Rapport trimestriel de la Bank Audi: Dans l’espoir que le pays saura saisir l’opportunité historique qui s’offre à lui
Le dernier rapport trimestriel de la Bank Audi augure des développements économiques pour le Liban. ©Ici Beyrouth

Dans son dernier rapport économique trimestriel, intitulé “Dans l’espoir que le pays saura saisir l’opportunité historique qui s’offre à lui”, la Bank Audi indique que le quatrième trimestre de 2024, qui a vu la mise en place d’un cessez-le-feu dans le pays et la chute du régime en Syrie, a ouvert de nouveaux horizons au Liban. Cette situation pourrait être très favorable, surtout après l’élection présidentielle prometteuse, si l’opportunité est saisie par les décideurs au Liban, selon le texte.

La guerre qui a duré 13 mois a causé de graves dommages à l’économie nationale par ses répercussions directes et indirectes. Les coûts sont estimés à la moitié du PIB au moins, ce qui a entraîné une contraction de l’économie globale et des pressions sur divers secteurs de l’économie réelle au cours de l’année écoulée, de sorte que le PIB devrait s’être contracté de 6% en 2024.

Les indicateurs du secteur réel ont, pour la plupart, suivi une trajectoire descendante en 2024. Parmi ces indicateurs qui ont enregistré une contraction en 2024, le rapport mentionne le nombre de passagers transitant par l'aéroport de Beyrouth, qui a diminué de 21%, la valeur des chèques compensés hors chèques en dollars en espèces (-82%), les taxes foncières (-49%), la valeur des ventes immobilières (-59%) et le nombre de touristes (-33%).

Quant aux indicateurs du secteur réel qui ont enregistré une croissance positive durant l'année 2024, le volume de marchandises au port de Beyrouth, qui a légèrement augmenté de 2%, les permis de construire (+8%) et le nombre de ventes immobilières (+60%).

Il convient de noter qu'en adoptant un taux de change officiel fixe, la balance des paiements a enregistré un excédent d'environ 8.055 millions de dollars au cours des dix premiers mois de 2024, en raison de la hausse du prix de l'or. En adoptant un prix fixe pour l’once d’or, la balance des paiements a consigné un excédent d’environ 1.758 millions de dollars. Par conséquent, en adoptant un prix fixe pour l’once d'or et un taux de change officiel fixe, la balance des paiements a inscrit un excédent réel de 1.598 millions de dollars, ce qui reflète le solde réel des fonds entrants au Liban (fonds entrants moins fonds sortants) au cours de la période.

En termes de situation monétaire, le taux de change de la livre par rapport au dollar est demeuré stable sur le marché parallèle au cours de l'année 2024. Parallèlement, l’inflation a été remarquablement contenue, atteignant 13% fin 2024, contre 204% fin 2023 et une moyenne de 173% durant les années de crise s’étendant de début 2020 à fin 2023.

Dans le secteur bancaire, l’année 2024 s’inscrit dans la continuité du schéma observé lors des cinq dernières années de crise. Les dépôts bancaires en devises ont diminué de 2,8 milliards de dollars au cours des dix premiers mois de 2024 et les prêts en devises ont diminué de 1,6 milliard de dollars au cours de la même période. En outre, l'année 2024 a continué d'être marquée par des pertes nettes dans le secteur bancaire, le total des fonds privés ayant atteint 4,6 milliards de dollars fin octobre 2024 contre 5,1 milliards de dollars à la fin de 2023, notant qu'ils avaient atteint un niveau record de 20,6 milliards de dollars au début de la crise, en octobre 2019.

Sur les marchés financiers, 2024 a été une année favorable pour les marchés actions et eurobonds. L'indice des prix du marché boursier a augmenté de 24,7% en 2024, dans un contexte de contraction relative de la liquidité, la valeur nominale des transactions diminuant d'environ 9,6% par an. Quant au marché des eurobonds, les prix des obligations souveraines libanaises ont augmenté à 12,75 cents par dollar à fin décembre 2024 contre 6 cents par dollar à fin décembre 2023, et ont poursuivi leur trajectoire ascendante en janvier 2025 pour atteindre 17 cents par dollar après l’élection présidentielle. Les investisseurs institutionnels étrangers sont optimistes quant à la possibilité d'une reprise économique dans un avenir proche.

Quant aux scénarios possibles pour 2025, avec le début d'une nouvelle année caractérisée par la reprise, une analyse minutieuse des différents scénarios doit être menée dans l'espoir que cette année constituera un changement fondamental au niveau des aspirations des Libanais, avec leurs différents spectres, croyances et affiliations, selon le rapport.

Pour ce qui est des prévisions de la Bank Audi, elles s’articulent autour de trois scénarios en 2025: le scénario positif, le scénario moyen et le scénario négatif, avec des taux de réalisation de 60%, 30% et 10%, respectivement. Il convient de noter que les perspectives pour l’année 2025 peuvent comporter quelques retournements potentiels à la hausse ou à la baisse qui pourraient représenter un écart par rapport aux perspectives des scénarios initialement établis.

Le scénario positif suppose que le cessez-le-feu tiendra tout au long de 2025, avec le lancement d'un projet de reconstruction à grande échelle avec un soutien extérieur, la fin de la crise politique intérieure, la formation d'un gouvernement compétent et efficace, le lancement tant attendu d’un ensemble de réformes. Si les conditions de ce scénario sont réunies, la croissance réelle du PIB bondira à plus de 8%, l'inflation baissera aux niveaux mondiaux, les réserves de la Banque du Liban seront considérablement renforcées et la balance des paiements enregistrera un excédent d'au moins 4 milliards de dollars.

Le scénario intermédiaire suppose que le cessez-le-feu se poursuivra tout au long de l’année 2025, mais sans provoquer de rupture dans la crise politique locale et sans lancer le paquet de réformes souhaité. Dans ce scénario, la croissance réelle du PIB serait d’environ 2%, l’inflation atteindrait environ 30%, les réserves en devises de la Banque centrale se stabiliseraient et la balance des paiements serait presque équilibrée.

Le scénario négatif suppose que la situation sécuritaire se détériorera en 2025, que la crise politique locale ne sera pas résolue et que la roue des réformes ne sera pas lancée. Dans ce scénario, l’économie libanaise se contracterait de 15%, l’inflation augmenterait à 200% au moins, les réserves en devises de la Banque centrale fondraient et la balance des paiements enregistrerait un important déficit d’au moins 5 milliards de dollars.

Après 18 mois de stabilité monétaire résultant de la politique de la Banque du Liban de ne pas financer l’État, la stabilité du taux de change reste soumise à des scénarios possibles. La livre sera certainement en mesure de maintenir sa stabilité selon le scénario positif et restera très probablement stable selon le scénario intermédiaire, tandis qu'elle se détériorera sans aucun doute selon le scénario négatif.

 

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