Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken se rendra mercredi en Jordanie, puis en Turquie, pour des entretiens sur la Syrie après le renversement de Bachar al-Assad, dans le cadre d'une nouvelle tentative d'influer sur le cours des évènements dans un Moyen-Orient en pleine ébullition.
Lors des discussions qui se tiendront jeudi à Aqaba, sur la mer Rouge, et un jour plus tard à Ankara, la capitale turque, M. Blinken "réitérera le soutien des États-Unis à une transition inclusive, menée par les Syriens, vers un gouvernement responsable et représentatif", a indiqué le porte-parole du département d'État, Matthew Miller, dans un communiqué.
Il évoquera aussi "la nécessité pour le processus de transition et le nouveau gouvernement syrien de respecter les droits des minorités, de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, d'empêcher que la Syrie ne serve de base au terrorisme ou ne constitue une menace pour ses voisins, et de veiller à ce que les stocks d'armes chimiques soient sécurisés et détruits en toute sécurité", a-t-il ajouté.
Il s'agit de la douzième visite de M. Blinken au Moyen-Orient depuis le 7 octobre 2023, date à laquelle le Hamas a perpétré un massacre en Israël, qui a riposté par une campagne militaire massive dans la bande de Gaza.
Le secrétaire d'État américain entend justement lors de ce déplacement insister sur "la nécessité urgente de conclure un accord de cessez-le-feu à Gaza qui garantisse la libération des otages" encore retenus par le Hamas, a indiqué le porte-parole.
Malgré d'inlassables efforts, l'administration du président Joe Biden est sous le feu des critiques pour sa politique au Moyen-Orient et son incapacité à conclure un accord entre Israël et le Hamas.
"Crédible et non sectaire"
Lors de cette nouvelle tournée, le secrétaire d'État américain, qui est en fin de mandat, doit y faire valoir auprès de ses homologues arabe et turque les principes qu'il a énoncés pour un nouveau gouvernement "inclusif" en Syrie.
La Jordanie, pays voisin de la Syrie, est un partenaire clé des États-Unis dans la région, tandis que la Turquie est le principal soutien du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-cham (HTc), qui a mené l'offensive éclair ayant abouti à la chute de l'homme fort de Damas le weekend dernier.
Il n'est pas exclu que M. Blinken effectue d'autres étapes dans la région.
La Turquie, alliée des États-Unis dans l'Otan, s'est longtemps heurtée à Washington au sujet de la Syrie, mais elle est désormais considérée comme jouant un rôle clé pour son soutien au HTC, un ancien groupe lié à Al-Qaïda.
Mardi, le chef de la diplomatie américaine avait affirmé que les États-Unis "reconnaîtront et soutiendront pleinement le futur gouvernement syrien", ajoutant que "toutes les nations doivent s'engager à soutenir un processus inclusif et transparent".
Il s'est entretenu par téléphone lundi et mardi avec plusieurs de ses homologues dans la région dont la Turquie, l'Égypte, la Jordanie, les Émirats et le Qatar, pour y faire part de ces principes, selon le département d'État.
Selon le président Joe Biden, la chute de Bachar al-Assad représente une "opportunité historique" pour les Syriens de "construire un meilleur avenir", même si cette situation crée "des risques" et de "l'incertitude".
Le président élu Donald Trump a lui incité les États-Unis à ne pas "se mêler" de la situation en Syrie, malgré le fait que les États-Unis y disposent de quelque 900 soldats en mission contre le groupe État islamique.
"Il y a énormément de crises dans le monde. Depuis quelques jours, on en a une nouvelle en Syrie. Ils devront se débrouiller tout seuls car nous ne sommes pas impliqués là-bas, et la France non plus", a-t-il dit dans un entretien au magazine français Paris Match publié mercredi.
Il reviendra notamment à M. Trump, qui prend ses fonctions le 20 janvier et qui entretient des relations étroites avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, de déterminer comment traiter le HTC, que les États-Unis considèrent comme étant un groupe terroriste.
Léon Bruneau, avec AFP
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