Israël face aux Houthis après avoir affaibli l'Iran et le Hezbollah
Des Yéménites brandissent des fusils et scandent des slogans lors d'une manifestation dénonçant les frappes israéliennes et en solidarité avec la Palestine dans la capitale Sanaa, contrôlée par les Houthis. ©Mohammed Huwais / AFP

Les offensives militaires israéliennes au Moyen-Orient contre les affidés de l'Iran comme le Hezbollah ont affaibli Téhéran, mais Israël reste confronté au casse-tête des attaques des Houthis du Yémen, également alliés de l'Iran, estiment des analystes.

Après les coups sévères portés au cours de l'année écoulée au Hezbollah soutenu par l'Iran, la principale menace vient désormais du groupe chiite des Houthis, qui contrôle Sanaa, la capitale du Yémen, à près de 2.000 kilomètres d'Israël.

Cette distance, combinée à la situation stratégique du Yémen le long d'une route maritime internationale majeure, complique toute réponse israélienne.

"Combattre les Houthis est difficile pour Israël pour plusieurs raisons, la principale étant la distance, qui ne permet pas des frappes fréquentes, et le manque de renseignements sur le mouvement", explique à l'AFP Michael Horowitz, responsable du renseignement pour Le Beck, une société de conseil géopolitique basée au Moyen-Orient.

Lundi, l'armée israélienne a affirmé avoir intercepté un missile lancé depuis le Yémen, revendiqué le lendemain par les Houthis.

Sceptique

M. Horowitz s'attend à ce qu'Israël adopte une stratégie similaire à celle mise en œuvre contre le Hezbollah, en ciblant éventuellement les principaux dirigeants houthis pour les assassiner et en perturbant les "itinéraires de contrebande utilisés par les Houthis", comme il l'a fait au Liban et en Syrie.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a répété que son pays allait "couper la branche terroriste de l'axe du mal iranien", et son ministre de la Défense, Israël Katz, a promis de "traquer tous les dirigeants des Houthis".

Les États-Unis, principal allié d'Israël, ont également mené des frappes contre les Houthis, afin d'empêcher le mouvement de lancer des attaques contre des navires traversant la mer Rouge.

L'analyste Yoel Guzansky est toutefois sceptique quant à la réussite de la campagne israélienne contre les Houthis. "Les Houthis restent les seuls à tirer quotidiennement (des projectiles) sur Israël, et c'est un problème qui n'est pas facile à résoudre", estime M. Guzansky, chargé de recherche à l'Institut d'études de sécurité nationale de l'université de Tel-Aviv.

Il n'y a pas de "solution magique" car les États arabes du Golfe, même s'ils ont souffert des attaques des Houthis, ont "peur d'une escalade", dit-il, ce qui oblige Israël à peser soigneusement sa réponse.

Les Houthis sont "une nuisance", renchérit Menahem Merhavy, chercheur à l'Institut Truman de l'Université hébraïque de Jérusalem. S'ils ne représentent qu'une menace "limitée" pour Israël, ils ont gravement perturbé le commerce maritime à l'échelle mondiale, souligne l'expert. Cela pourrait signifier qu'une réponse coordonnée est très probable, en particulier lorsque le président américain élu, Donald Trump, prendra ses fonctions fin janvier, dit-il.

Armes nucléaires

Au cours de son précédent mandat (2016-2020), M. Trump a négocié des accords de normalisation inédits entre Israël, les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc. La menace persistante des Houthis et les tensions régionales actuelles pourraient ouvrir la voie à des accords avec d'autres pays, selon des analystes.

"C'est tout à fait possible et encore plus probable à la lumière de la faiblesse de l'Iran", estime M. Merhavy. "L'Iran a été tellement affaibli et vulnérable que je pense qu'un accord entre Israël et l'Arabie saoudite est plus probable, surtout s'il y a une sorte de cessez-le-feu à Gaza", ajoute-t-il.

Mark Dubowitz, directeur général de la Fondation pour la défense des démocraties, un groupe de réflexion basé à Washington, observe lui que l'Iran et ses affidés sont affaiblis, mais pas totalement éliminés.

"La neutralisation des affidés de l'Iran entrave gravement sa capacité à projeter son influence dans la région et affaiblit son empreinte stratégique", estime-t-il.

Toutefois, ajoute M. Dubowitz, "l'Iran sait régénérer ses réseaux d'affidés" et pourrait accélérer le développement de son programme nucléaire, qu'il utiliserait "comme moyen de dissuasion contre d'autres actions militaires israéliennes et américaines".

Ruth Eglash, avec AFP

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