Le chaos prévaut aux frontières entre le Liban et la Syrie, en particulier celles du nord-est, depuis la chute du régime de Bachar el-Assad, ce qui a permis à des milliers de Syriens d’entrer illégalement au Liban. Une majorité écrasante est composée de partisans du régime du président déchu.
Selon des informations sécuritaires, les factions rebelles syriennes prendraient prochainement le contrôle des points de passage avec le Liban, notamment les postes frontaliers de Jdeidet Yabous et Al-Qaa-Jousiyeh. Le poste de Jousiyeh, ciblé par plusieurs frappes israéliennes qui ont fortement endommagé ses infrastructures, du côté syrien de la frontière, est toujours hors service.
Selon certains rapports de sécurité relatifs à la frontière est, de nombreux Syriens ont pris la fuite avec les combattants du Hezbollah opérant en Syrie et ont été autorisés à entrer au Liban. La plupart ont transité par le Hermel. Leur nombre est estimé entre 23.000 et 30.000.
Ce groupe serait composé principalement des familles de combattants ayant soutenu le Hezbollah à Homs, notamment dans la région de Qousseir. La majorité d’entre eux appartient aux communautés chiite et alaouite. Certains sont chrétiens.
Des témoins oculaires ont ainsi rapporté que les combattants au sein de ce groupe étaient en tenue militaire. Ils ont été vus à bord de véhicules militaires qui étaient utilisés par les services de renseignement du régime Assad.
Bien qu’aucune arme visible n’ait été repérée en leur possession, des inquiétudes planent quant à la possibilité qu’ils aient introduit des armes légères pouvant servir à renforcer militairement le Hezbollah au Liban.
Au poste-frontière officiel de Masnaa, seul point de passage légal entre le Liban et la Syrie actuellement ouvert, des milliers de Syriens prorégime affluent pour fuir d’éventuelles représailles.
Il semble que le Hezbollah exercerait des pressions importantes pour leur permettre de franchir la frontière et aurait déjà forcé l’entrée de nombreux groupes, en particulier ceux en provenance des localités de Nubl, Zahraa et du quartier de Sayida Zeinab à Damas.
Ces vagues de nouveaux “déplacés” ont suscité de vives réactions au Liban, où des forces politiques, notamment au sein de l’opposition, s’y sont opposées, exprimant particulièrement des inquiétudes sécuritaires.
Des mesures plus strictes ont été depuis instaurées à Masnaa, où des milliers de Syriens attendent toujours, confiants qu’ils seraient finalement autorisés à entrer.
Le plus important reste, selon les mêmes rapports, l’entrée au Liban d’anciens officiers de l’armée syrienne, recherchés par les rebelles, avec, en leur possession, plusieurs dizaines de millions de dollars en liquide. Les services de sécurité libanais seraient au courant de leur présence. Toutefois, aucun responsable politique ou sécuritaire n’a voulu commenter officiellement cette nouvelle vague de déplacés ni l’entrée de personnalités militaires et politiques syriennes dans le pays.
Pourtant, les autorités libanaises disposent d’informations précises sur la présence au Liban de proches d’Assad, toutes catégories confondues.
Elles évitent cependant de rendre ces données publiques par crainte des réactions qu’elles susciteraient et tentent de gérer discrètement cette nouvelle crise, à la demande du Premier ministre sortant, Najib Mikati.
Beyrouth veut surtout éviter de provoquer la communauté internationale, qui poursuit les partisans d’Assad, et de contrarier le Hezbollah, déterminé à protéger ces individus à tout prix.
Il semble que les officiels libanais sont en négociation avec le Hezbollah pour limiter la durée de séjour des responsables syriens au Liban et permettre à ces derniers de se rendre ailleurs, tout en leur interdisant d’emporter les fonds qu’ils ont introduits clandestinement au Liban.
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