Des fêtes de fin d'année sous l'ombre de la guerre
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Les fêtes de fin d’année 2024 ont été marquées par l’ombre de la guerre et les défis économiques, mais elles ont aussi été un témoignage de la résilience des Libanais. Après plusieurs mois de tension et de combats, la période des fêtes a apporté son lot de contrastes, entre l’envie de retrouver la normalité et les nombreux défis imposés par la guerre.

Le Liban, traditionnellement prisé pour ses festivités de fin d’année et ses stations de ski, a vu son secteur touristique souffrir gravement du conflit qui a opposé le Hezbollah à Israël. Conflit qui a complètement dissuadé les touristes étrangers de se rendre au pays du Cèdre et poussé de nombreux expatriés libanais à déplanifier leur séjour. Le cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël, entré en vigueur le 27 novembre, a permis à de nombreux Libanais de rentrer à la dernière minute au pays pour les fêtes de fin d’année. Toutefois, les hôtels, restaurants et boîtes de nuit qui espéraient une reprise après un été morose ont rapidement déchanté face à un afflux bien plus faible qu’espéré.

Pour ce qui est des arrivées au Liban, le président du Syndicat des propriétaires d’agences de tourisme et de voyages, Jean Abboud, a indiqué à Ici Beyrouth que “le nombre de voyageurs en décembre était plus élevé que prévu, même s’il est resté inférieur d’environ 40% à celui de décembre 2023”, estimant que le nombre de passagers arrivant au Liban était d’environ 118.000 contre 261.557 en décembre 2023.

En effet, après l’accord de cessez-le-feu, les compagnies aériennes ont progressivement repris leurs vols vers Beyrouth, ce qui a fait passer le nombre de voyageurs d’environ 6.000 à quelque 10.000 par jour, soit une hausse de 66% du trafic quotidien. Rappelons qu’en décembre 2023, 85 vols atterrissaient à l’Aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth par jour, contre environ 45 vols quotidiens en décembre 2024.

Concernant la nationalité des voyageurs, ce sont principalement des expatriés libanais, les touristes étrangers étant inexistants.

Cette reprise n’a pas du tout été ressentie par le secteur hôtelier. Le président de la Fédération des syndicats touristiques et du syndicat des hôteliers, Pierre Achkar, a déploré une très mauvaise saison des fêtes. “Le meilleur taux d’occupation tournait autour de 30%, alors que la moyenne oscillait entre 10 et 15%”, a-t-il assuré à Ici Beyrouth. Il a rappelé que la majorité des expatriés ont des logements au Liban et que pour couvrir ses frais de fonctionnement, un établissement hôtelier a besoin d’un taux d’occupation qui varie entre 30 et 50%.  

Du côté des maisons d’hôtes, le président du syndicat des propriétaires, Ramzi Salman, a avoué à Ici Beyrouth que les réservations pendant les fêtes de fin d’année étaient faibles. Il a toutefois précisé que seule la soirée du réveillon du jour de l’an avait été très bonne. Il a estimé que le taux de baisse par rapport à 2023 n’est pas représentatif, car, depuis le mois d’août, tout a dévissé pour s’arrêter complètement à cause de l’élargissement du conflit entre le Hezbollah et Israël. “Ce qui est certain, c’est que les chiffres d’affaires ont été divisés par deux”, regrette-t-il.   

Pour ce qui est des restaurateurs, le vice-président du syndicat, Khaled Nazha, a affirmé à Ici Beyrouth que la saison n’était pas “brillante”, précisant qu’il est impossible de comparer 2024 avec 2023 avec une chute de 55%, conséquence de la guerre. “Le secteur touristique, qui a besoin de stabilité, a le plus souffert du conflit”, assure-t-il avant d’expliquer que “le cessez-le-feu a été mis en place à quelques jours des fêtes et les billets d’avions étaient trop chers; ni les touristes arabes ni les touristes européens n’étaient au rendez-vous, ce qui n’a pas arrangé les choses”. Néanmoins, il a affirmé que “le secteur a tenté d’offrir le meilleur”.    

Ce qui est certain, c’est que les vacances de fin d’année ont été un rappel poignant que, malgré les difficultés, le Liban demeure une terre de résilience et d’espoir.

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