
New York s'enfonce un peu plus dans la crise: le conseil municipal a appelé lundi à la "démission" du maire de la mégalopole américaine, empêtré depuis plusieurs jours dans une saga politico-judiciaire sur fond de rapprochement avec l'administration Trump au sujet de l'immigration.
Le maire démocrate Eric Adams, ovni dans son propre camp dont il est issu de l'aile droite, est sous pression sur deux fronts. D'abord un feuilleton judiciaire avec des poursuites pour corruption qui rebondissent quasi-quotidiennement depuis que le gouvernement du président Donald Trump tente de faire classer l'affaire. A cela s'ajoute une crise politique locale, l'aile gauche de la plus grande ville américaine lui reprochant sa connivence avec le nouveau pouvoir sur la question de l'immigration.
Lundi, quatre influents adjoints au maire de New York ont encore plus fragilisé le fil sur lequel évolue l'édile, en indiquant qu'ils allaient démissionner.
"Ces démissions sont l'aboutissement des actions et des décisions du maire, qui ont conduit à des mois d'instabilité et compromettent désormais la souveraineté de la ville", menacée "de chaos", a écrit lundi dans un communiqué la présidente du conseil municipal de New York, Adrienne Adams.
"Il doit désormais donner la priorité à la ville de New York et aux New-Yorkais, se mettre de côté et démissionner", a-t-elle poursuivi.
Son administration, a-t-elle encore asséné, n'est plus en capacité de "gouverner efficacement avec Eric Adams comme maire".
"En raison des événements extraordinaires des dernières semaines, et pour rester fidèles aux serments que nous avons prêtés aux New-Yorkais et à nos familles, nous avons pris la décision difficile de démissionner de nos fonctions", ont écrit deux des quatre adjoints démissionnaires dans un courriel à leur équipe, consulté par le New York Times.
Les appels à la démission du maire - qui l'exclue catégoriquement tout comme il rejette les accusations de corruption dont il fait l'objet - se multiplient depuis que l'administration Trump met la pression sur la justice pour épargner à Eric Adams un procès à New York dans une affaire de pots-de-vins impliquant la Turquie.
Depuis une semaine, ces injonctions ont mené à des démissions en cascade d'au moins sept procureurs à New York et à Washington qui refusent de se plier aux ordres du ministère de la Justice.
Le numéro 2 du ministère et ancien avocat de Donald Trump, Emil Bove, a dû se résoudre vendredi à transmettre lui-même, formellement, la demande afin de lever les poursuites auprès du juge de Manhattan chargé du dossier. Ce dernier doit encore valider, ou non, la requête.
Le ministère de la Justice argue en substance qu'il s'agit de poursuites motivées politiquement et qu'elles empêchent Eric Adams d'appliquer dans la mégalopole de 8 millions d'habitants la politique voulue par Donald Trump en matière de lutte contre l'immigration clandestine.
Les détracteurs du maire, qui s'affiche ces derniers jours aux côtés du "tsar des frontières" Tom Homan - responsable du programme d'expulsions massives d'immigrés en situation irrégulière voulu par Donald Trump -, lui reprochent justement de rompre de plus en plus ostensiblement avec la tradition progressiste de New York.
Le bastion démocrate, qui a vu plus de 200.000 migrants affluer ces deux dernières années, s'est doté d'un statut de "ville sanctuaire" pour les immigrés, voté par ses élus et qui prévoit une limitation de la coopération avec la police fédérale chargée de lutter contre l'immigration irrégulière.
Or, la semaine dernière, Eric Adams s'est dit prêt à collaborer davantage avec le pouvoir central sur ce sujet, notamment en adjoignant à la police fédérale de l'immigration des agents de la police locale, la NYPD.
Comme depuis son inculpation en septembre, Eric Adams, un ancien capitaine de police, a encore botté en touche, lundi, après les démissions dans son entourage.
"Je suis déçu de les voir partir", a-t-il tout juste concédé dans un communiqué. "Mais compte-tenu des défis actuels, je comprends leur décision."
Avec AFP
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