Le président-élu américain, Donald Trump, fait face à une série de défis complexes et variés. À une semaine de son investiture, qui aura lieu le 20 janvier, il tente de reconquérir une Amérique polarisée. Voici les principaux chantiers de sa présidence.
L’économie: un sujet central
Donald Trump a fait de l’économie un pilier de sa campagne, promettant de “mettre fin à l’inflation et rendre l’Amérique abordable”.
Sous l’administration de Joe Biden, l'inflation a atteint des niveaux que les États-Unis n'avaient pas vus depuis les années 1980. En 2022, le taux d’inflation annuel a atteint un sommet de 8,3%, son plus haut niveau depuis 40 ans.
Cependant, la capacité de Donald Trump à influencer directement les prix reste limitée quand on tient compte de l’indépendance de la banque centrale américaine (la Réserve fédérale, ou tout simplement la Fed).
Adepte de “l’économie de l’offre” (“supply-side economics”, en anglais), il mise sur une augmentation de la production énergétique nationale et des programmes de construction de logements sur des terrains fédéraux.
Dompter la fiscalité
Les données du Trésor américain donnent le vertige: en 2024, le gouvernement a collecté 4,92 billions de dollars. La principale source de revenus est l'impôt sur le revenu des personnes physiques. Quant aux dépenses, elles s’élèvent à 6,75 billions de dollars, soit un déficit de 1,83 billion.
Plus encore, le PIB moyen pour l'exercice 2024 était de 28,83 billions de dollars, soit moins que la dette américaine de 35,46 billions de dollars, ce qui donne un ratio dette/PIB de 123%.
Le terme “austérité” revient souvent sur le tapis pour effrayer les non-initiés. Il désigne un ensemble de mesures qui visent à réduire le déficit budgétaire et ralentir la progression de la dette publique, soit par une baisse des dépenses, soit par une augmentation des impôts, soit par une combinaison des deux. En termes profanes, il s’agit de “vivre selon nos moyens”, sans alimenter des bulles.
Les travaux des économistes Alberto Alesina, Carlo Favero et Francesco Giavazzi, trop exhaustifs et détaillés pour un seul article, mettent en exergue que la baisse des dépenses publiques – et, par extension, des impôts – est beaucoup plus efficace pour résorber un déficit budgétaire.
Les données empiriques montrent que la baisse des dépenses parvient généralement à réduire le ratio dette/PIB, contrairement aux hausses des impôts. Une telle baisse peut signaler aux investisseurs que les impôts futurs pourraient baisser à leur tour, stimulant ipso facto l’investissement.
Dans le cadre de son projet de réduction des dépenses gouvernementales, Donald Trump compte mettre en place un nouvel organisme, le “département de l’efficacité gouvernementale”, qui serait dirigé par Elon Musk et Vivek Ramaswamy.
L’objectif de ce département serait de simplifier et de rationaliser les opérations du gouvernement, notamment en éliminant des règlements superflus et en réduisant le volume de la bureaucratie fédérale.
Plus encore, Donald Trump propose une nouvelle série de réductions d’impôts, notamment l’extension des mesures adoptées en 2017, la baisse de l’impôt sur les sociétés à 15% et l’abolition de l’impôt sur les revenus de la Sécurité sociale.
“America First”
Donald Trump est un isolationniste, c’est-à-dire que sa politique étrangère repose sur l'idée de minimiser l'engagement des États-Unis dans les affaires mondiales, en réduisant les alliances internationales et en mettant l'accent sur la protection des intérêts nationaux avant tout.
Cela se traduit par un rejet des interventions militaires prolongées à l'étranger, une politique commerciale protectionniste et une préférence pour des accords bilatéraux plutôt que multilatéraux.
Son rejet des aides militaires à l’Ukraine et sa critique de l’OTAN soulèvent des inquiétudes parmi les alliés internationaux. Cette position marque un virage net par rapport à la politique de soutien à l'Ukraine adoptée par l'administration Biden.
L’un des aspects les plus controversés de la campagne de Donald Trump reste sa promesse de résoudre le conflit en Ukraine en seulement 24 heures.
Cette déclaration a suscité de vives critiques, certains analystes se demandant si une telle promesse était réaliste ou même responsable. En revanche, Donald Trump semble convaincu que ses relations avec Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky lui permettront de négocier un cessez-le-feu rapide.
Climat: des propositions qui font polémique
Côté climat, Donald Trump prévoit de réduire les régulations environnementales et d’abandonner les objectifs de transition énergétique de Joe Biden, notamment concernant les véhicules électriques.
L’une des premières mesures de Donald Trump sur ce front serait la suppression du “mandat des véhicules électriques”, une politique qui contraint les constructeurs automobiles à produire des véhicules électriques en plus grande quantité pour répondre aux exigences au sujet de la pollution de l'Agence pour la protection de l’environnement.
Donald Trump considère ces régulations comme un fardeau pour l’industrie automobile et un frein à la croissance des secteurs de l’énergie traditionnelle, tels que le pétrole et le gaz naturel.
Il a également évoqué un retour à la production énergétique sur le sol américain, y compris la levée des interdictions de forage offshore et l’expansion des projets d’exploitation de combustibles fossiles.
Donald Trump a d'ores et déjà qualifié le “Green New Deal” de “supercherie verte”, un programme qu'il juge nuisible aux producteurs d'énergie américains et aux familles américaines.
Il a promis de mettre fin aux subventions accordées aux énergies renouvelables, favorisant ainsi une reprise du développement des énergies fossiles, qu’il considère comme essentielles pour la croissance économique du pays.
Reste à savoir si ces promesses audacieuses marqueront un tournant historique pour l'Amérique, ouvrant la voie à une nouvelle ère de prospérité et de puissance retrouvée.
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