annoncer l’échec de ce projet funeste.
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