Hussain Abdul-Hussain de FDD à Washington, D.C.: Le Liban et Israël devraient commencer à parler de paix
©Ici Beyrouth

J’ai passé les dix dernières années loin du Liban, en exil volontaire. Réclamer une paix immédiate et inconditionnelle avec Israël m’a valu d’être marginalisé, tant sur le plan intellectuel que politique. On m’a conseillé de dissimuler mon intérêt pour l’hébreu et mes amitiés israéliennes, me répétant que j’allais trop loin, que les Libanais n’étaient pas prêts. Et puis, bam! Israël a porté un coup décisif au Hezbollah et, soudain, la paix devient une option. Voilà que je ne suis plus un paria.

Mais ce texte n’est pas simplement une réflexion personnelle. Il parle de ces voix qui, au Liban, commencent à plaider pour une paix avec Israël. Si le pays n’y est pas encore, les signes sont encourageants. Le Hezbollah, bien que toujours présent, est affaibli. Il cherche à se relever, sans encore savoir comment. Il fera tout pour contrer la paix avec Israël, mais sans ses armes et sans sa capacité à imposer la violence, son opposition perdra de son impact.

Le Liban ne parle peut-être pas encore de paix, mais les signes d’un changement de mentalité sont visibles. Le simple fait que vous puissiez lire cet article dans un média libanais, six mois après une période où une telle parole aurait été impensable, montre que les choses évoluent. Sur ce même site, l’ancien ambassadeur américain, David Hale, a également publié un article intitulé: “Il serait temps pour la paix libano-israélienne.”

Il y a quelques mois, un tel article aurait provoqué un tollé. Les médias du Hezbollah auraient accusé Ici Beyrouth et ses rédacteurs de trahison. Cette fois, cependant, l'article de M. Hale a été largement diffusé. L’opposition du Hezbollah à la normalisation des relations du Liban avec Israël a eu peu d’impact, tout comme les discours de son nouveau secrétaire général, Naïm Kassem, qui captent moins d’attention que ceux de son prédécesseur, Hassan Nasrallah, tué par Israël en septembre 2024.

Des voix s’élèvent de plus en plus au Liban, même parmi les chiites, qui ont longtemps soutenu le Hezbollah. Dans une chronique en arabe, l’académicien Bachar Haidar a encouragé les Libanais à reconnaître la vérité: se débarrasser du Hezbollah, qui a bloqué le changement et les réformes, aurait été impossible sans la puissance israélienne. Certes, a-t-il souligné, Israël ne l’a pas fait par charité ni par souci des intérêts libanais, mais pour ses propres intérêts. Quoi qu'il en soit, la guerre d’Israël, qui a neutralisé le Hezbollah, a ouvert une fenêtre d’opportunité que Bachar Haidar incite ses compatriotes à saisir.

Il y a un an, M. Haidar a été la cible d’une campagne de diffamation lancée par les partisans du Hezbollah. Il avait invité un éthicien juif-américain du New Jersey à donner une conférence Zoom sur l'éthique des guerres à Gaza et au Liban. Le professeur américain, en se qualifiant de sioniste, avait provoqué un scandale, forçant Bachar Haidar à annuler l’événement.

D’autres voix s’élèvent également. Marwan al-Amine, une figure chiite influente du sud du Liban et opposant du Hezbollah, a dénoncé la milice pour son insistance à parler au nom de tous les chiites, tyranniser ses opposants et prétendre être exclue de l'État si le Premier ministre désigné, Nawaf Salam, ne cède pas à son désidérata. "Personne n'accepte que le Hezbollah continue de s'armer et de porter atteinte à la souveraineté de l'État, à l'accord de Taëf et aux résolutions internationales", a écrit Al-Amine.

Le mouvement anti-Hezbollah n’est pas encore très répandu, mais il est en train de se renforcer. Et avec lui, de plus en plus de Libanais, chiites et non chiites, se prononcent pour la paix. Comme le dit le proverbe arabe: “La pluie commence par une goutte.”

Aujourd’hui, avec un nouveau président américain qui a promis de faire de la paix sa priorité, et Israël qui prend l’initiative de désarmer le Hezbollah, il est grand temps que le mot “paix” soit entendu plus fort, non seulement par les responsables américains et israéliens, mais aussi – espérons-le – par les Libanais.

Hussain Abdul-Hussain est chercheur à la Foundation for Defense of Democracies (FDD) à Washington, D.C.

 

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