Au Liban sud, le retrait israélien prolongé, vigilance accrue face aux tensions frontalières
L'armée libanaise se déploie dans plusieurs régions du Liban-Sud. ©Al Markazia

Par une décision conjointe et sous pression internationale, le délai pour la mise en œuvre du retrait Israélien du Liban-Sud, prévu par le cessez-le-feu arrivé à expiration dimanche, a été prolongé jusqu’au 18 février prochain.

Dans un communiqué officiel publié lundi, le Premier ministre sortant Najib Mikati a indiqué que la décision de prolongation a été prise “après consultation du président de la République, le général Joseph Aoun, et du président du Parlement, Nabih Berry”, au vu des “développements dans le sud du pays et des résultats des prises de contact avec la partie américaine”.

Il a, dans ce contexte, souligné que “le Liban reste attaché à la préservation de sa souveraineté et de sa sécurité, tout en maintenant la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui régit la situation au Liban-Sud”. Et d’ajouter que “le comité de supervision veillera à l’application pleine et entière des termes de l’accord de cessez-le-feu”.

Dans le cadre de ce prolongement, le Liban a sollicité l’aide des États-Unis pour entamer des négociations concernant le retour des détenus libanais dans les prisons israéliennes, et qui ont été arrêtés au lendemain du 7 octobre 2023, date de l’offensive menée par le Hamas contre l’État hébreu.

Dans le même ordre d’idées, la Maison-Blanche a confirmé que l’accord entre le Liban et Israël resterait en vigueur jusqu’au 18 février et a indiqué que des discussions seraient entamées entre les gouvernements libanais, israélien et américain pour faciliter la libération des détenus susmentionnés. Aussi, l’envoyé spécial au Moyen-Orient, Steven Witkoff, s’est-il montré satisfait de la prolongation de l’accord entre le Liban et Israël, soulignant que des discussions constructives avaient permis de surmonter les obstacles.

Il a, de plus, salué l’élection d’un nouveau président libanais qu’il considère comme signe positif pour l’avenir du pays, affirmant que “nous travaillerons en étroite collaboration avec le chef de l’État et le nouveau gouvernement pour garantir la stabilité de la région”.

L’armée libanaise prépare son déploiement dans le sud

Parallèlement, l’armée libanaise est entrée dans les localités de Aïtaroun, Mays el-Jabal et Bani Hayyan, dans le sud du Liban, après le retrait attendu des troupes israéliennes. Les habitants de ces villages attendent la fin du déploiement de l'armée avant de retourner chez eux.

Plus tôt dans la journée, le président de la municipalité d’Aïtaroun a déclaré que, dans cette perspective, des travaux de déblaiement des décombres et d’ouverture des routes étaient en cours.

Les habitants de Mays el-Jabal, quant à eux, se sont rassemblés à l’entrée de la localité, pour s’y introduire, accompagnés des forces armées libanaises. Selon des informations non confirmées, il semblerait que l’armée israélienne soit toujours positionnée près du centre de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) à Mfaylha, à l’ouest de Mays el-Jabal et qu’elle serait en train de tirer en l’air.

Le commandement de l'armée libanaise a fait état de déploiements à Deir Mimas, situé dans la région de Marjayoun, et dans d'autres régions frontalières au sud du fleuve Litani, suite au retrait des forces israéliennes. 

D’autres rapports indiquent que l'armée libanaise est entrée dans la ville frontalière de Marwahin dans l'après-midi, tandis qu’à Houla, les habitants ont commencé à rejoindre leurs habitations.

Attaques israéliennes

Cependant, les tensions demeurent dans certaines zones, comme à Alma el-Chaab, où environ 90 maisons sur 400 ont été détruites, rendant la ville quasiment inhabitable.

Se penchant sur la situation désastreuse dans le village, le président de la municipalité de Alma el-Chaab, Jean Fakhri, a précisé que les autorités locales tentaient de fournir des services de base tels que l’électricité et l’eau, tout en espérant un soutien supplémentaire du gouvernement central.

