Les organismes économiques présidés par Mohammad Choucair réclament la création d’une Agence pour le développement des exportations.
Bien que leur demande soit, à première vue, légitime et justifiée, il semble que ces organismes économiques aient oublié ce qui s’est passé il y a seulement six ans. À l’époque, le gouvernement avait répondu à leur requête en nommant des attachés commerciaux dans une vingtaine de pays dits "stratégiques" pour les exportations libanaises.
Une initiative qui, visiblement, n’a pas fait long feu, vraisemblablement pour des raisons financières. Aujourd’hui, la question qui se pose n’est pas tant de savoir si le projet mérite d’être relancé, mais plutôt si le timing est enfin le bon… ou si, une fois de plus, ce sera rebelote. L’état des finances du Trésor ne s’est pas réellement amélioré depuis lors.
Entre utilité et réalité
En août 2023, le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a mis fin, d’un trait de plume, aux services de 15 attachés économiques sur les 20 initialement nommés en 2020 par le ministère des Affaires étrangères. Parmi eux, cinq avaient déjà démissionné.
Ces attachés économiques étaient en poste dans les ambassades libanaises suivantes: Bruxelles, Bagdad, Riyad, Abou Dhabi, Amman, Le Caire, Koweït, Moscou, Washington, Paris, Berlin, Pékin, Brasilia, Mexico, Abuja, Abidjan, Londres, Tokyo, Pretoria et Ottawa.
Cette résiliation visait à alléger le fardeau financier du Trésor, permettant des économies d’environ deux millions de dollars par an. Les attachés étaient engagés sous contrat annuel, avec un salaire moyen compris entre 10.000 et 12.000 dollars. Le contrat autorisait le ministère à les résilier moyennant un préavis de trois mois, ce qui a été respecté.
Cependant, cette décision a suscité une vive polémique dans les milieux politiques. Le débat portait sur l’opportunité de cette mesure, notamment parce que certains attachés avaient démontré une réelle productivité. Leur travail avait permis de conclure des accords économiques bénéfiques au Liban et de détecter des failles dans des accords commerciaux avec certains pays européens et arabes, qui désavantageaient l’État libanais.
Certes, le Liban a besoin de ses attachés économiques. Il a également un besoin urgent de se doter d’une agence de développement de ses exportations. Rien, en dehors de l’industrie et de l’exportation, ne peut tirer un pays de sa crise économique.
Mais encore faut-il que le Liban remplisse ses propres obligations: engager des réformes sérieuses, restaurer la confiance des partenaires internationaux et assainir ses finances publiques. Ce n’est qu’à ces conditions que le commerce avec des pays tiers pourra prospérer et contribuer à une véritable relance économique.
Commentaires