Le secteur agricole libanais, déjà fragilisé par une situation économique complexe, se trouve aujourd'hui confronté à deux défis majeurs. D’une part, un hiver particulièrement doux qui met en péril les rendements agricoles et, d’autre part, les répercussions de la guerre qui affectent non seulement les infrastructures mais aussi les moyens de production.
Le secteur agricole navigue dans un contexte incertain vu les conditions climatiques et géopolitiques qui perturbent les pratiques agricoles et qui ont des conséquences directes sur les rendements, la qualité des cultures et les équilibres économiques.
“Le climat printanier caractérisé par des températures modérées et des pluies insuffisantes et irrégulières est l’un des facteurs majeurs affectant le secteur agricole du pays qui dépend en grande partie du climat”, a indiqué à Ici Beyrouth, le conseiller du ministre sortant de l’Agriculture, Abdallah Nasreddine. Celui-ci a précisé que le secteur agricole peut être confronté à des difficultés si les précipitations sont trop fortes ou irrégulières, entraînant des crues soudaines ou des sécheresses susceptibles d’avoir un impact négatif sur la productivité agricole.
En effet, un hiver avec des températures anormalement douces et peu de précipitations peut stimuler une croissance prématurée des fruits et légumes. Certaines plantes peuvent commencer à bourgeonner bien avant la saison. Or, un gel tardif et des tempêtes de grêle, souvent consécutifs à des températures printanières, peuvent endommager les plantes fragiles qui ont commencé à germer trop tôt, compromettant ainsi les récoltes.
De plus, l’absence d'un hiver rigoureux peut perturber le cycle de dormance de certaines plantes. En effet, de nombreuses cultures ont besoin d'un froid hivernal pour entrer dans une phase de repos primordiale à leur développement, ce qui peut rendre les plantes vulnérables à des conditions climatiques défavorables ou à des maladies.
Des précipitations en baisse de 70%
De plus, les précipitations sont en baisse de 70% par rapport aux années précédentes. Par conséquent, en l'absence d'une réserve d'eau suffisante dans le sol, les plantes peinent à se développer correctement. Le sol sec entraîne un retard de germination et de croissance, ce qui affecte le rendement final des cultures. De plus, une sécheresse prolongée aura également pour effet de réduire les réserves d'eau pour les cultures en été, période clé pour la maturation des fruits et légumes.
Au-delà de la simple réduction des rendements, un climat anormalement doux et sec peut avoir de lourdes répercussions économiques. Les agriculteurs devront faire face à une baisse de la rentabilité avec des coûts accrus pour l’irrigation. De plus, les produits peuvent perdre en qualité, ce qui affecte leur prix sur les marchés.
Les défis de la guerre
“Outre les effets du temps printanier, ajoute M. Nasreddine, le secteur agricole libanais est confronté à des défis supplémentaires us aux dommages causés par les récents bombardements israéliens qui ont visé des zones agricoles dans le sud du Liban, détruisant les récoltes et endommageant les infrastructures. Ces bombardements ont causé la perte de nombreuses récoltes, notamment dans les zones frontalières où des terres agricoles ont été détruites, aggravant le problème de sécurité alimentaire dans certaines régions”. Les moyens de subsistance agricoles des agriculteurs de ces régions ont également été affectés.
Il convient de rappeler dans ce cadre que le ministre sortant de l'Agriculture, Abbas Hajj Hassan, a lancé un plan national pour étudier et évaluer les dommages agricoles résultant des bombardements. Ce plan vise à évaluer l'étendue des dégâts sur les cultures agricoles et à identifier les secteurs les plus touchés, notamment les cultures d'oliviers et d'avocats, fortement affectées. Il prévoit également de fournir un soutien aux agriculteurs touchés, par le biais de programmes d’indemnisation, et de fournir l’assistance nécessaire à la réhabilitation des terres agricoles endommagées.
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