Sans hijab, Parastoo Ahmadi a partagé le 11 décembre un concert sur YouTube, défiant ainsi la législation iranienne sur le voile. Cet acte de résistance a provoqué une vive réaction des autorités, qui ont ouvert des poursuites judiciaires contre elle. Toutefois, le geste a également trouvé un large écho auprès de ceux qui luttent pour plus de liberté en Iran.
Le 11 décembre, Parastoo Ahmadi, chanteuse iranienne, a publié sur sa chaîne YouTube un concert filmé dans lequel elle apparaît sans le hijab, imposé par la législation iranienne aux femmes. Cette vidéo a immédiatement suscité un large élan de soutien de la part de ses admirateurs, tout en donnant lieu à l'ouverture de poursuites judiciaires contre elle. Cette prise de position audacieuse contrevient, en effet, ouvertement aux règles strictes de la République islamique, où les femmes doivent couvrir leurs cheveux en public. L'artiste, vêtue d'une longue robe noire près du corps, les épaules découvertes et sans foulard sur les cheveux, a livré une prestation de près de trente minutes. Elle était accompagnée de son groupe, dans un cadre semblable à un caravansérail traditionnel en Iran.
Nation libre
Bien que la date de l’enregistrement n’ait pas été précisée, la vidéo est perçue comme un acte symbolique puissant. En dépit de l’absence de public, Parastoo Ahmadi adresse un message de défiance sur YouTube: "Je suis Parastoo, la fille qui ne peut garder le silence et refuse d'arrêter de chanter pour le pays qu'elle aime. Écoutez ma voix dans ce concert imaginaire et rêvez d'une Nation libre et belle". À travers ses publications sur Instagram, elle avait déjà gagné un large public, notamment pour ses balades chantées en soutien aux manifestations de 2022-2023, qui avaient secoué l’Iran après la mort de Mahsa Amini.
Les autorités iraniennes ont réagi promptement. L'agence de presse Mizan, proche du pouvoir, a dénoncé ce "groupe dirigé par une chanteuse” pour avoir produit de la musique sans respecter les "règles légales et religieuses". Des poursuites ont été ouvertes contre Parastoo Ahmadi et la production du concert. L’artiste fait face à un risque de répression judiciaire, illustrant les tensions croissantes entre les aspirations des jeunes Iraniens et les autorités religieuses.
Prestation historique
Ce concert, qui pourrait être qualifié d’acte de résistance, est salué par de nombreuses figures internationales. Masih Alinejad, militante en exil, a qualifié la prestation d'“historique”, soulignant que la voix de Parastoo Ahmadi est “une arme contre la tyrannie” et que son courage incarne un défi direct à la répression. Karim Sadjadpour, analyste à la Carnegie Endowment, a estimé que ce geste représentait "un acte de courage extraordinaire", fissurant un peu plus les bases du régime théocratique iranien.
L’onde de choc de cette vidéo intervient dans un contexte particulièrement tendu, alors qu’un nouveau projet de loi pourrait durcir les sanctions contre les femmes violant le code vestimentaire. Amnesty International a averti que les femmes pourraient encourir des peines sévères, allant jusqu’à la peine de mort, dans le cadre de la loi sur "la promotion de la culture de la chasteté et du hidjab". Diana Eltahawy d'Amnesty a dénoncé cette législation comme une "persécution accrue des femmes" qui continuent de se battre pour leurs droits.
Le climat de répression se fait de plus en plus oppressant en Iran. Cependant, le courage de figures comme Parastoo Ahmadi donne un espoir renouvelé aux forces de la contestation, qui continuent de défier un régime de plus en plus isolé.
Avec AFP
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