Martial Solal, le pianiste de la note libre... adieu!
Le pianiste et compositeur de jazz français Martial Solal pose lors d'une séance photo chez lui à Chatou le 28 novembre 2018. © Stephane de Sakutin / AFP

Pianiste d'exception et maître de l’improvisation, Martial Solal a marqué l'histoire du jazz avec une créativité sans bornes. Décédé à 97 ans, il laisse un héritage riche et hétéroclite, ayant porté son art jusqu’au sommet de la scène internationale.

Roi de l’improvisation, Martial Solal a marqué l’histoire du jazz comme l’un des plus grands pianistes du XXe siècle. Décédé le 12 décembre à l’âge de 97 ans, ce musicien prodige, compositeur, arrangeur et chef d’orchestre a imposé son nom sur la scène internationale, défiant les géants américains de la musique. Né à Alger en 1927 dans une famille juive, Solal s'initie d'abord au piano avec sa mère avant de se détourner des conservatoires pour s'immerger dans le jazz, un genre qui l’inspirait profondément par sa liberté improvisatrice. Sa rencontre avec le saxophoniste Lucky Starway à Alger sera une véritable révélation. "Ce qui me plaisait, c'était cette manière de prendre une mélodie, même sans intérêt, et de la modifier à sa guise. Ce fut une révélation", confiait-il.

Arrivé à Paris en 1950, en plein hiver, il connaît une ascension fulgurante. Après des débuts difficiles, il devient rapidement l'un des pianistes les plus recherchés de la capitale, jouant dans les clubs mythiques de Pigalle et du quartier Saint-Germain-des-Prés. Il accompagne les plus grands noms du jazz international, de Dizzy Gillespie à Sonny Rollins, tout en continuant à affiner son jeu et son art de l’improvisation. Il n’écoute que très peu de disques, déterminé à ne ressembler à personne, même à ceux qu’il admirait. Cette approche unique forge son style incomparable.

Solal est également un compositeur prolifique, signant de nombreuses bandes originales, dont celle de À bout de souffle de Jean-Luc Godard, un manifeste de la Nouvelle Vague. Au fil des décennies, il enregistre plus d'une centaine de disques, seul ou aux côtés d'autres grandes figures du jazz. Son amour de l’improvisation se double d'une recherche incessante pour faire évoluer le genre, cherchant sans cesse à repousser les frontières du possible. Son sens de l’humour et sa passion pour l’athlétisme étaient par ailleurs des facettes de sa personnalité, et, à plus de 90 ans, il continuait à travailler son piano deux à trois heures par jour. "Je suis content quand j'ai un concert parce que je me dis que je vais enfin entendre la musique que j'aime", déclarait-il encore en 2019.

Solal, toujours fidèle à sa vision artistique, connaît un virage important en 1963 lorsqu’il joue au prestigieux Festival de Newport, consacrant sa réputation outre-Atlantique. Cependant, après cinq mois aux États-Unis, il choisit de revenir en France pour y retrouver ses racines et sa famille. En 1999, il reçoit le Jazzpar Prize, une distinction équivalente au Nobel du jazz, une ultime reconnaissance pour ce géant de la musique. Son héritage, dense et intemporel, dépasse les frontières du jazz et demeure une source d’inspiration pour de nombreux musiciens. Martial Solal était un visionnaire qui a enrichi l’histoire du jazz de son génie incontesté et désormais incontestable.

Avec AFP

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