Dans un pays où l’appât du gain a supplanté les valeurs humaines et éthiques, certains médecins et pharmaciens ont fait de leur métier un commerce. En quête de profits aussi bien rapides que faciles, ils exploitent la crise économique qui frappe le pays pour transformer la prescription et la délivrance de médicaments en une activité lucrative.
Certains médecins, n’hésitant pas à violer le serment d’Hippocrate, prescrivent sans scrupule des médicaments destinés aux troubles nerveux. De leur côté, des pharmaciens facilitent leur délivrance, fermant les yeux sur des abus évidents.
Ces pratiques posent une question fondamentale: ces professionnels respectent-ils les principes d’éthique et de déontologie de leur profession?
Au Liban, certains médecins nuisent à une profession supposément noble et humanitaire de manière inadmissible, allant jusqu’à vendre des ordonnances pour des médicaments destinés au traitement des troubles nerveux et des calmants.
Selon des informations recueillies par notre confrère Houna Loubnan, certains médecins vendent des ordonnances pour des médicaments tels que le Rivotril, le Tramal ou le Benzhexol à des personnes dépendantes, moyennant 400.000 livres libanaises par ordonnance. Certains vont même jusqu’à proposer des packs de trois ordonnances pour un million de livres libanaises.
Pire encore, ces ordonnances proviennent souvent de médecins non spécialisés sans aucune indication d’usage. La majorité des acheteurs ne les utilisent pas à des fins thérapeutiques, mais pour alimenter leur consommation abusive.
Par ailleurs, certains patients multiplient les consultations chez différents médecins pour obtenir des quantités encore plus importantes de ces médicaments.
La délivrance anarchique de ces médicaments représente désormais une menace sanitaire qu’il n’est plus permis de négliger. Aucun mécanisme de contrôle ou de sanction n’est mis en place pour freiner ces pratiques. Ces médecins vénaux font totalement fi des risques sanitaires et sociaux de leurs actes.
Certains pharmaciens participent également à ce commerce illégal, reléguant aux oubliettes leur devoir éthique et se contentant de répondre à la demande sans être trop regardants. Un pharmacien a-t-il le droit de délivrer des calmants et des psychotropes de manière aussi laxiste?
Souheil Gharib, membre de l’Ordre des pharmaciens, explique à Houna Loubnan que “la majorité des pharmaciens refusent de délivrer des médicaments s’ils soupçonnent un usage détourné. Cependant, certains pharmaciens sans vergogne se laissent tenter dès lors qu’une ordonnance en bonne et due forme leur est présentée”.
Il ajoute que certains médicaments détournés à des fins récréatives sont même vendus sans ordonnance dans certaines pharmacies. “Dans ce cas, c’est au ministère de la Santé d’intervenir et de mettre en place des règles strictes pour encadrer leur délivrance”, souligne-t-il.
M. Gharib conclut en qualifiant cette situation de “fléau grave”. Il appelle à sanctionner les médecins qui facilitent l’accès à ces médicaments et demande aux pharmaciens de vérifier rigoureusement l’authenticité des prescriptions avant de délivrer de telles substances.
Reste à savoir si le ministère de la Santé et l’Ordre des pharmaciens réussiront à instaurer un contrôle efficace et à sanctionner ces pratiques, ou si ce fléau sera ignoré comme tant d’autres problèmes au Liban.
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