La Suisse et l'Union européenne sont parvenues à un accord "bon et avantageux pour les deux partenaires", a affirmé vendredi la présidente suisse Viola Amherd, la cheffe de la Commission européenne Ursula von der Leyen saluant un accord "historique".
Le gouvernement suisse a donné vendredi son feu vert à un accord de rapprochement avec l'Union européenne, mais le chemin vers une éventuelle adoption définitive par le Parlement et les électeurs helvétiques sera long et semé d'embûches.
La présidente suisse et celle de la Commission européenne se sont rencontrées à Berne pour marquer "la fin des négociations matérielles entre la Suisse et l'UE".
"Ce jour marque une étape importante dans la stabilisation et le développement de nos relations bilatérales", a commenté Mme Amherd devant la presse, assurant que le gouvernement suisse "est convaincu que le résultat des négociations est bon et avantageux pour les deux partenaires".
"Cet accord entre l'UE et la Suisse est historique", a renchéri Mme von der Leyen.
"Les négociations ont été intenses et ont permis de préserver les intérêts de la Suisse et de l'UE de manière équilibrée. Cela signifie que nous sommes en mesure de rivaliser à armes égales, quels que soient les acteurs du marché de la Suisse ou de l'UE, et que tout le monde aura accès au marché unique de l'UE", a-t-elle dit.
Il aura fallu des centaines de réunions entre diplomates de Bruxelles et de Berne pour arriver à s'entendre sur une série d'accords bilatéraux qui doivent renforcer la coopération entre les deux partenaires économiques, actuellement régie par plus de 120 textes.
Un long chemin
Mais il sera aussi nécessaire de convaincre le Parlement helvétique du bien-fondé du projet et surtout le peuple, qui aura le dernier mot. Une consultation à l'issue incertaine.
"Les processus démocratiques prennent du temps. Ils ne sont pas toujours faciles, mais d'autant plus légitimes", a averti la présidente suisse vendredi.
La droite radicale, incarnée par l'Union démocratique du centre (UDC), qui a conforté son statut de premier parti de Suisse aux législatives de 2023, est vent debout contre cet accord, que Bruxelles réclame depuis 2008. Les négociations n'ont toutefois commencé qu'en 2014 et la Suisse y a brutalement mis un terme en 2021, avant d'accepter de relancer des pourparlers en mars dernier.
Contrairement aux précédentes tractations dont le but était d'établir un accord-cadre général, les négociations actuelles, que les parties veulent conclure cette année, optent pour une approche sectorielle visant à actualiser des accords bilatéraux existants et à en conclure de nouveaux (électricité et santé).
Les médias suisses, citant des sources diplomatiques, ont affirmé ces derniers jours que toutes les questions étaient réglées à l'exception du montant de la contribution suisse au Fonds de cohésion européen qui aide certains pays à rattraper leur retard de développement.
Oppositions
L'Union syndicale suisse (USS), la plus grande organisation de salariés, avait récemment réclamé des négociations supplémentaires, estimant que le texte en l'état va détériorer la qualité des salaires dans la Confédération helvétique.
Les accords sur le rail et l'électricité inquiètent aussi les syndicats.
Même pour la fédération des entreprises suisses plutôt favorable en raison des enjeux économiques, la Suisse doit avoir la possibilité de gérer elle-même l'immigration si celle-ci "dépasse les limites tolérables".
Le gouvernement fédéral a cherché pendant les négociations à obtenir une clause dite de sauvegarde pour suspendre dans certaines circonstances la libre circulation, l'un des piliers de la construction européenne.
"Soumission"
Face à la perspective d'un vote populaire difficile, le gouvernement suisse a décidé la semaine dernière, selon la télévision suisse alémanique SRF, de changer de stratégie en découpant le paquet d'accords bilatéraux à venir en quatre "tranches", soit quatre référendums.
L'UDC bataille quant à elle déjà fermement et très activement contre ce texte.
Vendredi, des députés du parti se sont rassemblés en veillée aux bougies devant le Parlement à Berne, "pour notre indépendance et notre démocratie", en signe d'opposition au "paquet de mensonges" contenu dans le "traité de soumission à l'UE".
Ils ont affirmé que la Suisse serait obligée de payer des centaines de millions de francs à "l'UE en crise", jugeant que la "logique du gouvernement est tout simplement perverse: elle nous livre, nous les Suisses, à l'UE – et nous sommes censés payer pour cela!".
Avec AFP
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