Soudan: 54 morts dans le bombardement d'un marché imputé aux paramilitaires
De nouveaux membres du département de police de l'État de Gedaref au Soudan assistent à une cérémonie de remise des diplômes dans la ville de Gedaref, à l'est du pays dévasté par la guerre, le 5 septembre 2024. ©AFP

Quarante personnes ont été tuées samedi dans un bombardement attribué aux paramilitaires soudanais contre un marché à Omdourman, proche banlieue de Khartoum, a indiqué une source médicale à l'AFP.

La source à l'hôpital Al-Nao, qui a requis l'anonymat, a déclaré que des blessés étaient "toujours amenés à l'hôpital" après cette attaque qu'elle a imputée aux Forces de soutien rapide (FSR).

Depuis avril 2023, les paramilitaires des FSR sont en guerre contre l'armée, un conflit qui a tué des dizaines de milliers de personnes et en a déraciné plus de 12 millions.

"Les roquettes sont tombées au milieu du marché aux légumes, c'est pourquoi les victimes et les blessés sont si nombreux", a déclaré un rescapé de l'attaque à l'AFP.

L'hôpital Al-Nao a un besoin urgent de "linceuls, de donneurs de sang et de brancards pour transporter les blessés", a affirmé un volontaire y travaillant. L'établissement, un des derniers à fonctionner dans la région, a lui-même été attaqué à plusieurs reprises.

Après des mois d'impasse apparente dans la capitale, l'armée y a lancé en janvier une offensive, et repris des bases clés, y compris son quartier général assiégé par les paramilitaires depuis le début de la guerre.

Les FSR ont été chassées de nombreux de leurs bastions, de plus en plus repoussées à la périphérie de la capitale.

Des témoins de l'attaque de samedi, la dernière en date à viser des civils sur des marchés, ont déclaré à l'AFP que les tirs d'artillerie, soutenus par des drones, provenaient de l'ouest d'Omdourman, encore contrôlée par les FSR.

"Des roquettes et des obus d'artillerie tombent", a déclaré un habitant d'un secteur plus au sud d'Omdurman, où, selon lui, les FSR ont lancé une attaque simultanée dans plusieurs rues.

Contre-offensive 

Vendredi, le chef de ces forces paramilitaires, Mohamed Hamdane Daglo, avait juré de chasser l'armée de la capitale, y reconnaissant ainsi indirectement pour la première fois des revers face aux forces rivales.

"Nous les avons expulsés (de Khartoum) et nous les expulserons à nouveau", a-t-il lancé, dans une rare intervention vidéo, le montrant assis derrière un bureau en tenue militaire.

Depuis le début des bombardements la visant, il y a près de 22 mois, la ville de Khartoum n'est plus que l'ombre d'elle-même, avec des quartiers entiers investis par des combattants.

Entre avril 2023 et juin 2024, 26.000 personnes ont été tuées dans la seule capitale, selon un rapport de la London School of Hygiene & Tropical Medicine, et au moins 3,6 millions de ses habitants l'ont fuie, selon les Nations unies.

Selon des témoins qui n'ont pas pu, ou voulu, partir, les habitations et zones résidentielles ont été régulièrement bombardées.

Au moins 106.000 personnes souffrent de la famine dans la capitale, selon un système de classification soutenu par des agences de l'ONU, et 3,2 millions de résidents y souffrent de la faim à des niveaux critiques.

À travers tout ce pays du nord-est de l'Afrique, la famine a été déclarée dans cinq zones, principalement dans la région occidentale du Darfour, ravagée par la guerre, et devrait en toucher cinq autres d'ici au mois de mai.

Avant de quitter ses fonctions, l'administration de l'ex-président américain Joe Biden a sanctionné le chef de l'armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, accusant ses troupes d'attaquer écoles, marchés et hôpitaux et d'utiliser la privation de nourriture comme arme de guerre.

Washington avait une semaine plus tôt imposé une mesure similaire contre M. Daglo, accusant ses forces d'avoir commis un "génocide" et pointant des "violations flagrantes des droits humains" au Darfour, où les FSR sont en position de force.

 

Avec AFP

 

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