Au moins 15 personnes ont été tuées et beaucoup d'autres blessées mercredi à Prayagraj, dans le nord de l'Inde, lors d'une bousculade pendant le pèlerinage hindou géant de la Kumbh Mela.
Organisé tous les 12 ans, ce rassemblement, présenté comme le plus important de tous les temps, réunit des dizaines de millions de fidèles venus de tout le pays et de l'étranger pour s'immerger au confluent des fleuves sacrés du Gange et de la Yamuna.
"Nous avons au moins 15 morts pour l'instant", a déclaré sous couvert d'anonymat à l'AFP un médecin de l'hôpital de tentes installé sur le site du festival, où les victimes ont été évacuées.
Les autorités n'ont pour l'heure publié aucun bilan.
Le Premier ministre ultranationaliste hindou Narendra Modi a présenté aux victimes ses "plus sincères condoléances aux fidèles qui ont perdu un proche", sans toutefois évoquer leur nombre précis.
Selon les témoignages recueillis par l'AFP, l'accident s'est produit en pleine nuit, alors que la foule se dirigeait vers les berges des fleuves pour le premier bain de mercredi, annoncé comme le point d'orgue du pèlerinage.
"J'étais assis près d'une barricade, tout le monde m'est tombé dessus pendant le mouvement de foule", a raconté à l'AFP Renu Devi, 48 ans. "Quand la foule a surgi, les personnes âgées et les femmes ont été écrasées, personne n'est venu les aider".
Fidèles et secouristes sont rapidement intervenus pour évacuer les victimes, certaines inanimées, au milieu d'un terrain jonché de vêtements, de chaussures ou d'objets abandonnés dans la panique, a constaté un photographe de l'AFP.
"Ma belle-fille Hukum Lodhi a été piétinée. Nous l'avons secourue, ainsi que sa fille de 15 ans. La fille a survécu mais ma belle-fille est morte", a-t-il ajouté.
"Mauvaise gestion"
Le chef de l'opposition indienne, Rahul Gandhi, n'a pas tardé à dénoncer la responsabilité des autorités dans l'accident.
"La mauvaise gestion et la préférence accordée par les autorités aux personnalités plutôt qu'aux simples fidèles sont responsables de ce tragique incident", a dénoncé le chef du Congrès sur X.
"Il est très difficile de contrôler des foules comme ça", avait déclaré plus tôt le chef de l'exécutif de l'État, Yogi Adityanath. "La sécurité des pèlerins est la chose la plus importante pour nous".
La Kumbh Mela 2025 a fait l'objet d'une intense promotion du gouvernement du Premier ministre ultranationaliste hindou Narendra Modi.
Si le bain rituel prévu mercredi par le groupe religieux des Akharas a été annulé, l'accident n'a pas dissuadé la grande masse des pèlerins. Selon le gouvernement d'Uttar Pradesh, plusieurs millions s'étaient déjà baignés en milieu de matinée.
Les rassemblements religieux sont régulièrement le théâtre d'accidents meurtriers en Inde, en raison d'une gestion des foules défaillante et de lacunes en matière de sécurité.
En juillet dernier, plus de 120 personnes avaient trouvé la mort, déjà dans l'État de l'Uttar Pradesh, lors d'une bousculade à un rassemblement auquel participaient plus de 250.000 fidèles pour écouter un célèbre prédicateur hindou.
Précédents
La Kumbh Mela a déjà été le théâtre de bousculades meurtrières dans le passé. En 1954, plus de 400 personnes avaient été tuées, piétinées ou noyées, en une seule journée.
Lors de sa précédente édition en 2013, le festival avait cette fois été endeuillé par la mort de 36 personnes lors d'un énorme mouvement de foule survenu dans la gare de Prayagraj.
Prévue du 13 janvier au 26 février, l'édition 2025 de la Kumbh Mela a été présentée comme celle de tous les records. Les autorités ont annoncé plus de 400 millions de participants, ce qui en ferait le plus grand rassemblement de tous les temps.
Les bains rituels qui y sont organisés permettent aux fidèles, selon la tradition hindoue, de laver leurs péchés et de se libérer du cycle des renaissances et des réincarnations.
La précédente édition avait attiré 120 millions de pèlerins, selon les autorités.
À titre de comparaison, le pèlerinage de La Mecque, en Arabie saoudite, a rassemblé environ 1,8 million de musulmans en 2024.
Pour accueillir les fidèles, les organisateurs ont bâti autour des rives des fleuves une véritable ville de tentes et de préfabriqués étendue sur une superficie équivalente aux deux tiers de la presqu'île new-yorkaise de Manhattan.
Plus de 40.000 policiers sont mobilisés pour tenter d'assurer la sécurité de l'événement, selon les autorités, qui ont cette année recours à un réseau de caméras, des drones et l'intelligence artificielle pour compter la foule et gérer ses déplacements.
Par Devesh MISHRA, AFP
Commentaires