La Maison-Blanche a condamné mardi la “rhétorique irresponsable” de la Russie après que Vladimir Poutine a assoupli les règles de Moscou en matière de frappes nucléaires, mais a déclaré qu'elle ne voyait pas la nécessité de modifier son propre dispositif de forces.
“Il s'agit de la même rhétorique irresponsable de la part de la Russie, que nous avons vue au cours des deux dernières années”, a déclaré à l'AFP un porte-parole du Conseil national de sécurité américain
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a également accusé la Russie de proférer des menaces nucléaires “totalement irresponsables”, après que le président Vladimir Poutine a élargi le champ d'utilisation de l'arme atomique par Moscou.
“Ce n'est pas la première fois que Poutine fait le pari du nucléaire”, a déclaré le chef de la diplomatie sortante à la presse à l'issue des discussions des ministres de la défense à Bruxelles, au 1000e jour du conflit.
“La Russie a souscrit au principe selon lequel une guerre nucléaire ne peut pas être gagnée et ne doit donc jamais être menée”, a-t-il déclaré, avertissant que “tout appel à la guerre nucléaire est une irresponsabilité”.
Les discussions de l'UE, dominées par la nécessité de renforcer le soutien à la lutte de l'Ukraine, ont eu lieu alors que Kiev a confirmé avoir tiré des missiles à longue portée fournis par les États-Unis sur le territoire russe, ce qui, selon la Russie, marque une “nouvelle phase” dans la guerre.
M. Borrell avait pressé les États membres de s'aligner sur Washington en autorisant l'Ukraine à frapper à l'intérieur de la Russie à l'aide de missiles donnés, ce que la France semble envisager.
“Il est certain que nous sommes dans un scénario différent, avec un président différent à la Maison-Blanche, qui semble avoir des idées sur la manière de mettre fin à la guerre”, a-t-il déclaré.
Les ministres ont été rejoints par le chef de l'OTAN, Mark Rutte, qui a prévenu qu'il ne fallait pas laisser M. Poutine “faire ce qu'il veut” en Ukraine et a réitéré son appel à l'Europe pour qu'elle “intensifie son industrie de la défense”.
Plus de deux ans et demi après l'invasion de l'Ukraine par Moscou en 2022, 23 des 32 membres de l'OTAN ont atteint l'objectif de consacrer 2 % de leur produit intérieur brut à la défense, alors qu'ils n'étaient que trois il y a dix ans.
Mais le consensus qui se dégage de plus en plus est que l'Europe devra en faire plus pour s'assurer qu'elle peut se débrouiller seule.
Selon M. Borrell, M. Rutte a clairement indiqué que, compte tenu “des défis auxquels nous sommes confrontés, ce chiffre phare, ce chiffre mythique de deux pour cent ne suffira pas, et nous devons prendre davantage de mesure”
“Les Européens doivent faire plus et plus vite pour augmenter leur capacité de défense, non seulement pour soutenir l'Ukraine, mais aussi pour notre propre sécurité”, a déclaré le haut diplomate de l'UE, qui passera le mois prochain le relais à son successeur désigné, Kaja Kallas.
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