- Accueil
- Reportages & Émissions
- Une journée presque ordinaire à Gemmayzé
Malgré un climat ensoleillé, les terrasses des cafés de Gemmayzé étaient plutôt calmes lundi dans la matinée et les klaxons absents.
“Généralement la terrasse est pleine à l’heure du petit-déjeuner”, indique à Ici Beyrouth le manager d’un café-restaurant tendance. Hier soir, Samer était présent lorsqu’un premier convoi de mobylettes des partisans du Hezbollah a défilé dans la rue puis dans sa parallèle, la rue Pasteur.
“Il était 21h45, lorsqu’un convoi de motards du Hezbollah a afflué, muni de drapeaux du Hezb et scandant ‘chiite, chiite’”, raconte-t-il. Considérant ces agissements comme une “pure provocation”, il s’est toutefois dit satisfait qu’un barrage de police ait été mis en place peu de temps après l’incident.
Un son de cloche partagé par de nombreux autres restaurateurs, commerçants et citoyens rencontrés dans la rue, qui estiment que la présence des forces de l’ordre a “rassuré les gens”, brutalement surpris en pleine soirée entre amis.
Cent motards de 12 à 20 ans
“Ils étaient près de 100 motards âgés de 12 à 20 ans”, explique Élie, le manager du restaurant de l’hôtel Lost, qui a bien observé le déroulé des événements de dimanche soir.
“Non seulement ils ont scandé des slogans communautaires provocateurs, arborant des drapeaux de Hassan Nasrallah, du Hezbollah et de Hussein tout en brandissant le V de la victoire, ils ont aussi agressé verbalement deux dames qui dinaient tranquillement à la terrasse, en leur disant ‘yo’borné’ (ma chérie) et ‘ya helwé’ (ma jolie)”, a-t-il poursuivi. Et d’ajouter: “Le rétroviseur d’une voiture garée devant le restaurant a même été arraché”.
Pour cet habitant originaire du village de Maghdouché au Liban-Sud, ces agissements n’ont pas lieu d’être à Gemmayzé et Mar Mikhael. “Qu’ils aillent défiler au Liban-Sud pour libérer la terre, il n’y a pas d’occupant ici”, a-t-il ajouté.
Elie a également regretté le comportement de ces motards qui “crachent dans l’assiette qui les a nourris et accueillis durant la guerre” que ce soit dans son village d’origine ou ailleurs au Liban.
Plusieurs autres témoins ont également rapporté avoir entendu des “coups de feu tirés en l’air” et vu un second convoi de motards repasser dans la rue aux alentours de minuit.
D'autres personnes, comme Carla, n'étaient pourtant même pas au courant des événements de la veille. “Cela fait longtemps que je n'écoute pas les infos”, confie-t-elle. Ce n'est qu'en arrivant sur son lieu de travail que ses collègues lui ont raconté ce qui s’est passé.
Facteurs économiques
De leurs côtés, d’autres commerçants du quartier ont banalisé l’incident en estimant que c’était un lundi “plutôt ordinaire”, surtout pour une fin de mois.
Ils ont alors souligné des facteurs d’ordre économiques. “Il y a moins de monde tout simplement car les budgets des ménages sont réduits après les dépenses des fêtes de fin d’année et nous sommes un lundi du mois de janvier”, a souligné Karim, un restaurateur.
“Si ces provocations se reproduisent, cela affectera le commerce”
“Depuis 10h ce matin, je n’ai pas reçu une seule cliente. Pourtant, à cette heure-ci (il était 13h), la rue grouille de monde, de klaxons et les restaurants affichent complet”, a déploré à son tour Hilda, manager d’un magasin de vêtements.
L’affluence n’était pas non plus au rendez-vous dans les parkings en plein air. Les responsables de ces parkings craignent que “si ces provocations se reproduisent, les gens auront peur de revenir et cela risquerait fortement d’affecter notre travail et celui du quartier”.
Même si toutes les personnes rencontrées se sont dites satisfaites de voir l’intervention des rondes de police, elles ont appelé les autorités compétentes à agir “d’une main ferme”, surtout si ces agissements venaient à se reproduire.
On l’espère aussi.
Lire aussi
Commentaires