Parmi les partisans de Donald Trump, un groupe spécifique avait un intérêt très personnel à sa victoire : les accusés de l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021, qui espèrent une grâce présidentielle lorsqu'il retournera à la Maison-Blanche.
Quelques heures à peine après l'annonce des résultats, les avocats de plusieurs d'entre eux ont fiévreusement déposé des recours pour demander le report de leur prochaine audience, y compris pour le prononcé de leur peine alors qu'ils ont déjà été reconnus coupables.
S'ils ont été systématiquement déboutés jusqu'à présent, certains disent déjà sentir le vent tourner.
"Comme par magie, depuis trois jours, j'ai reçu des courriers électroniques du ministère de la Justice promettant la restitution de biens que nous réclamons depuis des années", écrit ainsi jeudi sur X l'avocat de dizaines d'accusés de l'assaut du Capitole.
"Je pense que le flot de biens rendus aux accusés du 6 janvier va se transformer en torrent dans les deux prochaines semaines", ajoute l'avocat, qui a déjà obtenu la restitution de la coiffe en fourrure aux cornes de bison et de la lance arborées par un de ses plus célèbres clients, Jacob Chansley, devenu un symbole de l'assaut du Capitole.
Une accusée, Anna Lichnovski, contre laquelle les procureurs ont requis un an de prison ferme, a demandé en vain au juge le report du prononcé de sa peine prévu vendredi "après l'investiture du président pour lui permettre de demander une grâce présidentielle", au motif que Donald Trump a évoqué cette possibilité.
"Journée d'amour"
Une autre accusée, Jaimee Avery, renvoie dans son recours à un lien vers une vidéo du 31 juillet dans laquelle le candidat républicain à l'élection présidentielle confirmait son intention de gracier les participants à l'assaut du Capitole "s'ils sont innocents".
"Ils ont été condamnés par un système très dur", répondait-il à une objection sur le fait que beaucoup d'entre eux avaient déjà été condamnés.
"Il y aurait une incohérence flagrante à ce que Mme Avery passe ne serait-ce qu'un jour en prison alors que l'homme qui a joué un rôle central dans l'organisation et l'instigation des événements du 6 janvier n'aura maintenant jamais à en subir les conséquences", fait valoir sa défense.
Donald Trump a récemment qualifié le 6 janvier 2021 de "journée d'amour" et de "débordement d'affection" à son égard.
Ce jour-là, des centaines de ses partisans chauffés à blanc par ses accusations sans fondement de fraude électorale avaient pris d'assaut le Capitole, sanctuaire de la démocratie américaine, pour tenter d'y empêcher la certification de la victoire Joe Biden.
Depuis, plus de 1.560 personnes ont été arrêtées et inculpées, dont plus de 1.200 ont été condamnées.
Donald Trump n'a pas été directement inquiété par la justice pour ces événements, bien que la commission d'enquête parlementaire sur le 6 janvier 2021 ait recommandé en décembre 2022 des poursuites pénales à son encontre, notamment pour appel à la rébellion et complot contre les institutions américaines.
Il a été inculpé en août 2023 par un tribunal fédéral à Washington puis par la justice de l'État de Géorgie (sud-est) pour ses tentatives présumées illicites d'obtenir l'inversion des résultats de l'élection de 2020.
Mais en redevenant président, il devrait échapper aux poursuites pénales, au moins jusqu'à la fin de son mandat.
Selim Saheb Ettaba, avec AFP
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