À l’aéroport international de Beyrouth, entre les allées et les portes d’embarquement, deux chats, Fustok et Karkar, ont trouvé un refuge précaire. C’est à la porte 2 de l’aéroport que ces deux félins ont élu domicile, dans un environnement hostile, victime de l’indifférence et de la maltraitance humaine.
Comme de nombreux animaux abandonnés au Liban, Fustok et Karkar ont connu l’horreur d’être rejetés et négligés. Abandonnés par leurs propriétaires pendant la guerre entre le Hezbollah et Israël, ils ont trouvé un semblant de sécurité grâce à la compassion du personnel de l’aéroport. En dépit des règles strictes interdisant la présence d’animaux sur le site, certains employés ont pris l’initiative de nourrir ces animaux errants et de leur offrir un peu de réconfort, dans l’espoir de trouver une solution plus pérenne.
Mais l’arrivée d’un grand nombre de passagers, coincés de longues heures dans les halls d’attente, a mis fin à cette forme de solidarité. Incapables de supporter ces animaux en détresse, certains voyageurs ont choisi de s’en prendre à eux, les maltraitant parfois volontairement. Si certains ont agi par ignorance, d’autres l’ont fait par pure malveillance.
Fustok, un chat sourd, a été abandonné avant un vol, pensant que ses “humains” reviendraient le chercher. Pendant trois jours, il est resté immobile, espérant vainement leur retour. En attendant, des passagers lui ont marché dessus, lui causant de graves blessures au cou. Il était affamé et épuisé, au bord de la mort. Ce n’est que grâce à l’intervention d’une personne bienveillante que Fustok a pu être sauvé, soigné et adopté. Aujourd’hui, il a retrouvé un semblant de vie, après deux mois de soins.
Karkar, quant à lui, a trouvé refuge sous un escalator, refusant même de bouger pour se nourrir. Victime de mauvais traitements, il tremblait de peur et de douleur, jusqu’à ce qu’une âme charitable intervienne pour l’hospitaliser. L’état de Karkar est préoccupant: il souffre de multiples traumatismes et d’une hémorragie interne. Son avenir demeure incertain, mais peu importe son sort, ceux qui l’ont maltraité ne s’en soucient guère.
Fustok et Karkar ne sont que deux exemples parmi de nombreux autres. Les rues de Beyrouth, et du Liban en général, sont jonchées d’animaux abandonnés, qui, après avoir vécu dans des foyers, sont livrés à eux-mêmes, incapables de survivre dans un environnement hostile. L’instinct peut les guider, mais cela ne suffit pas pour leur garantir une vie digne.
Malgré l’existence d’une loi sur la protection des animaux au Liban, elle est largement ignorée et rarement appliquée. Ce vide juridique est le reflet d’une société qui, malgré les principes de bienveillance prônés par les religions et les valeurs humaines, continue de traiter ses animaux avec cruauté et indifférence.
Le problème dépasse largement le cadre des animaux. Le Liban souffre d’une régression morale. Nombreux sont ceux qui, pour justifier leur comportement, invoquent de piètres excuses telles que la situation difficile, les conflits internes et même des catastrophes naturelles. C’est dans cette déresponsabilisation systématique que le mal prospère, tandis que le bien peine à s’imposer.
Si les animaux, qu’ils soient domestiques ou sauvages, coexistent avec l’homme dans notre quotidien, il est urgent de repenser leur place dans notre société. Des campagnes de sensibilisation pourraient commencer à éduquer les nouvelles générations à respecter et protéger ces créatures innocentes. Si chaque individu faisait un effort, non pas pour être “bon” avec les animaux, mais pour simplement ne pas leur faire de mal, cela suffirait à améliorer la condition de ces êtres vulnérables.
Le Liban, comme bien d’autres pays, doit encore parcourir un long chemin pour en finir avec la cruauté et l’indifférence. Les animaux ne demandent que notre respect, pas notre maltraitance. Mais peut-être faut-il d’abord que l’homme prenne conscience de ses propres faiblesses avant de pouvoir se réconcilier avec les êtres avec qui il partage ce monde.
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