Syrie, l’effet domino
©Ici Beyrouth

Benjamin Netanyahou avait prévenu lors de son discours annonçant le cessez-le-feu au Liban: “Assad joue avec le feu.” Moins d’une semaine plus tard, le régime syrien prend l’eau de toutes parts.

À la manœuvre cette fois: la Turquie. Erdogan a réussi à fédérer pour l’occasion une myriade hétéroclite de milices allant des islamistes aux kurdes. Sa mission: briser le couloir iranien qui part de Téhéran, passe par Bagdad, Damas et arrive au Liban. Des officiers turcs conduiraient les combats. Villes et villages tombent sans résister les uns après les autres.

La Turquie a l’avantage d’avoir de bonnes relations, aussi bien avec les Russes que les Américains. On peut imaginer que l’opération actuellement en cours a reçu le feu vert des États-Unis. Contenir l’Iran est un objectif stratégique de Washington.

Les Russes, qui ont sauvé le régime Assad en 2015, assurent, cette fois, un service minimum. Des raids qui ne changent rien aux combats. Moscou serait-il également en train de lâcher Damas? Même si, officiellement, le Kremlin dit le contraire, ça y ressemble furieusement. En échange, Vladimir Poutine pourrait bénéficier d’un arrangement avantageux en Ukraine. La question est aujourd’hui de savoir si la décision a été prise de renverser la famille Assad ou seulement de l’affaiblir. Les semaines à venir le diront.

Les perdants sont connus, il s’agit des Iraniens et du Hezbollah. Le rêve d’accès à la Méditerranée des mollahs s’éloigne de jour en jour. L’approvisionnement en armes de la milice pro-iranienne au Liban aussi. Les images en provenance d’Alep et sa région sont éloquentes. Les affiches et portraits de Nasrallah, Soleimani, Khamenei et Assad sont publiquement arrachés et piétinés par les rebelles qui se filment comme pour désigner publiquement leurs ennemis: l’Iran et ses alliés.

À court terme, ce qui se passe en Syrie est une très mauvaise nouvelle pour le Hezbollah qui perd sa base arrière. Et, cette fois, pas question d’envoyer des milliers de combattants prêter main-forte au régime Assad. La milice chiite sort exsangue, contrairement à ses postures officielles, de la guerre de soixante-six jours avec Israël.

Le prochain domino pourrait être rapidement l’Irak. L’Iran contrôle le pays. Le pouvoir central est corrompu et ne tient pas le pays d’où sont partis de nombreux missiles contre Israël. Dans ce cas, on pourrait voir une action combinée, mais non officielle des kurdes du Nord et une reprise en main américaine au niveau du gouvernement central. Tout cela pourrait se faire rapidement. D'ici au 20 janvier.

Restera alors le gros morceau: l’Iran. Les ayatollahs, qui se sont lamentablement échoués sur les écueils de leur “axe de la résistance” – qui s’est avéré être un tigre de papier –, vont tout faire, non pas pour préserver leur programme nucléaire, mais pour sauver leur régime sérieusement menacé de l’intérieur par une implosion. Le peuple iranien est loin d’être dupe. Il a déjà tenté, sans succès, plusieurs révolutions violemment matées par les religieux. À deux reprises. Jamais deux sans trois… 

 

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