Ahmad al-Chareh reçoit le clergé de la communauté chrétienne
Le chef de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), Ahmad al-Chareh (alias Abou Mohammad al-Jolani), arrive pour une rencontre avec des responsables en visite à Damas, le 22 décembre 2024. ©Photo par AFP

Le nouveau dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a reçu mardi à Damas les représentants du clergé de la communauté chrétienne, dans un contexte d'inquiétudes parmi les minorités de Syrie qui attendent des garanties des autorités installées par une coalition rebelle conduite par un groupe islamiste radical.

Dans un pays multiconfessionnel, traumatisé par près de 14 années de guerre civile, cette coalition emmenée par le groupe sunnite Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a renversé le 8 décembre le pouvoir de Bachar al-Assad.

Confrontées aux titanesques défis de la reconstruction et de la réconciliation, les nouvelles autorités doivent aussi enchaîner les gestes d'assurance envers des minorités qui s'inquiètent après de récents incidents.

D'autant que le pouvoir de Bachar al-Assad, dont la famille issue de la minorité musulmane alaouite régnait sans partage sur le pays depuis plus d'un demi-siècle, s'est longtemps posé en protecteur des minorités --tout en réprimant toute dissidence.

"Le chef de la nouvelle administration syrienne Ahmad al-Chareh rencontre une délégation de la communauté chrétienne", a indiqué le "Commandement général" sur son compte de l'application Telegram.

Première réunion du genre, des photos montrent M. Chareh, en costume-cravate, réuni avec plusieurs représentants des Eglises chrétiennes, orthodoxe, catholique, arménienne orthodoxe, anglicane et syriaque orthodoxe notamment.

 

Transition inclusive

Des centaines de chrétiens à Damas avaient manifesté la semaine dernière quand un sapin de noël avait été incendié dans une petite localité du centre de la Syrie.

L'acte de vandalisme perpétré par des hommes masqués --des combattants étrangers d'un groupe jihadiste, selon une ONG-- avait été condamné par un responsable local de Hayat Tahrir al-Sham.

De même, des milliers de Syriens alaouites ont manifesté le 25 décembre dans plusieurs villes de Syrie après une vidéo montrant une attaque contre l'un de leurs sanctuaires.

Au micro de l'AFPTV, le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a dit espérer, "après la chute du régime criminel de Bachar al-Assad", une transition politique "qui intègre l'ensemble des communautés dans leur diversité, qui fasse respecter les droits les plus élémentaires, les libertés fondamentales."

"Notre attente principale c'est que les Syriens puissent reprendre en main leur propre destin", a précisé mardi M. Barrot, s'exprimant lors d'un déplacement au Liban.

Une femme a par ailleurs été nommée pour la première fois gouverneure par intérim de la Banque centrale, a indiqué mardi à l'AFP une source interne. Maysaa Sabrine, spécialiste financière, occupait le poste de première adjointe au gouverneur de la Banque centrale syrienne depuis 2018.

Les nouvelles autorités doivent également rassurer la communauté internationale et depuis plusieurs semaines les délégations diplomatiques se bousculent à Damas.

Le chef de la diplomatie syrienne Assaad al-Chibani a rapporté mardi un appel téléphonique avec son homologue égyptien Badr Abdelatty, les deux hommes soulignant le rôle de leurs pays dans "la stabilité et la prospérité de la région".

 

Forces kurdes

Illustrant également les efforts des nouvelles autorités en matière d'ouverture, M. Chareh a reçu lundi pour la première fois une délégation des Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition dominée par des combattants kurdes et soutenue par Washington, a indiqué à l'AFP un responsable s'exprimant sous anonymat.

Jugeant "positive" cette première rencontre, le responsable a estimé qu'il s'agissait d'une "réunion préliminaire pour jeter les bases d'un futur dialogue".

M. Chareh avait déjà affirmé que les FDS devraient être intégrées à la future armée syrienne, lors d'une interview à la chaîne Al-Arabiya diffusée dimanche soir.

Sur le terrain toutefois la tension est toujours là. Dans la métropole d'Alep (nord) des combattants proturcs ont tué mardi trois membres des forces de sécurité kurdes locale, en attaquant leur barrage de contrôle dans un quartier de la ville, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

 

Avec AFP

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