Le feu continue de ravager les abords de Los Angeles, surplombée d'une âcre fumée blanchâtre: les principaux incendies restent hors de contrôle jeudi soir dans la mégapole californienne, qui recense désormais au moins dix morts et où des renforts militaires vont être déployés.
Au nord-ouest de la deuxième ville des États-Unis, le foyer qui dévore le quartier huppé de Pacific Palisades, aux villas de multimillionnaires et de célébrités, situé entre Malibu et Santa Monica, n'était toujours pas circonscrit jeudi soir. Et ce, malgré le renfort d'hélicoptères larguant de l'eau, à la faveur d'une accalmie temporaire des vents violents qui attisent les flammes.
Pas plus que le feu qui a embrasé Altadena, même si sa propagation a été "considérablement stoppée" au cours de la nuit précédente, selon les pompiers.
Environ 180.000 personnes restent sous le coup d'un ordre d'évacuation. Les bâtiments rasés ou endommagés se comptent par milliers et le bilan s'est aggravé à au moins dix morts, ont annoncé jeudi soir les autorités.
Le président américain Joe Biden a déploré des incendies "très étendus" et "dévastateurs", lors d'une réunion de crise à quelques jours de la fin de son mandat.
Des journalistes de l'AFP ont survolé Malibu et Pacific Palisades jeudi: à la place des somptueuses villas avec vue imprenable sur l'océan, il ne reste souvent que des squelettes en ferraille, remplis de cendres.
Renforts militaires
Plusieurs centaines de renforts militaires doivent arriver sur place, a annoncé jeudi soir le gouverneur de Californie, Gavin Newsom.
Le démocrate a ordonné le déploiement de la Garde nationale, avec une double mission: assister les milliers de pompiers luttant contre le feu, et ramener l'ordre, car la région est victime de pillages. Au moins 20 personnes ont été arrêtées pour ce motif ces derniers jours. "Soyons clairs : les pillages ne seront pas tolérés", a-t-il martelé.
Au milieu des ruines d'Altadena, certains s'improvisent en justiciers et patrouillent pour protéger ce qu'il reste de leurs quartiers. Un couvre-feu a été déclaré dans les zones évacuées de la ville côtière de Santa Monica.
Nouveau foyer
Les rafales qui ont soufflé jusqu'à 160 km/h ces derniers jours, traînant des braises sur des kilomètres, se sont calmées. Mais le vent n'a pas disparu et les collines restent ultra-sèches: les conditions restent "critiques", selon les autorités.
"Les vents conservent leur caractère historique. C'est absolument sans précédent", alerte la maire de Los Angeles, Karen Bass.
L'alerte météo perdurera jusqu'à vendredi, et un "développement significatif de feux reste probable", selon les services météo.
Jeudi après-midi, un autre foyer s'est déclaré près de Calabasas et du richissime quartier de Hidden Hills, où vit notamment la star Kim Kardashian.
Le quartier mythique d'Hollywood, menacé un temps par les flammes, peut lui respirer: l'incendie dans ses collines a été maîtrisé par les pompiers, selon les autorités locales, et l'ordre d'évacuation levé jeudi matin.
Les Californiens sont invités par les autorités à économiser l'eau, car certains réservoirs alimentant les bouches d'incendie ont été vidés par le combat contre les flammes.
Le cinéma perturbé
Le président élu Donald Trump a répandu de fausses informations sur son réseau Truth Social, en affirmant que la Californie manquait d'eau à cause des politiques environnementales démocrates qui détourneraient l'eau de pluie pour protéger un "poisson inutile".
En réalité, la plupart de l'eau utilisée par Los Angeles provient du fleuve Colorado, et est utilisée en priorité par le secteur agricole.
Le "changement climatique est une réalité", a réaffirmé Joe Biden, qui cédera le pouvoir le 20 janvier à son successeur climato-sceptique.
Les incendies perturbent l'industrie du cinéma: plusieurs tournages de films et séries ont été arrêtés, et les nominations aux Oscars ont été repoussées de deux jours, au 19 janvier.
Fermé ces deux derniers jours, le parc d'attractions Universal Studios Hollywood rouvrira vendredi.
Les vents chauds et secs de Santa Ana qui soufflent actuellement sont un classique des automnes et des hivers californiens. Mais ils ont atteint cette fois une intensité jamais vue depuis 2011, selon les météorologistes.
Par Romain Fonsegrives et Paul Nolp, AFP
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