Les dirigeants des pays de l'Otan riverains de la mer Baltique discutent mardi en Finlande des moyens d'accroître la sécurité dans ce vaste espace maritime en réaction au sabotage présumé de plusieurs câbles sous-marins dont est soupçonnée la Russie.
Une mission de patrouille chapeautée par l'Alliance devrait être annoncée à l'issue de cette réunion pour surveiller les activités "sous, au-dessus et à la surface de la mer", estime auprès de l'AFP Iro Särkkä, chercheuse à l'Institut finlandais des affaires internationales.
Plusieurs câbles sous-marins de télécommunication et d'alimentation électrique ont été endommagés dans la mer Baltique au cours des derniers mois. Dirigeants européens et experts soupçonnent des actes de "guerre hybride" orchestrés par la Russie.
L'Alliance a déjà fourni deux navires pour surveiller les infrastructures sous-marines et la "flotte fantôme" de la Russie - des navires souvent vieillissants, mal assurés et exploités sous pavillon étranger, que Moscou est accusé d'utiliser pour transporter son pétrole en contournant les sanctions occidentales.
La Suède a annoncé mettre à disposition jusqu'à trois navires de guerre et un avion à cette même fin.
Le sommet réunira le chef de l'Alliance atlantique Mark Rutte, les dirigeants du Danemark, d'Allemagne, de Lettonie, de Lituanie, de Pologne, de Suède et la vice-présidente exécutive de la Commission européenne, Henna Virkkunen.
"Nous devons être plus résilients face à de telles actions hostiles, et nous devons clairement montrer qu'elles ne resteront pas sans réponse", a déclaré lundi Mark Rutte devant le Parlement européen.
"Les discussions se concentreront sur le renforcement de la présence de l'Otan en mer Baltique et sur la réponse à la menace que représente la flotte fantôme russe", selon la présidence finlandaise, co-hôte de la réunion avec l'Estonie.
En réaction aux ruptures de câbles, l'Alliance atlantique a annoncé fin 2024 qu'elle renforcerait sa présence militaire en mer Baltique.
"La durée de l'opération et le type de mandat qu'elle aura seront, je suppose, révélés" mardi, note Mme Särkkä.
"Choses étranges"
"Les incidents des derniers mois liés à la flotte fantôme russe et au sabotage ont poussé l'Otan à développer sa connaissance de la situation maritime en mer Baltique", ajoute la chercheuse.
Une opération maritime servirait, selon elle, de "dissuasion et de signal stratégique": l'alliance militaire se tient prête à réagir.
La Joint Expeditionary Force (JEF), dirigée par le Royaume-Uni et composée d'unités d'États nordiques et baltes, ainsi que des Pays-Bas, a fait savoir de son côté qu'elle musclerait aussi sa surveillance des infrastructures sous-marines en mer Baltique.
Le câble électrique EstLink 2, reliant la Finlande à l'Estonie, et quatre autres câbles de télécommunications ont été endommagés le 25 décembre, quelques semaines seulement après des dommages similaires sur deux câbles de télécommunications dans les eaux suédoises.
L'Eagle S, un pétrolier battant pavillon des îles Cook qui ferait partie de la "flotte fantôme" russe, est soupçonné du "sabotage" de ces câbles par la police finlandaise, qui a saisi le navire le 28 décembre dans le cadre de son enquête.
Le bâtiment est actuellement toujours ancré à Porvoo, à l'est d'Helsinki. Les autorités ont interdit à huit membres de son équipage de quitter la Finlande pendant que la police mène ses investigations.
S'exprimant lors du Forum annuel de défense Folk och Försvar, entamé dimanche, le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a souligné que "des choses étranges continuent de se produire en mer Baltique".
"Nous et nos voisins sommes soumis à des attaques hybrides qui ne sont pas menées avec des missiles ou avec des soldats mais avec des ordinateurs, de l'argent, de la désinformation et des menaces de sabotage", a-t-il déclaré.
Par Anna KORKMAN, AFP
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