Les forces israéliennes ont poursuivi leurs attaques, y compris une frappe aérienne par un avion de reconnaissance israélien visant une équipe de travail près de Bani Hayyan, blessant une personne. 

Des drones israéliens ont largué des bombes près de Yaroun, où les habitants ont tenté de revenir, sans faire de blessés. 

De son côté, le ministère libanais de la Santé a annoncé a fait état de deux nouveaux tuéset de 17 blessés dans un communiqué, dont un enfant et un secouriste des scouts du message islamique. Il a, par ailleurs, fait état de 24 tués et 134 blessés des suites de ces attaques perpétrées contre le Liban depuis dimanche.  

Le commandement de l'armée a annoncé quant à lui que les officiers de l'institution militaire accomplissent leurs missions dans différentes unités avec le plus haut degré de professionnalisme, conformément aux ordres de leurs commandants. Parallèlement, des travaux ont été entamés pour rouvrir et paver certaines routes, rendant accessible, entre autres, la zone de Wadi Slouki, qui avait été partiellement isolée.

Réactions israéliennes et situation sur le terrain

De son côté, le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a mis en garde contre les activités du Hezbollah dans le sud du Liban. Dans une déclaration, il a accusé la formation pro-iranienne de tenter de perturber le cessez-le-feu et de miner les efforts de déploiement de l’armée libanaise. Il a également insisté sur la nécessité d’éliminer l’influence du Hezbollah dans la région pour garantir la stabilité du Liban. Selon lui, le Hezbollah est responsable de la destruction massive du sud du pays.

Adraee a appelé les habitants du sud à ne pas se laisser manipuler par le Hezbollah et à éviter de se rendre chez eux avant qu’un signal leur soit donné dans ce sens. Il a, en outre, annoncé que l’armée israélienne continuerait à surveiller la situation de près, tout en respectant les termes du cessez-le-feu.

Il convient de rappeler que le gouvernement israélien n’a toujours pas donné de date précise pour le retour des Israéliens du nord qui avaient quitté la région depuis le début de la guerre avec le Hezbollah le 8 octobre 2023.

Au niveau de la situation sur le terrain, un vol intensif de drones a été observé dans le ciel de Beyrouth, de sa banlieue sud et de Jezzine au sud, suscitant des préoccupations parmi la population locale.

Par ailleurs et pour la première fois depuis plusieurs mois, un hélicoptère de la Finul a survolé les villages frontaliers, notamment la vallée de Wadi Slouki, indiquant une intensification de la surveillance de la zone. De son côté, l’armée libanaise a installé un nouveau poste de contrôle à l’entrée de Bani Hayyan, en direction de Markaba, afin de renforcer la sécurité et de réguler les déplacements.

Depuis la fin, dimanche, du délai accordé pour la mise en œuvre du cessez-le-feu, les habitants continuent d'affluer en grand nombre vers les localités des secteurs ouest et central, particulièrement vers Bint Jbeil, l’un des principaux foyers de la région où l'armée libanaise a renforcé son déploiement à l’heure où les forces de la Finul mènent des patrouilles régulières pour assurer la stabilité.

Enfin, les équipes de la protection civile se mobilisent sur le terrain, cherchant les corps des victimes et s'efforçant de récupérer les dépouilles dans les zones affectées. Les corps de cinq combattants du Hezbollah ont également été retrouvés le long de la route entre Deir Mimas et Kafr Kila.

Avis du commandement de l'armée 

Le commandement de l'armée a appelé les Libanais à agir de manière responsable, à la lumière des conditions que traverse le pays. Dans un communiqué publié lundi, au lendemain des convois armés organisés par le Hezbollah dimanche soir dans plusieurs régions libanaises, au motif de célébrer le retour des déplacés dans les villages frontaliers, l’armée libanaise a mis l’accent sur le danger que représentent de telles manœuvres.

Elle a, dans ce sens, annoncé que plusieurs patrouilles ont été mobilisées pour “prévenir les actes qui menacent la sécurité et la stabilité du pays”, indiquant que plusieurs personnes ont été arrêtées à la suite de ces incidents, et que d’autres sont toujours recherchées.

 

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