Syrie: opération sécuritaire à Tartous contre des \
Un soldat rebelle syrien se tient devant l'entrée du port de Tartous, dans l'ouest de la Syrie, le 16 décembre 2024. ©BAKR ALKASEM/AFP

Les nouvelles autorités syriennes ont lancé jeudi une opération contre des "milices" fidèles à Bachar el-Assad dans l'ouest du pays, faisant trois morts selon une ONG, au lendemain d'affrontements meurtriers et de manifestations de la minorité alaouite.

L'opération a lieu dans la province côtière de Tartous (ouest), bastion de la minorité alaouite dont est issu le président déchu, renversé le 8 décembre par une coalition de rebelles menée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS).

Elle a permis de "neutraliser un certain nombre" de membres de "milices" fidèles à Bachar el-Assad, indique l'agence de presse officielle Sana. L'objectif est de "restaurer la sécurité" dans cette région côtière, précise l'agence.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a fait état de "trois morts" dans cette opération, précisant que les victimes étaient des "combattants fidèles à l'ancien régime".

Cette ONG basée au Royaume Uni qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie a aussi rapporté plusieurs "arrestations" en lien avec des combats et des manifestations d'alaouites ayant eu lieu la veille.

Selon des témoins et l'OSDH, des milliers de Syriens ont manifesté mercredi à Tartous, Banias, Jableh, et Lattaquié dans l'ouest du pays, où est très implantée la communauté alaouite, une branche de l'islam chiite, ainsi qu'à Homs (centre), après la diffusion d'une vidéo montrant une attaque contre l'un de leurs sanctuaires.

 

- "Beaucoup de peur" -

 

Ces manifestations sont les premières depuis le renversement de M. Assad. 

"Un manifestant a été tué et cinq ont été blessés après que les forces de sécurité à Homs ont ouvert le feu pour disperser les protestataires", selon l'OSDH.

La colère des alaouites a éclaté après la diffusion d'une vidéo sur les réseaux sociaux montrant des combattants attaquer un sanctuaire à Alep (nord), selon l'OSDH. Cinq employés du sanctuaire ont péri, d'après l'Observatoire.

Alors que les autorités ont affirmé que la vidéo datait en fait de la prise d'Alep (nord) par les rebelles le 1er décembre, le ministère de l'Information a averti jeudi qu'il était "strictement interdit de diffuser ou de publier tout contenu médiatique ou information (...) visant à semer la division".

Par ailleurs, des accrochages entre des hommes armés et des forces de sécurité qui tentaient d'arrêter un officier du pouvoir déchu dans la province de Tartous ont fait 17 morts: 14 membres des forces de sécurité et trois hommes armés, selon l'OSDH.

Jeudi dans la ville côtière de Lattaquié, un correspondant de l'AFP a vu des combattants armés, la plupart cagoulés, tirer en l'air, au milieu d'une circulation dense et de bâtiments résidentiels. L'un des hommes armés crie qu'il faut "neutraliser" les pro-Assad.

À Homs, où un couvre-feu nocturne a été imposé mercredi, Hadi, 42 ans, a rapporté "un vaste déploiement des hommes de HTS dans certains quartiers ayant connu la veille des manifestations". "Les voitures sont fouillées (...) Il y a beaucoup de peur", a-t-il précisé.

Dans la capitale, les routes menant au quartier majoritairement alaouite de Mazeh 86 étaient bloquées, a constaté une correspondante de l'AFP. "Interdiction d'entrer", a lancé à un checkpoint un combattant de HTS.

Les nouvelles autorités s'efforcent de rassurer la communauté internationale et les Syriens, s'engageant à respecter les droits des minorités d'un pays traumatisé par 13 ans d'une guerre dévastatrice, déclenchée en 2011 par la répression brutale de manifestations prodémocratie, et qui a fait plus de 500.000 morts.

 

"Sentiment de vulnérabilité"

"Pour le moment nous écoutons les appels au calme (...) Mais la situation peut exploser", s'est inquiété mercredi à Lattaquié Ghidak Mayya, un manifestant de 30 ans.

Après la fuite à Moscou de Bachar al-Assad dans la foulée de l'offensive rebelle, des membres de la minorité alaouite se sont réjouis de sa chute mais ont dit craindre la marginalisation ou des représailles.

L'analyste Sam Heller de la Century Foundation, fait état d'un "certain degré d'anxiété" au sein de communautés qui craignent de devenir "des citoyens de seconde zone, au sein d'un projet politique (...) probablement majoritairement sunnite", a-t-il dit.

Les "informations sur des attaques (...) accentuent leur sentiment de vulnérabilité", dit-il à l'AFP.

Ces derniers jours, plusieurs délégations, notamment occidentales et arabes, se sont rendues à Damas pour rencontrer les nouveaux dirigeants.

Une délégation irakienne a rencontré jeudi la nouvelle administration, discutant notamment des "besoins en matière de sécurité et de stabilité à la frontière" entre les deux pays, selon Bagdad.

Le Liban, où la Syrie a exercé une influence prépondérante pendant des dizaines d'années, a dit espérer les "meilleures relations" possibles avec Damas.

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