L’élection présidentielle américaine dépasse largement les frontières des États-Unis, puisqu’elle entraînera des répercussions sur le monde entier. Avec un PIB avoisinant les 28.800 milliards de dollars, ce pays est au cœur des flux d'informations, de capitaux, ainsi que des échanges de biens et de services. Il est donc crucial d’observer l'impact potentiel de cette élection sur l’économie mondiale, d'autant plus que les candidats, Donald Trump et Kamala Harris, défendent des programmes économiques radicalement opposés.
Programme économique de Donald Trump
Donald Trump mise sur la relance économique en réduisant les impôts et en soutenant les industries nationales. En effet, il s'appuie sur des principes républicains traditionnels et vise notamment à:
- Réduire les impôts sur les hauts revenus et les grandes entreprises.
- Prolonger les réductions fiscales instaurées par la loi TCJA de 2017, adoptée sous sa présidence et dont l'expiration est prévue pour 2025.
- Réduire davantage les impôts sur les bénéfices des entreprises.
- Maintenir une politique America First pour favoriser les industries locales.
- Exonérer d'impôts les revenus de la sécurité sociale et les heures supplémentaires.
- Réduire les coûts dans le secteur alimentaire.
- Renforcer la production nationale de pétrole.
- Imposer des restrictions strictes sur les importations de produits agricoles.
- Diminuer de moitié les factures énergétiques dès la première année de mandat.
- Relocaliser les industries aux États-Unis pour réduire les coûts de production.
- Appliquer des droits de douane sur les importations pour encourager l'industrie américaine et réduire la dépendance au commerce mondial.
- Augmenter les droits de douane sur toutes les importations de 10% à 20%, selon les catégories de produits.
- Hausser les droits de douane jusqu’à 60% sur les importations en provenance de Chine et jusqu'à 200% sur les véhicules fabriqués au Mexique.
L'objectif de Trump est d’augmenter les recettes fiscales par les droits de douane et d’exercer des pressions sur des pays comme la Chine, tout en incitant les entreprises à relocaliser leur production aux États-Unis.
Une étude parue en 2019 dans le Journal of Economic Perspectives estime que les droits de douane ont coûté aux consommateurs américains environ 3,2 milliards de dollars par mois en 2018.
Lors d'un récent débat avec Kamala Harris, Trump a récemment déclaré que “les autres pays devront enfin nous rembourser tout ce que nous avons fait pour le monde depuis 75 ans”. Il a également affirmé, lors d'un rassemblement au Michigan, que “les droits de douane sont, à mon avis, les plus belles des taxes”.
Toutefois, un rapport de la Tax Foundation tire la sonnette d’alarme sur le fait que les droits de douane promis par Trump pourraient annuler les bénéfices des réductions d'impôts sans pour autant compenser les pertes fiscales.
De plus, selon un rapport d'Oxford Economics, une telle politique pourrait augmenter l'inflation de 0,6% ou même plus. Trump affirme néanmoins que les hausses de taxes déjà en place n’ont pas eu d’impact inflationniste et qu'il s'engage à éradiquer l’inflation.
De son côté, le candidat républicain a affirmé au début de son dernier débat avec sa rivale démocrate, Kamala Harris, que cette dernière n’avait pas de véritable programme économique et qu’elle s’était contentée de copier celui du président Joe Biden, la qualifiant même de marxiste. Harris a répliqué en affirmant que les plans économiques de Trump aggraveraient le déficit budgétaire américain, alors que les siens visent à renforcer l'économie américaine.
Programme économique de Kamala Harris
Kamala Harris concentre son programme sur la réduction des inégalités économiques et sociales par une augmentation des dépenses publiques et un renforcement des protections sociales. Ses principales mesures visent à:
- Accroître les dépenses sociales.
- Investir dans les infrastructures.
- Augmenter le budget de la santé.
- Élargir le crédit d'impôt pour les enfants et investir dans l'éducation afin de réduire les inégalités sociales et renforcer la classe moyenne.
- Maintenir les taux d’imposition sur les revenus inférieurs à 400.000 dollars, tout en augmentant ceux sur les hauts revenus, ce qui pourrait générer 4.300 milliards de dollars de recettes supplémentaires.
- Rehausser le taux d'imposition des entreprises de 21% à 28%.
- Rétablir le crédit d'impôt élargi pour les enfants, instauré dans le cadre du Plan de sauvetage américain de 2021 proposé par les démocrates et désormais expiré. Ce dernier permet aux familles de récupérer une somme proportionnelle au nombre d'enfants à charge.
- Instaurer une loi fédérale contre la manipulation des prix des denrées alimentaires.
- Fournir une aide de 25.000 dollars aux primo-accédants à l'achat d'une propriété.
- Accorder des crédits d'impôt aux entrepreneurs construisant des logements de première nécessité.
- Créer un fonds d'innovation de 40 milliards de dollars pour encourager l’innovation dans la construction de logements.
- Plafonner à 2.000 dollars par an les coûts directs des médicaments sur ordonnance pour tous les Américains.
- Accroître les subventions aux assurances et renforcer le pouvoir de négociation des prix des médicaments dans le programme de santé.
- Abolir les taxes fédérales sur les pourboires, une proposition partagée avec Trump.
- Promouvoir le secteur de l’énergie propre.
- Rendre les médicaments sur ordonnance plus accessibles et abordables.
- Augmenter les impôts sur les grandes entreprises et les hauts revenus, générant potentiellement jusqu'à 4.300 milliards de dollars de recettes supplémentaires.
Le plan économique de Kamala Harris vise à alléger les charges et à créer des opportunités pour les ménages de la classe moyenne et à faibles revenus, notamment grâce à des allégements fiscaux ciblés.
La Commission budgétaire fédérale estime toutefois que le plan de Harris pourrait accroître le déficit de 1.700 milliards de dollars sur dix ans, en raison des dépenses publiques importantes nécessaires pour financer les infrastructures et les programmes sociaux. Ce déficit budgétaire et la dette nationale pourraient augmenter si des mesures de hausse des recettes ne sont pas mises en place.
La campagne de Harris soutient que ces dépenses seront compensées par une augmentation des impôts sur les grandes fortunes et les entreprises. Cependant, des interventions gouvernementales importantes sur le marché, telles que les restrictions sur les grandes entreprises ou les réformes fiscales, pourraient entraîner des distorsions et affecter l'efficacité économique.
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