Le Hezbollah, qui a accepté sans réserve les conditions du cessez-le-feu avec Israël, tente de prétexter certaines actions d’Israël au Liban-Sud pour se soustraire d’abord à cet accord et conserver ses armes, et pour dire ensuite aux membres de la communauté chiite qu’ils ne peuvent être protégés que par le parti, affirmant que l’armée, qui incarne l’État libanais, est incapable de le faire.
Le Hezbollah a lancé sa guerre de soutien sans consulter l’État libanais et a ensuite souscrit au cessez-le-feu sans que l’État n’exerce la moindre influence sur l’accord conclu. En effet, le parti négociait indirectement par l’intermédiaire du chef du mouvement Amal, Nabih Berry. Le gouvernement n’avait ni la capacité d’approuver ni celle de s’opposer à cet accord, étant donné que la décision finale revenait au parti. Il n’est donc pas permis au Hezbollah, à ce stade et sous aucune forme, de critiquer l’armée qui n’a été partie ni dans la guerre ni dans le cessez-le-feu. Celle-ci a, par ailleurs, subi les conséquences de ce conflit lorsqu’elle a été chargée de la mise en œuvre du cessez-le-feu et de la résolution 1701.
La question qui se pose est la suivante: les signataires de cet accord ont-ils informé l’armée de tous les détails implicites et explicites ainsi que des engagements qu’ils ont pris envers Israël dans ce cadre?
Le cessez-le-feu et la mise en œuvre de la résolution 1701 n’autorisent en aucun cas le Hezbollah à porter les armes. Par conséquent, tout discours tenu par les responsables du Hezbollah sur la poursuite de la résistance, le réarmement et la restauration de son infrastructure militaire constitue une violation de l’accord de cessez-le-feu et fournit un prétexte à Israël pour maintenir son occupation de territoires libanais et poursuivre ses attaques dans diverses régions du Liban.
Des observateurs du processus de mise en œuvre de cet accord ont déclaré que le Hezbollah, en l’acceptant, avait choisi volontairement de passer d’une milice armée à un parti politique qui n’a pas recours à la force pour atteindre ses objectifs. Le Hezbollah a également accepté de dissocier son parcours de celui de la révolution islamique en Iran et n’assume plus de rôle dans l’exportation ou la militarisation de cette révolution. Par conséquent, il est devenu obligatoire pour le parti de se confiner aux frontières libanaises et d’agir politiquement comme les autres partis libanais non armés. Il est à noter, de plus, que la chute du régime syrien a contribué davantage à cette nouvelle réalité.
Dans ce contexte, les observateurs se demandent pourquoi le Hezbollah souhaite conserver ses armes. La libération de la Palestine, la protection du régime d’Assad, l’approvisionnement depuis Téhéran et, surtout, la protection des Libanais – que le parti prétend assurer – sont désormais des rêves lointains. Force est de se rappeler que la moitié des Libanais ne souhaite pas être protégée par le Hezbollah. Quant à l’autre moitié, elle devra penser aux milliers de morts et de blessés, aux centaines de milliers de maisons, de biens et d’institutions détruits, aux dizaines de villages occupés, à l’assassinat du secrétaire général Hassan Nasrallah et de hauts responsables politiques et militaires du parti, à ses appareils sécuritaires et militaires infiltrés et aux centaines de milliers de déplacés. Le Hezbollah n’avait donc plus d’autre choix que de revendiquer désespérément un cessez-le-feu à tout prix.
À présent, ce qui est attendu du Hezbollah, ce n’est pas de s’en prendre à l’État et à l’armée pour couvrir une erreur fatale qu’il a lui-même commise, mais plutôt de se tourner complètement vers l’État, de lui remettre toutes ses armes, d’annoncer la dissolution de son infrastructure militaire et de s’engager à respecter la loi, la Constitution et la souveraineté. Ce n’est qu’à ce moment-là que le Hezb pourra remettre en question l’efficacité de l’État.
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