À Nimrod, site antique irakien détruit par l'EI, des archéologues reconstruisent des trésors mésopotamiens en fragments, défiant l'ampleur des destructions.
Sur le site de Nimrod, joyau de l'empire assyrien en Irak, des archéologues ont retrouvé des dizaines de milliers de fragments, vestiges d'un palais antique détruit par les jihadistes. Leur mission: recoller bas-reliefs et sculptures d'animaux mythiques pour restaurer ce patrimoine unique.
Après sa montée en puissance en 2014, le groupe État Islamique (EI) avait occupé Nimrod, pulvérisant temples et palais situés à une trentaine de kilomètres de Mossoul. Classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, le site comptait près de 500 bas-reliefs et dalles, ainsi que des lamassu, ces créatures mythiques mi-taureau ou mi-lion et mi-homme, qui ornaient le palais du roi Assurnasirpal II, construit il y a près de 3 000 ans.
Grâce à des fouilles minutieuses, plus de 35 000 fragments ont déjà été collectés. "À chaque fois qu'on remet un morceau à sa place originelle, c'est comme une nouvelle découverte", confie Abdel Ghani Ghadi, expert archéologue irakien.
Les archéologues irakiens, formés avec le soutien de l'institut Smithsonian, estiment que 70 % du travail de collecte est achevé. Mohamed Kassim, de l'Institut des recherches académiques en Irak, prévoit encore douze mois pour compléter la collecte avant d'entamer la restauration. Celle-ci nécessitera une expertise internationale en raison de l'ampleur des destructions.
Le site de Nimrod, fondé au XIIIe siècle avant J.C., témoigne de l'art et de l'architecture assyriens à leur apogée. Fouillé dès le XIXe siècle, il avait acquis une renommée mondiale lorsque des lamassu furent exposés au British Museum et au Louvre.
En visite sur place, le ministre de la Culture a salué le travail des archéologues, malgré les défis liés à la restitution des fragments. "Il faudra environ dix ans pour voir ces trésors restaurés", estime Kassim, appelant à un soutien international pour compléter cette tâche titanesque.
Avec AFP
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